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30 juin 2010 3 30 /06 /juin /2010 16:33


 



 

 

 

 

1. Les noms de Perséphone.



Perséphone (en grec : Persephoneia, Persephassa, Perephassa) est la fille de Zeus et de Déméter. Dans le cadre des mystères d’Eleusis, on lui donne aussi le nom de Coré. Ce nom, qui signifie « jeune fille », était le sien avant quelle ne soit enlevée par Hadès, ce nest que lorsquelle devint lépouse de ce dernier, quelle prit le nom de Perséphone. A Rome, Perséphone portait le nom de Proserpine, une ancienne divinité étrusque.

 

  1. Le rapt de Coré.


2.1. L’enlèvement.

 

Sans en informer Déméter, Zeus promit Coré-Perséphone à son frère Hadès. Aussi, un jour, alors que la jeune déesse cueillait des fleurs dans la plaine dEnna (Sicile), en compagnie des Océanides, elle aperçut un beau narcisse quelle voulut cueillir, mais au moment où elle sapprocha, la terre souvrit et Hadès apparut sur son char pour enlever sa nièce.

 

2.2. La vengeance de Déméter.

 

Lorsque Déméter apprit la disparition de sa fille, elle devint folle de douleur, dautant quelle ne savait pas ce qui lui était arrivé. Elle partit et, pendant neuf jours et neuf nuits, erra de par le monde pour la retrouver. Hélios (le Soleil), ému par sa douleur, lui apprit le nom du ravisseur de sa fille. Pour se venger de Zeus et dHadès, Déméter quitta lOlympe et cessa de faire fructifier la terre, mettant ainsi les mortels en péril.

 

  1.  
    1. La ruse d’Hadès.

 

Zeus demanda alors à Hermès de se rendre dans les Enfers pour tenter de fléchir Hadès, ramener Coré-Perséphone et la rendre à sa mère. Mais pour pouvoir la ramener du domaine dHadès, il était impératif quelle ny ait mangé aucune nourriture destinée aux morts, aussi Hadès sempressa-t-il de donner à la jeune déesse quelques grains de grenade (ou une grenade) quelle avala. Il espérait bien pouvoir tirer prétexte de cela pour garder Perséphone auprès de lui.

 

2.4. Un compromis saisonnier.

 

Hadès fut cependant dans lobligation daccepter le compromis suivant : Perséphone ne resterait avec lui que six mois par an et passerait lautre moitié de lannée auprès de sa mère Déméter (selon dautres sources : quatre mois par an dans les Enfers et les huit autres mois avec Déméter, sur la terre). La légende de cette déesse est liée à la culture du blé : la moitié de lannée passée par Perséphone dans les Enfers, correspond à la période durant laquelle les grains de blé sont enfouis dans le sol, soit lautomne et lhiver (Déméter refusant, durant labsence de sa fille, daccomplir son œuvre de déesse de la Fertilité) ; la période de la germination des grains correspond au retour du printemps et de lété, ainsi que le retour de Perséphone auprès de Déméter, dont les mystères dEleusis symbolisent le caractère sacré. Et c’est ainsi que Coré devint Perséphone, la Reine des Enfers, lépouse du terrible Hadès, la Souveraine des Ombres. A noter que les Enfers, du fait de leur caractère souterrain, sont à rapprocher symboliquement du sol dans lequel pousse les végétaux nourriciers. Le lien symbolique entre les Enfers souterrains et l’abondance agricole est donc clair.

 

3. Perséphone et Adonis.

 

Perséphone naurait pas eu denfants, même si certaines traditions en font la mère des Cabires ou encore des Erinyes. Mais lépisode le plus connu, est celui qui met en scène Adonis. Sans enfant, Perséphone se trouva quelque peu démunie dans le sombre royaume souterrain des Enfers. Aussi, Aphrodite lui proposa-t-elle délever le jeune Adonis quelle avait recueilli, proposition que Perséphone sempressa daccepter. Devenu adulte, Adonis lui apparut comme un beau jeune homme et Perséphone en tomba amoureuse. Aussi refusa-t-elle de le laisser partir. Un compromis assez semblable à celui qui avait scellé le sort de Perséphone elle-même, fut trouvé pour Adonis : ce dernier passerait une partie de lannée auprès dAphrodite et lautre partie auprès de Perséphone.

 

4. Visualisation.

 

Dans les œuvres dart, Perséphone apparaît sous les traits redoutables et infernaux que lui ont attribués les écrivains grecs. On la montre grande et sévère, assise sur un trône à côté dHadès. Parfois elle tient un flambeau ou encore un pavot, dont les vertus soporifiques symbolisent le sommeil annuel de la terre, dailleurs en partie assimilable à la mort. Perséphone est aussi représentée portant un sceptre ou un diadème, des épis de blé ou encore une grenade.

 

 

Eric TIMMERMANS.

Bruxelles, le 30 juin 2010.

 

 

Sources : Dictionnaire de la mythologie grecque et latine, Odile Gandon, Livre de Poche, 1996 / Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1998.

 

 

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26 avril 2010 1 26 /04 /avril /2010 20:39


 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f6/Aphrodite_Adonis_Louvre_MNB2109.jpg

 

 

 

 

 

 

 

1. Adonis-Adonaï, le Seigneur.

 

Le nom dAdonis vient du phénicien adon, ce qui signifie « Seigneur » (cf. adonaï, en hébreu). Le mythe dAdonis, divinité phénicienne, est originaire de Syrie. Il faut trouver son origine précise dans le port phénicien de Byblos (actuellement, Jubayl), sur lembouchure du fleuve Adonis. Ce mythe parvint finalement en Grèce, non sans avoir subi quelques modifications, en Egypte et à Chypre.

 

2. Adonis, un démon ?

 

Une certaine tradition judéo-chrétienne semble avoir assimilé Adonis à un démon susceptible de provoquer des incendies. Ainsi est-il parfois rapproché de Thamuz (ou Thamnuz, Tammouz), une autre divinité démonisée : « Thamnuz : Tammouz, dieu sumérien de la végétation, blessé par un sanglier et pleuré par des femmes, fut appelé Adoni en hébreu (Ezéchiel, VIII, 14) et devint lAdonis des Grecs. La boue rouge du fleuve Adonis était supposée être son sang. » (Le Paradis perdu, notes 26 en pages 356 et 357). Toujours dans le domaine démonologique, signalons aussi l’intervention totalement fantaisiste d’un certain démon « Adonisédech » qui, selon l’abbé Thorey, aurait, en 1866, possédé, avec une cohorte d’autres entités démoniaques, une dame du nom de Cantianille B. d’Auxerre.

 

3. Adonis dans la tradition hellénique.

 

Adonis est, dit-on, le fils dun roi de Chypre, nommé Cinyras, et de Myrrha (ou Smyrna). Myrrha sétait fait passer pour la reine afin, en le trompant à laide de lobscurité, de coucher avec son père, enivré au préalable par la propre nourrice de la fille incestueuse. Cette histoire nest pas sans rappeler la légende biblique des filles de Loth couchant avec leur père après lavoir enivré (Genèse 19 : 31-32). Myrrha sera finalement changée en arbre à myrrhe. Adonis est donc le fruit dune union incestueuse. Il fut recueilli par Aphrodite, dont Chypre est lîle, et confié à Perséphone qui finit par séprendre du jeune homme, provoquant la jalousie dAphrodite. Mais lamour que celle-ci portait à Adonis provoqua bientôt, aussi, la jalousie dArès (ou dApollon ou dArtémis, selon les versions). Aussi, le dieu de la Guerre décida-t-il denvoyer contre Adonis, un sanglier furieux qui le tua dun coup de boutoir dans laine. Cet épisode rappelle, dans le contexte de la mythologie celtique dIrlande, lhistoire de Grainné et Diarmaid, qui trouvera également la mort à loccasion dune chasse au sanglier. L’on peut également se référer à l’histoire de Tristan et Yseult. On dit que le sang dAdonis se changea en anémone qui est la première et éphémère fleur du printemps. On dit aussi que le sang dAphrodite qui sécoulait des écorchures quelle sétait fait en marchant parmi les ronces alors quelle recherchait Adonis, colora les roses blanches en rouge. En définitive, Zeus décida quAdonis séjournerait un tiers de lannée avec Perséphone, que pour un autre tiers il serait confié à Aphrodite et que pour le troisième tiers, il serait libre daller où bon lui semble. Selon une autre version du mythe, lorsqu’Adonis fut tué, sa compagne Salammbô parvint à le ressusciter, à l’instar d’Isis ressuscitant Osiris avec l’aide d’Anubis. On retrouve ici aussi une allégorie du rythme saisonnier et l’on pourrait évoquer, de même, l’histoire de Cybèle et d’Attis.

 

4. A savoir également.

 

4.1. Adonis symbolise le cycle de la végétation. En hiver, il descend dans le royaume dHadès rejoindre Perséphone. Au printemps, il revient sur terre, sunir à Aphrodite, pour finalement, en été, sépanouir et fructifier seul.

 

4.2. Théocrite a décrit les fêtes grandioses qui célébraient la tristesse de la mort et la joie de la résurrection dAdonis à Alexandrie. Ces fêtes se déroulaient aussi dans dautres villes. En Grèce, on célébrait les Adonies en lhonneur dAdonis et ces festivités duraient huit jours. A Rome, cest dans les jardins dAdonis, situés au nord du Palatin, que les femmes venaient pleurer la mort dAdonis.

 

4.3. Pour lanecdote, ajoutons quune plante utilisée pour réduire lhypertension artérielle, porte le nom dHerbe dAdonis, adonis vernalis.

 

5. Visualisation.

 

Les plus anciennes représentations dAdonis connues apparaissent sur des miroirs étrusques, de même que sur des vases, montrant notamment Aphrodite et Perséphone se tenant près du cercueil dAdonis. On connaît aussi une statue (Capoue, 4ème siècle avant lère chrétienne), de même que des peintures murales (Pompéi) et sur des peintures sur sarcophages romains, représentant Adonis.

 

 

Eric TIMMERMANS

 

Bruxelles, le 20 avril 2010.

 

Sources : Bible de Jérusalem, Cerf, 1998 / Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 (p. 157) / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1998 / Héliogabale et le sacre du soleil, Robert Turcan, Albin Michel, 1985 / Le Paradis perdu, John Milton, NRF/Gallimard, 2007 / Le Prince de ce monde, Nahema-Nepthys et Anubis, Editions Savoir pour Être, 1993.

 

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21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 06:48

Mitos y Leyendas - El Festín de Bricriu













 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1. Bricriu « à la langue empoisonnée ».

 

Dit Neimhtheanga (=A la langue empoisonnée), Bricriu apparaît comme une figure malfaisante de la tradition celtique dIrlande, comme un infatigable fauteur de troubles. Il nest pas sans rappeler le personnage de Loki dans la mythologie nordique ou encore le sénéchal Keu (ou Kai) dans la légende arthurienne.

 

2. Bricriu dans les récits irlandais..

 

2.1. Dans la première version du récit de la Naissance de Cûchulainn, Bricriu est, avec Conall Cernach, lun des éclaireurs envoyés à la recherche dun logement par le roi dUlster Conchobar. La nuit et la neige se sont abattues soudainement alors que les Ulates (=gens dUlster, province septentrionale de lIrlande) étaient à la poursuite doiseaux féériques. Bricriu et Conall trouvent finalement une femme en train daccoucher et Dechtiré, sœur de Conchobar, lui vient en aide : ce sera la première naissance du célèbre héros dUlster, Cûchulainn. Dans la seconde version de ce récit, alors que les Ulates sont dans une maison en train de festoyer et de senivrer, Bricriu entend une musique à lextérieur et sort afin de voir ce qui se passe. Il découvre une autre maison dans laquelle se tient un jeune homme assis sur un trône de cristal : ce jeune homme nest autre que le dieu Lug lui-même. Le dieu retient Dechtiré et les cinquante femmes avec lesquelles elle sétait enfuie. Lorsque Bricriu fait son rapport à Conchobar, il omet volontairement dévoquer Dechtiré, se contentant de parler dun homme et de nombreuses et belles femmes, dans le seul but de susciter la convoitise du roi et de toucher de lui une récompense substantielle pour lapport de cette bonne nouvelle. Cest ainsi que Conchobar finira par coucher avec sa sœur Dechtiré qui donnera naissance, comme on lapprendra plus tard, au petit Setanta, le futur Cûchulainn.

 

2.2. Dans le récit du Festin de Bricriu, on apprend que Bricriu est surnommé « à la langue empoisonnée » parce quil singénie sans cesse à pousser les uns contre les autres ceux quil invite à ses festins. Pour ce nouveau festin donc, Bricriu ne recule devant aucun sacrifice et va jusquà bâtir une maison pour ses invités. Mais ceux-ci se méfient et hésitent à venir, à tel point que Bricriu se voit obligé de les menacer dun geis (maléfice, tabou) pour les convaincre. Bien quétroitement surveillé par des hommes en armes, Bricriu parvient, au cours de la réception, à dresser lun contre lautre trois des principaux héros dUlster : Loégairé, Conall et Cûchulainn. Il les incite, en effet, à réclamer le « morceau du héros », soit la meilleure part dun cochon qui doit revenir au plus grand guerrier. Mais le roi Conchobar et le druide Sencha parviennent néanmoins à calmer les esprits. Bricriu tente alors de dresser les unes contre les autres les épouses des trois héros, en les poussant à réclamer toutes les trois lhonneur dentrer la première dans la maison. Elles saffrontent finalement dans un concours de poèmes à la gloire de leurs époux respectifs, mais Cûchulainn trouve le moyen de forcer un passage pour sa femme en soulevant la maison construite par Bricriu. Celui-ci, qui observait le spectacle dune chambre située à létage, est projeté sur un tas de fumier et proteste parce quon lui a abîmé sa maison. Cûchulainn répare les dégâts, puis, accompagné de Loégairé et de Conall, sen va affronter un géant. Cûchulainn, seul, sort vainqueur de lépreuve et Bricriu doit lui attribuer le « morceau du héros ». Ce jugement est contesté par Loégairé et Conall. Sen suit une série dépreuves toutes remportées par Cûchulainn. Par prudence, on décidera, en définitive, quà lavenir on sabstiendrait daccorder le « morceau du héros » à quiconque, afin déviter dinutiles querelles.

 

2.3. Dans le récit de Livresse des Ulates, les Ulates doivent se rendre de chez Fintan jusquà chez Cûchulainn, mais comme ils sont complètement ivres, ils finissent par ségarer. La neige commence à tomber et Bricriu, comme à son habitude, se plaint et maudit les Ulates. Ils sont finalement faits prisonniers par la reine de Connaught, Medb, qui les fait enfermer dans une maison de fer que lon fait chauffer à blanc. Bricriu rejette la faute de cette situation sur Cûchulainn qui, vexé, rentre dans une terrible fureur guerrière qui lui est bien particulière et libère ses compagnons. Il est dit aussi que Bricriu organisa une rencontre entre Fliodhais, épouse dAilill Fionn, roi dErris, et le héros dUlster, Fearghus mac Roich (Fergus) que seules sept femmes, dit-on, peuvent satisfaire. Le coup de foudre qui résulta de cette rencontre, amena Fearghus à envahir Erris.

 

Eric TIMMERMANS

Bruxelles, le 20 avril 2010.

 

Sources : Lépopée celtique dIrlande, Jean Markale, Petite Bibliothèque Payot, 1971 / Nouveau dictionnaire de mythologie celtique, Jean Markale, Pygmalion, 1999.

 

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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 19:04

 

 


 

 

 

1. Indra, un Zeus védique.

 

Indra, fils de Dyaus et de Prithivi, est le roi des Deva (=dieux). Il est le Souverain céleste, le Maître du Ciel. On dit de lui qu « il est fait de tous les dieux réunis. Cest pourquoi il est le plus grand » (Avyakta Upanishad, 5, 1). Indra incarne littéralement la puissance divine. La Kena Upanishad (III) fait dIndra le premier témoin de la Réalité ultime, le Brahman apparu sous la forme dun brin dherbe quAgni (=le Feu) ne peut consumer et que Vayû (=le Vent) ne peut déraciner. Cest de la déesse Umâ quIndra obtiendra la révélation de la nature de la Conscience universelle. Dieu omniprésent dans la création de la vie sous toutes ses formes et dans tous les plans dexistence, que ce soit sur la Terre ou dans le Cosmos, Indra est souvent comparé à Zeus-Jupiter, dont il partage le principal attribut : le foudre. De fait, linstar dAgni, Indra apparaît comme lune des cinq formes naturelles du feu, celle de la puissance de la foudre, de lénergie électrique. Nommé le « Lanceur dEclairs », Indra est aussi parfois assimilé à un dieu de lOrage, du moins sous la forme divine atténuée qui sera la sienne à la période classique. Il semble que lon assimile aussi parfois Indra à Surya (=le Soleil). Indra est, en outre, invoqué dans près dun quart des hymnes du Rig Veda.

 

2. Un dieu guerrier.

 

2.1. Indra apparaît aussi et surtout comme le grand guerrier du panthéon védique. Il a, en outre, le pouvoir de ressusciter les guerriers tombés au combat. « Toujours jeune, Indra incarne les vertus de la jeunesse, l’héroïsme, la générosité, l’exubérance. Son attitude est celle de l’action, du service, mais il est aussi partisan de l’usage de la force qui mène au pouvoir, à la victoire, au butin. Il conduit les guerriers et les protège de sa foudre, et de son arc, l’arc-en-ciel. » (Daniélou).

 

2.2. Combattant des forces obscures, il est dit dIndra quil surpasse en valeur Vala, le démon de lObscurité, par les seuls pouvoirs du Verbe un hymne- appuyé par un rituel.

 

2.3. Le Veda rappelle également qu’Indra a vaincu et annihilé le dragon (ou serpent Vritra), et que par ce geste, le dieu -aidé par Vishnu, selon une version vraisemblablement tardive de ce récit- a donné forme au Chaos et a déclenché le processus de différenciation des phénomènes et de leur évolution (séparation de la terre et des eaux, des régions supérieures et des enfers…). Depuis, chaque matin, avec le soleil, la création se renouvelle.

 

2.4. Selon une certaine tradition, Indra aurait vaincu Krishna désigné, dans ce cas, comme un Asura, un démon, un anti-dieu. De fait, un hymne védique assure quIndra massacra 50.000 « krishna », nom qui désigne peut-être, dans ce cas, nom une démultiplication du dieu Krishna, avatar de Vishnu, mais des populations au teint sombre de la vallée indo-gangétique, assimilées aux Drâvida (=Dravidiens) ou aux Munda. Il sagirait donc là dune transposition dun combat qui aurait opposé les Aryas indo-européens aux Drâvida ou/et aux Munda. Cette thèse se révèle toutefois assez hypothétique.

 

3. Les noms dIndra

 

3.1. Un rapprochement étymologique fait dIndra le radical du mot Indriyam qui signifie organe des sens. Les outils sensoriels dont lhomme dispose, sont donc le transfert des pouvoirs du dieu Indra.

 

3.2. On trouve aussi le nom dIndra présent dans des composés pour marquer la suprématie du récipiendaire : Narendra (lIndra des Hommes), Gajendra (lIndra des Eléphants)...

 

3.4. On nomme également Indra, Shakra (=le Puissant).

 

3.5. Indra est aussi nommé Purandara, pour indiquer son rôle de Souverain des dieux.

 

3.6. A noter que l’on nomme Indrajâla ou Indrajalam, l’art magique, le travail du magicien.

 

4. De Varuna-Ouranos à Indra-Zeus ?

 

Lorsque Varuna, qui fut aussi souverain des dieux, a commencé à perdre de sa toute-puissance, Indra sest progressivement substitué à lui en tant que Maître du Ciel, dieu du Firmament. Ainsi, les récits qui se rapportent à Indra concernent sa naissance et ses premiers exploits avec Varuna. Face à ce dernier, Indra incarne le pouvoir divin immédiat, actif, balayant ses ennemis démoniaques avec sa foudre ou soutenant les Aryas dans les batailles quils mènent. Il est dit aussi que si Indra est le gardien de lEst, Varuna, lui, apparaît comme le gardien de lOuest. Le rapprochement entre Varuna et Ouranos a, certes, été facilité par lévidente parenté étymologique, et la succession de Varuna, en tant que souverain des dieux, assurée par Indra, a aussi favorisé lassimilation de ce dernier à Zeus (petit-fils dOuranos dans la tradition hellénique). Toutefois, selon certains spécialistes, la pure assimilation dIndra avec Zeus et de Varuna avec Ouranos, serait hasardeuse, voire simpliste. Nous laisserons aux experts le soin de trancher cette question.

 

5. Visualisation.

 

On décrit Indra comme gigantesque et redoutable, le teint rougeâtre, les cheveux fauves et le ventre distendu par labsorption de la liqueur Soma. Il tient dans ses quatre mains (parfois deux) diverses armes (vajra, la foudre façonnée par Tvashtri, mais également dautres armes telles quun arc, un filet ou un crochet destiné à capturer ses ennemis) avec lesquelles il mène le combat contre les Asura. Il est parfois représenté les yeux bandés ou encore avec une fleur de lotus. Le foudre (vajra) nen constitue pas moins son principal attribut. Indra a pour monture un éléphant blanc à quatre (ou six) défenses que lon nomme Airavata. Mais on représente aussi parfois Indra monté sur un char scintillant tiré par deux chevaux bruns.

 

6. Le Soma.

 

Indra est, en effet, connu pour son goût immodéré de lenivrant Soma, boisson indispensable aux rites sacrificiels védiques. Lorsquil a bu, Indra devient gigantesque et emplit le Ciel et la Terre. Son ventre est comme un lac immense. Il est alors capable de susciter le lever du soleil et daccomplir de hauts faits.

 

7. Libation de Midi en l’honneur d’Indra (Atharva Veda, 7, 72).

 

Levez-vous, ô Dieux, contemplez d’en haut

La part rituelle d’Indra,

Soit que vous versiez la libation cuite,

Soit que vous vous enivriez de la crue.

 

La libation est cuite : approche-t-en, ô Indra ;

Le soleil a atteint le milieu de sa route.

Autour de toi s’assoient tes amis avec leurs trésors,

Comme des chefs de famille autour du chef de la tribu.

 

Il est cuit, je pense, dans la mamelle, cuit au feu,

Il est bien cuit, ce service divin que je célèbre :

Le petit-lait du pressurage de midi,

Bois-en, ô toi qu’arme la foudre, et agrée-le

En accomplissant de nombreux exploits.

 

8. Swarga, le Paradis dIndra.

 

Le paradis dIndra se situe sur le mont Meru. Plus précisément, le domaine dIndra et de son épouse Indrâni, se trouvent à Swarga, un morceau de Ciel entouré de nuages qui tourne autour du sommet du mont Meru. Swarga peut se déplacer nimporte où selon les instructions dIndra. Là, à Swarga, Indra et Indrâni assistent aux danses des Apsaras et des Gandharvas. Si Indrâni est généralement considérée comme lépouse dIndra, la littérature védique reprend également parfois le nom de Sitâ, épouse de Rama-Vishnu dans le Ramayana.

 

9. Le compagnon du Vent.

 

A noter aussi que dans le Bhâgavata Purâna, il est dit que cest Vâyu (=le Vent) qui décapita le mont Meru par la puissance de ses bourrasques et que cest ainsi que le sommet de cette montagne devint lîle de Lankâ. De fait, de par sa nature, Indra est un proche compagnon de Vâyu, le dieu du Vent, avec lequel il partage la souveraineté dans le domaine aérien. Ainsi dit-on aussi que les Marut (les Vents) constituent les compagnons d’Indra auxquels celui-ci commande. Le nombre des Marut varie (11, 20...) mais on en compte généralement 49. Ils sont les gardiens du Soma, la boisson de prédilection d’Indra. Il est dit aussi que les Marut naquirent du ventre de Ditî après qu’Indra eut divisé l’embryon qu’elle portait en sept parties et chacune de celles-ci en sept autres. Ditî voulait donner naissance à un fils capable de vaincre Indra et voilà pourquoi celui-ci les subdivisa. On dit aussi, plus généralement, que les huit Vasu, qui personnifient les phénomènes naturels, sont les assistants d’Indra.

 

10. Un dieu de la Pluie.

 

Si à l’époque des Veda, Indra est un dieu guerrier particulièrement populaire, il perdra plus tard beaucoup de son aura (notamment au profit de Vishnu), l’hindouisme tardif ne considérant plus ce dieu comme un modèle de l’éthique guerrière. On va jusqu’à lui reprocher la manière dont il a tué le serpent Vritra et l’on ajoute même que Vritra était en réalité un brahman, le meurtre d’un brahman étant jugé abominable. On dit encore que c’est par traîtrise qu’Indra aurait eu raison de Namuci. Ce dernier avait arraché à Indra la promesse de n’être tué ni de jour ni de nuit, ni par de l’humide ni par du sec. Aussi Indra lui trancha-t-il la tête au crépuscule avec de l’écume qui ne s’avéra ni humide ni sèche. On accuse aussi Indra d’avoir tué son demi-frère, Trishiras et qu’il aurait séduit Ahalya, l’épouse de Siddharta Gautama, le Bouddha. Désormais présenté comme traître, fratricide et adultère, Indra sera nommé « Trois Fois Pécheur » par les Purana et se verra ravalé, à la période classique, au rang de dieu de la Pluie. Le Mahabharata, qui présente le héros Arjuna comme le fils spirituel d’Indra, conte aussi comment la vache Surabhi obtînt d’Indra qu’il fasse pleuvoir averse afin de contraindre des paysans sans scrupules d’arrêter de maltraiter un taurillon. Le foudre ou vajra, à l’origine attribut martial de l’ancien souverain céleste védique, ne sera plus, désormais, avec le tonnerre, qu’un simple annonciateur de la pluie. On voit aussi la déesse Shri, associée à Vishnu dans des récits tardifs, également associée à Indra dans des mythes qui content que c’est en s’asseyant près d’Indra que Shri, déesse de la Fertilité, encourage le dieu à déverser des pluies abondantes afin de favoriser les récoltes.

 

11. Indra, un dieu en perte d’influence.

 

Indra va donc perdre de son aura et de son influence, notamment au profit de Vishnu et de ses avatars. Plusieurs histoires donnent d’ailleurs désormais de lui une image de vaincu, de divinité impuissante.

 

Ainsi est-il dit que dans lâge de Vertu nommé Tretâ-Yuga, il arriva quIndra fut vaincu par le roi Bali, celui-ci, par ses austérités, parvenant à étendre son empire sur les trois mondes de lŒuf cosmique. Ceci suscita lintervention de Vishnu sous la forme du nain Vâmana. A noter toutefois que dans une version shivaïte dune histoire assez semblable, par certains aspects, à celle de Bali, les dieux sirritent de voir la puissance du roi Sâgara grandir sans cesse, car son armée conquiert tous les territoires foulés par un cheval qui devra, après un an, être livré au sacrifice. Indra décide alors denlever le cheval et de le cacher dans une fosse si profonde quelle correspond à lOcéan à sec. Cest le début dune histoire qui aboutira à la création du Gange sur terre. Dans ce cas, l’action d’Indra est présentée de manière plus positive.

 

Mais il est dit aussi quIndra fut vaincu par le démon Râvana et amené sur lîle de Lanka par Indrajit (=Celui qui est englouti dans la bataille). Cest à l’occasion de cet échec face à Râvana quIndra rencontra un paon. Voyant Indra courir rapidement, le paon lui demanda la raison de cette fuite. Indra lui répondit que le démon Râvana était à ses trousses et que, malgré ses armes, il préférait ne pas sexposer inutilement. Lorsque Râvana déboula, le paon déploya rapidement sa queue, cachant Indra, et le démon passa sans voir le dieu. A cette époque, les paons mâles étaient aussi ternes que les femelles, seule la longueur de la queue les distinguait. Aussi, pour remercier loiseau, Indra lui offrit des plumes aux couleurs merveilleuses que nous lui connaissons. On dit également que le paon devînt le héraut dIndra et que son cri perçant annonce lorage.

Il est dit aussi que Râma, avatar de Vishnu et vainqueur du démon Râvana, est le dépositaire des armes dIndra, de même que de son char et quil reçoit lassistance de son cocher. Sîta, reprise comme épouse dIndra dans la littérature védique, est devenue lépouse de Râma dans le Ramayana. Enfin, le combat de Râma contre Valin, le roi des singes usurpateur, rappelle le combat dIndra contre Namuci.

 

On voit donc bien quIndra sefface peu à peu devant Vishnu et ses avatars.

 

12. Indra au pays des Kuru.

 

12.1. La Tradition rapporte que Kuru émit le vœu que tous les hommes qui mourraient sur la terre de Kurukshetra soient automatiquement admis dans le séjour céleste. Il paraît que ce vœu aurait fait rire Indra mais que le dieu aurait finalement accepté la demande de Kuru. Mais les autres dieux se récrièrent, prétendant quil nétait pas possible dentrer dans le séjour divin sans avoir auparavant offert des sacrifices. Alors Indra dit quiraient directement en son paradis tous ceux qui termineraient leur vie sur la terre du Kurukshetra alors quils seraient en prière ou tués durant la bataille.

 

12.2. Indraprashtha (ou Indrasthâna) est lune des capitales du pays des Kuru (Kurukshtra). Située dans la banlieue sud de lactuelle Delhi (aujourdhui, Indrapat), entre lancien fort de Fîrûzâbâd et la tombe de Humâyûn, elle fut également appelée Brihatsthalâ, la Brillante, du temps où Yudishthira en était le souverain. La cité changea souvent de place, sans doute en raison des débordements de la Yamunâ, et fut plusieurs fois abandonnée et reconstruite. Selon le Padma-purâna, son nom viendrait de ce quIndra aurait fait à cet endroit, sur la rive droite de la Yamunâ, plusieurs sacrifices et offert des présents aux brahmanes en présence de Vishnu-Nârâyana. La Tradition rapporte que Krishna –un autre avatar de Vishnu- lui-même aurait alors demandé à Vishvakarma de bâtir Indraprashta à limage dAmarâvatî, la capitale céleste dIndra sur le mont Meru. Il est dit que Cette cité fut équipée darmes formidables, appelées Shataghnî, capables de tuer mille guerriers à la fois, de mécanismes divers et darmes de fer semblables à de grandes roues. Lorsquil envisagea de diviser son royaume en deux pour sauver la paix, le roi Dhritarâshtra donna aux Pândava le pays dIndraprashta. Il est dit quun bain pris à Indrapat, dans les eaux de la Yamunâ, apporte aux fidèles de nombreux bienfaits.

 

13. Indra dans le bouddhisme.

 

13.1. L’un des trois bodhisattvas du lamaïsme, souvent représenté sous une forme terrible, est nommé Vajrapani, soit le « Porteur du Vajra ». Son nom tibétain est Chanag Dorjé. Il s’agit d’une métamorphose bouddhique du dieu védique Indra. Le serpent, symbolisant l’eau et la fertilité, est son attribut.

 

13.2. Dans la tradition ceylanaise (Sri Lanka), il est dit que le souverain des dieux, nommé Sakka mais que l’on peut vraisemblablement apparenter à Indra, se tenait au chevet du Bouddha lorsqu’il fut informé par ce dernier que Vijaya avait débarqué dans l’île, identifiée à l’actuel Sri Lanka, avec 700 combattants et qu’il devait le protéger, de même que l’île elle-même, afin que le bouddhisme puisse s’y établir. Sakka-Indra chargea alors Upulvan-Varuna de protéger l’île.

 

 

Eric TIMMERMANS

Bruxelles, le 19 avril 2010.

 

 

Indra

Sources : Lempreinte sacrée du Bouddha, E.F.C. Ludowyk, Plon, 1958 / Les Cinq Livres de la Sagesse Pancatantra, Alain Porte, Editions Philippe Picquier / Le Védisme. Léveil de la spiritualité indienne. Bernard Baudouin, Editions de Vecchi, 1997 / LInde mystique et légendaire, Louis Frederic, Editions du Rocher, 1994.

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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 17:40

 

 

 

 

1. Cerbère dans la tradition gréco-latine.

 

Perçu comme un démon infernal par le christianisme, comme nous allons le voir, Cerbère (Cerberus, en latin, Kerberos, en grec) est, comme on le sait, issu de la mythologie gréco-latine. Il a pour parents Typhon (que les Grecs ont assimilé au dieu égyptien Seth) et Echidna. Le premier est un monstre effrayant dont le corps est couvert d’écailles et dont les cent gueules vomissent du feu. Quant à Echidna, il s’agit d’une femme-serpent. Leur rejeton, Cerbère, revêt, quant à lui, l’aspect d’un chien monstrueux qui garde l’entrée et la sortie des Enfers (ceux-ci, rappelons-le, n’ayant pas la même signification que l’Enfer judéo-chrétien indissociable de l’idée de damnation et de peines éternelles), un antre situé au bord du Styx. Sa morsure est venimeuse. Il est dit que Cerbère permet aux ombres des morts d’entrer dans les Enfers, mais point d’en sortir. Quant aux mortels qui tenteraient de pénétrer dans le royaume des morts, ils seraient impitoyablement déchiquetés. Certains d’entre eux, toutefois, sont parvenus à tromper ou à vaincre le chien infernal : Orphée (qui le charma à l’aide de sa lyre), Déiphobé, la Sibylle de Cumes, Psyché, Héraklès. A noter, cependant, que dans l’Antiquité (Properce, 47-15 avant l’ère chrétienne), il est dit que, durant la nuit, les âmes de morts sont libérées et vont à l’aventure, de par le monde, Cerbère faisant de même. Mais lorsque le jour approche, tous retournent vers le Léthé.

 

2. Visualisation.

 

Cerbère possède cinquante (Hésiode) ou cent (Horace) têtes, mais on le représente généralement sous une forme tricéphale, le dos (ou le cou) couvert de serpents venimeux, doté d’une queue de dragon ou de serpent, et, parfois, de griffes de lion. En outre, Grecs et Romains représentaient aussi le dieu égyptien à tête de canidé, Anubis, sous les traits de Cerbère (Virgile).

 

3. Cerbère en démonologie.

 

3.1. Les démonologues de la Renaissance firent de Cerbère, chien infernal de la tradition hellénique, un démon que lon conjurait au cours de séances dexorcisme.

 

3.2. En 1565, le nom de Cerbère apparaît dans le cas de possession dune femme du pays de Laon. Il possède ladite femme au côté dAstaroth, Légion et Belzébuth. Dans la même affaire, lon dit encore de Cerbère quil est capable dévoluer tant sur terre que dans leau et les airs, et quil est un démon très pernicieux.

 

3.3. Jean Wier, dans sa Pseudomonarchia daemonum lassimile à un certain Nabérus ou Nébiros désigné comme « maréchal de camp de lEnfer » et décrit de la manière suivante : « marquis du sombre empire et inspecteur général des armées. Il se montre sous la figure dun corbeau ; sa voix est rauque ; il donne léloquence, lamabilité et enseigne les arts libéraux. Il fait trouver la main de gloire ; il indique les qualités des métaux, des végétaux, et de tous les animaux purs et impurs ; lun des chefs des nécromanciens, il prédit lavenir. Il commande à dix-neuf légions. » La référence au corbeau peut surprendre, mais il est dit, en effet, en démonologie, que Cerbère, sous sa forme démoniaque, apparaît non-seulement sous la forme dun chien tricéphale aux dents noires et à la morsure mortelle, mais également sous celle dun corbeau.

 

3.4. Cerbère apparaît aussi dans laffaire de Loudun (1632-1634) sous le nom de Cèrebère des Principautés. Il est, dit-on, le démon qui posséda Jeanne De Barbesier. Il était placé sous le cœur et son signe de sortie sera délever Jeanne de deux pieds de haut. Cèrebère obsèda également, dans cette même affaire, sœur Angélique.

 

3.5. Dante (1265-1321) lévoque dans la Divine comédie (Enfer, chant 6) : « Cerbère, bête cruelle et monstrueuse, aboie de ses trois gueules de chien contre les damnés qui sont là submergés ; il a les yeux rouges, les poils noirs et gras, le ventre large et les pattes garnies de griffes ; il écorche les esprits, les déchire et les écartèle. La pluie les fait hurler comme des chiens ; les misérables damnés se font les uns aux autres un rempart de leurs flancs et se retournent sans cesse. Dès quil nous aperçut, Cerbère, ce grand ver [cerbero il gran vermo], ouvrit ses gueules et nous montra ses défenses ; il navait pas un membre qui ne fut agité. Alors mon guide ouvrit les mains, prit de la terre, et à pleines poignées la jeta dans les gorges avides de la bête. Tel un chien se débat en aboyant et sapaise dès quil mord sa pâture, tout occupé de la dévorer à lécart ; tel le démon Cerbère ferma ses mâchoires impures qui étourdissent si fort les âmes, quelles voudraient être sourdes. »

 

3.6. En 1580, une certaine Marie Martin, après avoir été confrontée à un prétendu « surintendant du sabbat » fut jugée et condamnée par les juges de Montdidier (Somme, Picardie, France) pour avoir confectionné, avec les os des morts du cimetière de Neuville-le-Roi, une « poudre noire » permettant de faire périr ou languir ses ennemis. Elle confectionnait cette poudre, prétendit-on, en brûlant lesdits os et en invoquant laide dun « malin esprit » nommé Cerberus. Marie Martin fut condamnée à la pendaison.

 

4. Cerbère en astronomie.

 

4.1. Une constellation boréale porte le nom de Cerbère. Elle comprend quatre étoiles entourant une étoile centrale appelée la « main dHercule » (Hercule/Héraclès, lors de ses célèbres Douze Travaux, avait effectivement en partie étouffé Cerbère).

 

4.2. Sur la planète Mars existent des fractures dans le sol qui portent le nom de « Fosses de Cerbère » (Cerberus Fossae). Cest par ces fosses que se serait produite jadis lénorme inondation qui serait à lorigine de la mer gelée découverte en février 2005 sur cette planète par la sonde européenne Mars Express.

 

http://a10.idata.over-blog.com/2/45/75/05/VisuelsDivers/Hades_With_Cerberus.jpg

Eric TIMMERMANS

Bruxelles, le 15 avril 2010.

 

 

Sources : Chasses fantastiques et cohortes de la nuit au moyen âge, Claude Lecouteux, Imago, 1999 / Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 (dont p. 618) / Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997 / Le Prince de ce monde, Nahema-Nephtys et Anubis, Editions Savoir pour Être, 1993 / Livre des superstitions, Eloïse Mozzani, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1995 / Œuvres de Dante Alighieri, La Divine comédie : traduction A. Brizeux, Charpentier Libraire-Editeur, 1853.

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 15:17

KUKULCAN, LE SERPENT A PLUMES DES MAYAS

 





 

 

 

 

 

 

1. Kukulcan.

 

1.1. Le Serpent à plumes maya.

 

Kukulcan signifie « Serpent à Plumes ». Il est léquivalent, chez les Mayas du Yucatan, du dieu aztèque Quetzalcoatl. Ainsi le représente-t-on sous les traits d’un serpent fabuleux couvert de plumes. Il semble quon lui donne également le nom dEhecatl.

 

1.2. Un dieu d’origine toltèque ?

 

Kukulcan nest pas un dieu originellement maya. Il a été importé au Yucatan des Hauts Plateaux centraux par les Itza-Putuns et les Toltèques. Aussi le trouve-t-on bien représenté durant la période « Maya-Toltèque » (vers l’an 1000). De fait, il est dit que ce sont les Toltèques qui, avec Kukulcan, on apporté en pays maya le polythéisme, les sacrifices humains, les « auto-sacrifices », les autoportraits d’immolation et les grandes manifestations religieuses effectuées avec splendeur et majesté.

 

1.3. Le culte de Kukulcan : un aspect politique.

 

A Chichen Itza, plusieurs bâtiments sont liés à ce dieu, notamment le Temple des Guerriers, lobservatoire astronomique ou encore la pyramide principale dite de Kukulcan. De même, à Mayapan (capitale politique des Mayas du Yucatan de la fin des années 1220 aux années 1440), le « Castillo » est nommé temple de Kukulcan ; celui-ci apparaît comme un bâtiment dynastique.

 

« Pour la fête donnée à Kukulcan, qui originellement avait lieu à Mayapan jusquà la destruction de cette cité, les provinces envoyaient à tour de rôle tous les deux ans, ou toutes en même temps, cinq magnifiques bannières de plumes à Mani. Le 16 du mois Xul, sy réunissaient les seigneurs et les prêtres, accompagnés dune foule considérable venue des villages, et qui avait préalablement jeûné et fait abstinence. Vers le soir on se rendait en procession, à laquelle participaient des bouffons, au temple de Kukulcan ; on dressait les bannières au sommet du temple, et dans la cour, au pied de la pyramide, les gens disposaient leurs propres idoles sur un lit de feuilles. On allumait le feu nouveau, on brûlait de lencens, et lon offrait des nourritures. Les seigneurs restaient là cinq jours et cinq nuits en dévotions, et pendant ce temps les bouffons allaient de maison en maison recueillir les dons quon leur offrait. Ces offrandes étaient ensuite distribuées aux seigneurs, prêtres et danseurs, qui retournaient chez eux avec leurs bannières et leurs idoles. » (Baudez)

 

Cette fête religieuse comportait donc un aspect politique, lapport des bannières et des idoles étant, vraisemblablement, un hommage rendu par des vassaux à leurs seigneurs. En outre, il est dit que les rois mayas du Yucatan, nommés « Cocomes », prétendaient descendre de Kukulcan. Au lendemain de la destruction de Mayapan (vers 1440), toutefois, le culte de Kukulcan devait prendre le pas sur la manifestation politique.

 

1.4. Le dieu de la planète Vénus.

 

Kukulcan apparaît comme le dieu de la planète Vénus. L’expression Iqo Gih (Lune-Matin ou Lune-Soleil) semble désigner dans ce cas, tant l’ « étoile du soir » (Vesper chez les Romains) que l’ « étoile du matin » (Lucifer chez les Romains). En tant qu’Etoile du Matin, Kukulcan annonça la première aube et la venue du Soleil. Ce rôle lui resta par la suite.

 

Dans le Popol Vuh il est écrit que « sabstenant de manger jusquà la venue de la première aube, les Quichés se retournent souvent pour diriger leurs regards vers lorient (cest-à-dire vers Tulan Zuiva), puis ils arrivent un jour sur le mont Hacauitz, où se lève enfin laurore tant attendue. Brûlant joyeusement de lencens pour fêter cet événement mémorable, les Quichés pleurent de joie en contemplant lapparition de létoile du matin, puis ils observent avec ravissement le premier lever de soleil :

 

Quand il se manifesta, le Soleil était semblable à un homme. Sa face brûlante sécha la surface de la Terre, qui était fangeuse avant sa venue. Et quand il commença à sélever au-dessus de lhorizon, le Soleil ressemblait encore à un homme ; sa chaleur, à cet instant, était insupportable. » (Taube)

 

Ainsi, les premiers hommes assistèrent-ils au premier lever de soleil et immédiatement les dieux des Quichés se transformèrent en pierre. Tel serait à jamais leur aspect après cette aube originelle. Les hommes ne cessèrent plus, dès lors, dattendre et despérer, chaque matin, le retour du soleil.

 

« Que la germination se fasse, que laube se fasse. » Ainsi parlaient-ils lorsquils regardaient, lorsquils invoquaient le retour de laube, là où le soleil se lève, en contemplant Lune-Soleil, la grande étoile qui avant le lever du soleil illumine au ciel sur la terre, le chemin des hommes construits, des hommes formés. » (Raynaud)

 

Kukulcan est également perçu comme un dieu du Vent et, en tant que tel, soulève les sables avant les pluies dont Kukulcan est ainsi l’annonciateur.

 

1.5. Kukulcan : visualisation et attributs.

 

1.5.1. Dans les codex, Kukulcan est représenté comme un être doté dun nez en forme de trompe très caractéristique, ses dents et sa langue apparaissant hors de la bouche. Sa tête apparaît latéralement et un « T » apparaît dans son œil.

 

1.5.2. On représente parfois Kukulcan tenant un feu dans ses mains, assis dans leau ou pensant sous la pluie, ou encore en train de pagayer dans un canoë.

 

1.5.3. Son signe est le jour Caban (=terre). Il est également représenté par le signe du jour Ik.

 

1.5.4. Kukulcan est associé aux couleurs des quatre éléments : Jaune (Air) / Rouge (Feu) / Blanc (Eau) /. Noir (Mort ?).

 

2. Gucumatz.

 

Gucumatz est un autre nom de Kukulcan. Ce nom se retrouve dans le Popol Vuh associé à l’image d’un serpent à plumes Gucumatz était ainsi nommé par les Mayas quichés et cakchiquels des Hautes Terres. Mais sil est prépondérant dans les mythes et les légendes des Mayas postclassiques, Gucumatz-Kukulcan est pratiquement absent des inscriptions et des œuvres dart de lépoque classique.

 

« Voici le récit de comment tout était en suspens, tout calme, tout immobile, tout paisible, tout silencieux, tout vide, au ciel, sur la terre. Voici la première histoire, la première description. Il ny avait pas un homme, un animal, oiseau, poisson, écrevisse, bois, pierre, caverne, ravin, herbe, forêt. Seul le ciel était. La face de la terre napparaissait pas ; seuls étaient la mer illimitée, tout lespace du ciel. Il ny avait rien dassemblé, de joint. Tout était invisible, tout était immobile dans le ciel. Il nexistait rien dédifié. Seulement leau limitée, seulement la mer calme, seule, limitée. Il nexistait rien. Seulement limmobilité, le silence, dans les ténèbres, dans la nuit. Seuls les Constructeurs, les Formateurs, les Dominateurs, les Puissants du Ciel, les Enfanteurs, les Engendreurs, étaient sur leau, lumière épandue. (Leurs symboles) étaient enveloppés dans les plumes, les vertes ; leur nom (graphique) était donc Serpents Emplumés. Ce sont de grands Sages. Ainsi est le ciel, sont aussi les Esprits du Ciel ; tels sont, dit-on, les noms des dieux. » (Raynaud)

 

Ainsi apparaissait lunivers, à lorigine, que lon trouve dans le Popol Vuh, et nous reconnaissons ici le terme de « Serpents Emplumés » qui renvoie au Gucumatz-Kukulcan maya et au Quetzalcoatl aztèque.

 

« Gucumatz, le Serpent Emplumé, est lové sous ces eaux, entouré de plumes vertes et bleues aux reflets chatoyants, tandis que dans ces espaces célestes vit Cœur du Ciel, divinité également nommée Huracan qui se manifeste par « trois formes déclair ». » (Taube)

 

Ce sont ces deux créateurs, Gucumatz et Huracan qui, par la suite, créeront les animaux, les hommes dargile et, après sêtre adressés aux devins Ixpiyacoc et Ixmucane, les hommes de bois, qui devront finalement être détruits. Après lépopée des jumeaux héroïques Hunahpu et Ixbalanque, Gucumatz et Huracan ordonneront à quatre animaux un renard, un coyote, une perruche et un corbeau- de rapporter des épis de maïs jaunes et blancs que la vielle Ixmucane moudra en une fine farine avec laquelle sera façonnée lhumanité actuelle. Par la suite, Gucumatz et Huracan, inquiets de voir cette nouvelle humanité trop savante (encore et toujours la peur de la Connaissance libératrice, à moins qu’il ne s’agisse, purement et simplement, d’une traduction d’inspiration chrétienne…), leur retireront sa science et donneront, en compensation, aux premiers hommes, quatre épouses.

 

3. Xaman Ek.

 

Xaman Ek est également un des noms donnés à lEtoile Polaire, à la planète Vénus. Cest lune des plus importantes divinités astronomiques du panthéon maya. En tant quEtoile Polaire, Xaman Ek est un guide et un protecteur pour les marchands et les voyageurs. Il est, de ce fait, lié à Ek Chuah, le dieu des Marchands et des Voyageurs. Xaman Ek est représenté avec des lèvres épaisses et de grands caches-oreilles. Son visage est fortement ornementé, et sa tête est entourée dun halo de rayons lumineux qui lui donne l’aspect dune étoile (ce qui n’est pas sans faire penser à l’Hélios hellénique). Voilà pourquoi on le nomme également le dieu au Visage Décoré. Ainsi est-il représenté dans les codex. Xaman Ek symbolise le Nord et est représenté par le glyphe du jour Chuen (=singe). On lui connaît également comme glyphes un couteau de sacrifice numéroté 10 ou encore une tête aux lèvres épaisses.

 

 

 

 

 

Eric TIMMERMANS

Bruxelles, le 12 avril 2010.

 

 

Sources : Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997 / Le Popol Vuh, par Georges Raynaud, Jean Maisonneuve Successeur, 2000 / Mythes aztèques et mayas, Karl Taube, Seuil, 1995 / The Mayan Gods, Dante – The Maya World Publisher’s – Musée de Mérida, Yucatan, Mexique / Une histoire de la religion des Mayas, Claude-François Baudez, Albin Michel, 2002.

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 17:23


 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c2/Egypt.Ra-Apep.01.jpg

 

 

 

 

 

1. Apophis, ancêtre du serpent tentateur ?

 

Apophis (ou Apopis, Apep, Aâpep), dont il est dit que le corps, long de 52 mètres (ou 100 coudées), est riche de nombreuses sinuosités, est un serpent maléfique de la tradition égyptienne. Il incarne le Chaos qui éternellement menace le fragile équilibre de lordre universel quil convient, de ce fait, de préserver et dentretenir quotidiennement. Apophis est considéré comme l’ennemi des dieux par excellence. Ainsi, ennemi de Rê, Apophis fut, du fait de sa nature ténébreuse, assimilé au dieu Seth, l’ennemi d’Osiris, et cela même si Seth est aussi parfois présenté comme un adversaire d’Apophis. On dit aussi qu’Apophis tente de compromettre le salut des âmes humaines en leur inspirant les œuvres du Mal et qu’il déploie ses ruses pour nuire aux âmes des trépassés. Enfin, dans l’Ancienne Egypte, Apophis avait également la réputation de pervertir la royauté.

 

2. Apophis contre la barque solaire.

 

Ainsi, chaque nuit, Apophis essaie-t-il dempêcher le Soleil, symbolisé par la barque de Rê, de reparaître au matin. A laube et au crépuscule, Apophis sort pour essayer de renverser la divine barque solaire de Rê. Chaque nuit recommence ce combat titanesque entre les forces de la Lumière et celles des Ténèbres, rappelant quen ce monde tout est provisoire et que le combat contre les forces du Chaos est à renouveler sans cesse. Par l’intermédiaire de sacrifices rituels d’animaux effectués dans les temples, de même que par des rites populaires d’envoûtement magique, les Egyptiens pensaient participer au combat toujours victorieux de Rê contre Apophis. Il est dit, enfin, que la rougeur du ciel, visible tant à l’aube qu’au crépuscule, provient du sang versé par Apophis.

 

3. Les ennemis d’Apophis.

 

Ses rivaux et ennemis principaux sont le serpent bénéfique et protecteur de la barque solaire, Méhen, le poisson bleu Abdjou, qui avertit le dieu Rê de lapproche dApophis et le Grand Chat Miesis, fils de Bastet, qui chaque nuit tranche la tête du Serpent du Chaos afin que la barque de Rê puisse poursuivre sa route. Il est dit aussi quApophis a été condamné par le dieu Aker, que Rê a vaincu ses paroles, que le lynx le Grand Chat Miesis- a déchiré sa poitrine, que le scorpion la enchaîné, que Maat a décrété sa destruction et que les dieux du Sud, comme ceux du Nord, de lOccident, comme de lOrient, lont emprisonné (ce qui nest pas sans rappeler les mythes abrahamiques de Léviathan et dAsmodée (*) ).

 

4. Un dieu ancien.

 

On retrouve la trace dApophis jusquà très loin dans la période prédynastique et son emblème a également été retrouvé sur la tombe du roi Ankhitifi de la 9ème dynastie. Ce roi a été enterré dans la nécropole de MoAllah (3ème nome). Cest à cette période que, selon le mythe judéo-chrétien, Abraham serait venu en Egypte.

 

(*) A propos d’Asmodée, lire également mon article paru sur www.atheisme.free.fr le 23 mars 2010.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c1/Edfu16.JPG

Eric TIMMERMANS

Bruxelles, le 8 avril 2010

 

Sources : Dictionnaire de mythologie et de symbolique égyptienne, Robert-Jacques Thibaud, Dervy, 1996 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / Dictionnaire historique de lEgypte, Pierre Norma, Maxi-Poche Histoire, 2003 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1998 / LAnge déchu, M. Centini, Editions de Vecchi, 2004 / Le Prince de ce monde, Nahema-Nephtys et Anubis, Editions Savoir pour Être, 1993 / Petit dictionnaire des dieux égyptiens, Alain Blottière, Zulma, 2000.

 

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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 08:55



Les Centaures

 

 

 

1. Les fils dIxion.

 

Un jour, Ixion, roi des Lapithes de Thessalie, tomba amoureux dHéra, lépouse de Zeus. Pour éprouver lamoureux, Zeus lui envoya une nuée qui avait lapparence de son épouse et Ixion sunit à elle. De cette union naquirent les Centaures (en grec : Kentauroi). Ceux-ci passent pour vivre dans les montagnes et les forêts, et plus précisément dans le mont Pélion, en Thessalie. Ils se nourrissent de fruits et de viande crue. Brutaux, ils nhésitent pas à enlever et à violer les femmes, ainsi quà se battre avec tous les hommes quils rencontrent. Ils incarnent la force dune nature non encore bridée. Ils symbolisent laspect animal de lhomme lorsquil nest pas équilibré par la puissance spirituelle. Tous les Centaures nappartiennent toutefois pas à la descendance violente dIxion. Certains sont même reconnus pour leur sagesse et leur bienveillance, les Centaures Pholos et Chiron, notamment. Le mythe des hommes-chevaux serait né parce que les Thessaliens étaient à tel point réputés être dexcellents cavaliers quils semblaient ne faire quun avec leurs chevaux. Certains prétendent que les Centaures furent finalement exterminés suite à leurs luttes incessantes contre les hommes, mais dautres disent quils ont pris la fuite sur des navires avant de terminer leur violente carrière, victimes des Sirènes.

 

2. Le combat des Lapithes.

 

Quand Pirithoos, fils dIxion et de Dia (ou fils de Zeus, selon les versions) et prince des Lapithes, se maria, il invita ses demi-frères, les Centaures, qui burent du vin jusquà senivrer les Centaures boivent habituellement du lait caillé et ne supportent pas les boissons alcoolisées-, puis se déchaînèrent. Ils violèrent toutes les femmes quils rencontraient et sen prirent même à la mariée, Hippodamie, que le Centaure Eurytion voulut enlever. Sen suivit une violente bataille entre les Centaures, armés de troncs darbres et de tisons enflammés, et les Lapithes qui finirent par repousser les hommes-chevaux dans le sud du Péloponnèse, plus précisément aux abords du Pinde. Ce sera le début dune longue guerre entre les Lapithes et les Centaures. Cette longue guerre est peut-être à lorigine dun mythe de lorage.

 

3. Héraklès contre les Centaures.

 

Dans la mythologie grecque, les héros sont souvent obligés daffronter les Centaures. Ainsi, Héraclès étouffa-t-il le Centaure Nessos qui convoitait son épouse Déjanire. Les Centaures sont, comme nous lavons dit, bien connus pour être des ravisseurs de femmes et notamment, de femmes mariées, bien quils échouent toujours dans leurs entreprises et sont généralement mis à mort par lépoux, le fiancé ou un proche du fiancé. A noter quHéraklès, au cours de la réalisation de ses célèbres Douze Travaux, en tua un grand nombre. On disait aussi que leau dune rivière de lElide nommée Anigre avait mauvais goût parce que les Centaures blessés par Héraklès sy étaient baignés et y avaient laissé traîner leur odeur bestiale.

 

4. Les Centaures perçus par le christianisme.

 

Le christianisme a assimilé les Centaures à la Luxure et à la Séduction, mais on leur reconnaît également la connaissance du secret des vertus des plantes. Saint Antoine fit, selon la légende de ce saint chrétien, la rencontre dun Hippocentaure. Ainsi est-il dit que lorsque saint Antoine alla rendre visite à Paul, il rencontra un Hippocentaure que le christianisme assimila à un démon incube : « Nous ne savons, écrit saint Jérôme, si le diable aura pris cette forme pour effrayer le saint ou si le désert, fécond en animaux difformes, produit de tels monstres. » Ledit saint Antoine rencontra aussi, dit-on, un genre dhomme au nez crochu, doté de cornes et de pieds de chèvre, et il engagea la conversation avec lui : « Je suis mortel, dit le monstre, lun de ces habitants du désert que lon nomme faunes, satyres ou incubes. Mes compagnons mont chargé dun message. Nous te supplions de prier pour notre commun Seigneur, que nous savons être venu jadis pour le salut du monde. Car le bruit de sa venue sest répandu par toute la terre ! » Antoine qui, supposé sain desprit, prétend avoir engagé une conversation avec des êtres mi-hommes, mi-animaux dans un désert, aurait alors pleuré des larmes de joie à lévocation de cette « victoire du Christ sur Satan » et se serait aussi écrié : « Malheur à toi, qui méprises le vrai Dieu pour honorer de telles créatures ! Malheur à toi, car voici les bêtes qui glorifient le Christ ! »

 

5. Les Centaures dans lEnfer de Dante.

 

Force est de constater que lintervention du saint ne fut guère efficace, puisque Dante, ayant visité lEnfer, selon ses dires, y rencontra les Centaures Guidé par Virgile, Dante traverse lEnfer et y rencontre donc les Centaures (Chant XII) :

 

-Les deux poètes entrent dans le septième cercle, soit celui des Violents, qui est divisé en trois enceintes. Dans la première de ces enceintes, on trouve les Violents contre la vie et les biens du prochain. Virgile dit à Dante : « Mais fixe les yeux sur la vallée ; car voici la rivière de sang dans laquelle bout quiconque par la violence a nui aux autres. »

 

-Et Dante fit le commentaire suivant : « Je vis une ample fosse tordue en arc, comme celle qui embrasse toute la plaine, selon ce quavait dit mon guide. Et entre le pied de la roche et cette fosse couraient à la file des centaures armés de flèches, comme ils avaient coutume dans le monde daller à la chasse. Nous voyant descendre, chacun deux sarrêta, et trois se détachèrent de la bande, tenant en main leur arc et leur flèche tout prêts. »

 

-Virgile apprend alors à Dante quà lentour de ladite fosse, les Centaures « vont par mille et mille, perçant de flèches toute âme qui sort du sang plus que sa faute ne le permet. »

 

-Trois Centaures se détachent du groupe, ce sont Chiron, Pholos et Nessos. Ce dernier lance de loin aux deux poètes : « A quel martyre venez-vous, vous qui descendez la côte ? Dites doù vous êtes, sinon je tire à larc. »

 

-Mais Virgile exige alors de parler à Chiron : « Nous ferons une réponse à Chiron, ici après ; pour ton malheur, tes désirs ont toujours été trop vifs. »

 

-Puis Virgile identifie pour Dante les deux autres Centaures : « Puis il me toucha et me dit : « Celui-ci est Nessus, qui mourut pour la belle Déjanire et vengea lui-même sa propre mort. Et celui du milieu, qui se regarde la poitrine, est le grand Chiron, qui éleva Achille ; cet autre est Pholus, qui fut plein de colère. »

 

-Chiron les ayant observés, constate que Dante est vivant : « Nous nous approchâmes près de ces monstres agiles ; Chiron prit une flèche, et avec le coche il retroussa sa barbe derrière sa mâchoire. Quant il eut découvert sa grande bouche, il dit à ses compagnons : « Vous êtes-vous aperçus que celui de derrière fait mouvoir ce quil touche ? Ainsi nont pas habitude de faire les pieds des morts. »

 

-Virgile explique alors à Chiron quil doit, selon la volonté divine, guider Dante, qui est effectivement vivant, à travers lEnfer et il demande également une escorte : « « Mais, au nom de cette vertu qui dirige mes pas dans une route si sauvage, donne-moi un des tiens qui nous accompagne, et qui nous montre un endroit guéable, et qui porte celui-ci sur sa croupe ; car ce nest point un esprit qui aille par les airs. »

 

-Chiron désigna Nessos et la petite troupe se mit en marche : « Chiron se tourna du côté droit, et dit à Nessus : « Va, et guide-les, et si une autre troupe les rencontre, écarte la. Nous nous mîmes en marche sous cette escorte fidèle, le long des bords de cette rouge écume dont les noyés poussaient dhorribles cris. Jen vis plongé jusquaux paupières, et le grand centaure dit : « Ce sont les tyrans qui vécurent de sang et de rapine. Ici se pleurent les torts impitoyables ; () »

 

-Virgile dit à Dante que Nessos serait son premier guide durant la visite de cette partie de lEnfer, et que lui-même serait le second : « Que Nessus soit ici ton premier interprète ; je ne serai que le second. »

 

-La visite se poursuivit donc, ainsi commentée par Dante : « Un peu plus loin, le centaure sarrêta au-dessus de damnés que lon voyait sortir la tête hors du fleuve. () Puis jen vis qui tenaient la tête et aussi tout le buste hors du lac, et de ceux-là jen reconnus bon nombre. Ainsi, de plus en plus, le sang baissait et ne couvrait plus que les pieds, et ce fut là que nous traversâmes la fosse. Par la raison que de ce côté tu vois la source diminuer toujours, dit le centaure, je veux que tu croies que de lautre côté elle pèse de plus en plus sur le fond, jusquà ce quil se réunisse à celui où la tyrannie est condamnée à gémir. »

 

-Ainsi Nessos fit-il franchir la fosse de sang bouillant à Virgile et Dante qui purent de cette manière gagner la seconde enceinte, celle des Violents contre eux-mêmes. Avant que Nessos ne soit retourné dans la première enceinte, ils en avaient commencé la visite. « Puis il [Nessus] se retourna et repassa le gué. »

 

-Dans la septième fosse du huitième cercle, soit la fosse des Voleurs et des Concussionnaires (Chant XXV), les deux poètes rencontrent un voleur particulièrement arrogant. Quand celui-ci finit par prendre la fuite, un autre Centaure paraît, identifié par Dante à Cacus. Notons toutefois que dans la mythologie gréco-latine, Cacus nest pas un Centaure, mais un géant tricéphale.

 

6. Visualisation.

 

Les Centaures sont des créatures mi-humaines (le torse, les bras, la tête), mi-équine (le corps du cheval, sans la tête). Selon certaines sources, on les représentait jadis sous laspect de deux hommes réunis par la taille à des corps de chevaux, qui se font face et qui dansent. Il en existe aussi des formes femelles nommées Centauresses. Les Centaures sont bien représentés dans lart hellénique. Les plus anciennes représentations de Centaures connues semblent être un relief de bronze trouvé à Olympe et datant du 7ème s. avant lère chrétienne et des figures apparaissant sur un lécythe (vase en terre cuite) proto-corinthien datant des 8ème ou 7ème s. avant lère chrétienne. On trouve la forme parfaite du Centaure au Parthénon, à partir denviron 440 avant lère chrétienne.

 

Eric TIMMERMANS

Bruxelles, le 5 avril 2010.

 

Sarcophage_centaure

 

Sources : Dictionnaire de la mythologie grecque et latine, Odile Gandon, Livre de Poche, 1996 / Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi Poche Références, 2003 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997 / Le Prince, Machiavel, traduction par Jean Anglade, Livre de Poche, 1977 / Œuvres de Dante Alighieri, La Divine comédie, traduction A. Brizeux, Charpentier Libraire Editeur, 1853.

 

 

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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 18:16


 

Pazuzu

1. Un monstre décharné et griffu.

 

1.1. Visualisation générale.

 

Pazuzu apparaît sous laspect dun être décharné, aux côtes saillantes. Il est doté de deux paires dailes, de mains griffues et ses jambes se terminent en serres daigle. Son visage est grimaçant et il est doté dune queue de scorpion. Son apparence est en grande partie à lorigine de certaines représentations occidentales du Diable. En effet, « on retrouve chez les Sumériens, les plus anciennes expressions de démonologie et dangélologie. Ces notions vont influencer les Assyro-Babyloniens puis le monde hébraïque jusquau christianisme. » (1)

 

1.2. Représentations antiques.

 

Plusieurs représentations de Pazuzu nous sont connues. Lune delles est une statuette de bronze conservée à Paris, au musée du Louvre, et datant du 7ème siècle avant lère chrétienne. Ce petit bronze représente Pazuzu vu de face, le corps entouré de ses quatre ailes déployées ; « la tête est surmontée dun appendice plat, dont le trou est oxydé par le vert-de-gris, qui servait à suspendre la statuette » (2) De fait, limage de Pazuzu était utilisée comme amulette protectrice, nous verrons pourquoi ultérieurement. Une autre figurine de Pazuzu est également conservée à Paris, au musée Guimet. Bien quelle le représente accroupi, son aspect général est semblable à celui de la statuette du Louvre. Ses ailes sont diminuées pour donner moins de prise aux chocs, sa queue de scorpion est ramenée sur le dos et son corps est couvert dimbrications simulant les écailles. Il existe également des têtes sculptées de Pazuzu conservées au British Museum.

 

2. Pazuzu, fils de Hanpa.

 

Particulièrement craint jadis en Mésopotamie, Pazuzu, véritable démon de la dévastation, est, selon cette mythologie, le fils du roi des mauvais esprits, un nommé Hanpa (ou Hampa, Hanbu) : « Moi, je suis Pazuzu, fils de Hanpa roi des mauvais esprits de lair, qui sort des montagnes, violemment, en faisant rage. » (2) Cest là la titulature reproduite sur le dos de la statuette et supposée donner son efficacité à la conjuration. Dans la mythologie sumérienne, Pazuzu est aussi assimilé au vent du Sud-ouest et propage sur son passage les maladies et particulièrement la malaria. Cet aspect de sa personnalité est largement développé dans « LHérétique », le second volet de l « Exorciste » (3) Au moustique, qui eut été plus approprié pour un propagateur de malaria, lon préféra la bien plus biblique sauterelle (vraisemblablement un criquet pèlerin, mais soit) sous laspect de laquelle Pazuzu se manifeste dans le film.

 

3. Le double aspect de Pazuzu.

 

Nous lavons vu, les Sumériens portaient leffigie de Pazuzu en amulette, or, on peut le dire, il est assez rare que lon porte un talisman pour attirer sur sa personne le déferlement de toutes les maladies possibles ! Le fait est que si Pazuzu était bien considéré comme une entité terrible, un propagateur de maladies, son effigie avait également, dans loptique moniste qui était vraisemblablement celle des Sumériens, une valeur protectrice. Cest donc pour éloigner les maladies que lon utilisait limage de Pazuzu. Le rôle protecteur de Pazuzu est encore souligné par son opposition à Lamashtu, une autre entité démoniaque : « Figure plus récente, attestée à partir du Ier millénaire, le démon Pazuzu est le chef de la gent démoniaque, grand propagateur des épidémies et « roi des mauvais esprits de lair ». Paradoxalement, lautorité dont il dispose sur les forces du mal lui donne aussi le pouvoir de les neutraliser. Il est alors invoqué pour conjurer les maléfices de ses congénères, en particulier ceux de Lamashtu, dont il devient presque lindissociable revers de la médaille. » (4) Lamasthu a notamment la réputation de frapper de fièvres particulièrement virulentes les femmes en pleine grossesse, au point que cela les oblige à avorter. Ce trait de sa personnalité la rapproche de la Mésopotamienne Lilith et de la Lamia hellénique.

 

Ainsi Pazuzu apparaît-il aussi au revers dune plaque de conjuration contre Lamashtu, absurdement nommée « plaque des Enfers » et conservée au Musée du Louvre :

 

-« La démone montée sur son âne brandit des serpents et allaite des lionceaux. La tête dépassant du revers est celle du chef des démons Pazuzu invoqué en faveur du malade (alité au centre, entre des prêtres exorcistes), de même que les grands dieux dont les attributs sont figurés au registre supérieur. Au bout dune barque, la démone reprend le chemin des eaux souterraines de lApsû, signe de la guérison espérée du malade. » (5)

 

-« Au revers de la plaque (pl. VIII, b), on voit, de dos, un monstre ailé; les ailes sont simplement gravées tandis que le corps est en relief. Cest un corps de fauve, recouvert décailles; la queue et le pénis de lanimal se terminent en tête de serpent; les pattes postérieures sont celles dun aigle; les pattes de devant, qui sagrippent au sommet de la plaque se terminent en griffes, et la tête qui surmonte la plaque ressemble à celle dun lion. Il sagit du pazuzu, le démon qui personnifie, comme nous lavons dit (p. 99) le vent du Sud-Ouest générateur de fièvres. » (6)

 

 

(1) LAnge déchu, M. Centini, Editions de Vecchi, 2004, p. 22.

(2) La Magie chez les Assyriens et les Babyloniens, Dr. G. Contenau, Payot, 1947, p. 99.

(3) A propos du rôle joué par Pazuzu dans le film L’Exorciste, lire également mon article « Pazuzu’s advocate », mis en ligne, le 14 septembre 2009, sur le site http://atheisme.free.fr/

(4) Linvention du Diable, Le monde de la Bible n°179, Septembre-Octobre 2007, p. 20-21. (5) Ibid., p. 19.

(6) La Magie chez les Assyriens et les Babyloniens, Dr. G. Contenau, Payot, 1947, p. 228.

 

 

Eric TIMMERMANS

Bruxelles, le 1er avril 2010.

 

 

Sources : Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / La Magie chez les Assyriens et les Babyloniens, Dr. G. Contenau, Payot, 1947 / LAnge déchu, M. Centini, Editions de Vecchi, 2004 / LInvention du Diable, Le monde de la Bible n°179, Septembre-Octobre 2007 / Le Prince de ce monde, Nahema-Nephtys et Anubis, Editions Savoir pour Être, 1993.

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 18:12


 

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/07/Thap_Mam_Shiva_12th_c.jpg

 

 

 

 

1. Le dieu védique Aryaman.

 

Aryaman est, avec Mithra (1), Varuna et Bhaga, l’un des dieux souverains –dieux de « première fonction » sacerdotale- de l’Inde védique. Aryaman incarne l’Honneur et représente les Principes chevaleresques, la Noblesse de cœur.

 

Son nom le désigne comme le « patron des Aryas », à savoir les peuples indo-européens qui se sont implantés en Inde et en Iran. Plus précisément, le terme d « Aryas », « détymologie controversée, désigne lensemble des tribus qui après une période unitaire (IV e et IIIe millénaires avant notre ère) se sont séparées en deux groupes qui firent lun la conquête de lIran (appelé par eux Aîryanam vaejo, « le domaine des Aryas »), lautre celle de lInde du Nord-Ouest : Aryâvarta (même signification). » (Varenne)

 

Le dieu Aryaman incarne lidée de « communauté » sensée unir ces peuples et assurait la cohésion sociale :

 

« Aryaman enfin incarne in divinis la solidarité du clan et veille à la perpétuation de la communauté. A ce dernier titre il est témoin dans tous les mariages réguliers et lon ne manque pas de linvoquer pour que les époux puissent « vieillir ensemble » et « être pourvus dune nombreuse descendance. » (Varenne)

 

Aryaman est également le dieu de lHospitalité et du Foyer, raison pour laquelle il est également nommé lHospitalier.

 

« O Varuna, un ami comme Aryaman ou Mitra,

un frère même, un familier, fût-il près ou loin de nous,

quel que soit le mal que nous avons commis à son égard,

ô Varuna, dédie-nous-en ! » (Rig Veda, 5.85)

 

A linstar dHermès ou dAnubis, Aryaman est également un dieu psychopompe, cest lui qui, après leur mort, conduit les Aryas méritants au séjour céleste. Là, ils retrouveront leur pères (=pitaras) et veilleront avec eux sur leur lignée.

 

2. A savoir également.

 

2.1. Arya signifie « noble ». Ceux qui suivent le chemin de la Vérité et qui respectent la Loi (morale). Un chemin noble. Contraire : Anarya.

 

2.2. Aryatara est une des cinq shakti vénérées par le tantrisme avec Tara, Lochana, Mamaki et Pandara, parèdres des Dhyani-Bouddha du lamaïsme.

 

2.3. Aryavahârya signifie « non-agissant ». Il est dit de lâtman à létat pur quIl est non-agissant dans Son immuable identité.

 

2.4. Signalons une proximité étymologique avec le dieu perse Ahriman (2). Etrangement, autant le dieu védique Aryaman incarne une divinité bénéfique, autant le dieu perse Ahriman apparaît, lui, comme une divinité maléfique, voire comme un dieu du Mal absolu, ancêtre du Diable judéo-chrétien.

 

2.5. Le nom dAryaman est apparenté à celui du Gaélique Eremon le Grand, fils de Mil, qui est désigné par le Livre des Conquêtes comme le premier roi des Gaëls après leur arrivée en Irlande.

 

(1)Voir notre article mis en ligne sur « La Grange du Cherchant » le 24 décembre 2009.

(2)Voir notre article mis en ligne sur « atheisme.free.fr » le 20 janvier 2010.

 

 

Eric TIMMERMANS

Bruxelles, le 31 mars 2010.

 

Sources : Dictionnaire de lhindouisme, Jean Varenne, Editions du Rocher, 2002 / Le Veda, Jean Varenne, Les Deux Océans, 2003 / Le Védisme. Léveil de la spiritualité indienne, Bernard Baudouin, Editions de Vecchi, 1997 / Les Cinq Livres de la Sagesse Pancatantra, Alain Porte, Editions Philippe Picquier

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