1. Apophis, ancêtre du serpent tentateur ?
Apophis (ou Apopis, Apep, Aâpep), dont il est dit que le corps, long de 52 mètres (ou 100 coudées), est riche de nombreuses sinuosités, est un serpent maléfique de la tradition égyptienne. Il incarne le Chaos qui éternellement menace le fragile équilibre de l’ordre universel qu’il convient, de ce fait, de préserver et d’entretenir quotidiennement. Apophis est considéré comme l’ennemi des dieux par excellence. Ainsi, ennemi de Rê, Apophis fut, du fait de sa nature ténébreuse, assimilé au dieu Seth, l’ennemi d’Osiris, et cela même si Seth est aussi parfois présenté comme un adversaire d’Apophis. On dit aussi qu’Apophis tente de compromettre le salut des âmes humaines en leur inspirant les œuvres du Mal et qu’il déploie ses ruses pour nuire aux âmes des trépassés. Enfin, dans l’Ancienne Egypte, Apophis avait également la réputation de pervertir la royauté.
2. Apophis contre la barque solaire.
Ainsi, chaque nuit, Apophis essaie-t-il d’empêcher le Soleil, symbolisé par la barque de Rê, de reparaître au matin. A l’aube et au crépuscule, Apophis sort pour essayer de renverser la divine barque solaire de Rê. Chaque nuit recommence ce combat titanesque entre les forces de la Lumière et celles des Ténèbres, rappelant qu’en ce monde tout est provisoire et que le combat contre les forces du Chaos est à renouveler sans cesse. Par l’intermédiaire de sacrifices rituels d’animaux effectués dans les temples, de même que par des rites populaires d’envoûtement magique, les Egyptiens pensaient participer au combat toujours victorieux de Rê contre Apophis. Il est dit, enfin, que la rougeur du ciel, visible tant à l’aube qu’au crépuscule, provient du sang versé par Apophis.
3. Les ennemis d’Apophis.
Ses rivaux et ennemis principaux sont le serpent bénéfique et protecteur de la barque solaire, Méhen, le poisson bleu Abdjou, qui avertit le dieu Rê de l’approche d’Apophis et le Grand Chat Miesis, fils de Bastet, qui chaque nuit tranche la tête du Serpent du Chaos afin que la barque de Rê puisse poursuivre sa route. Il est dit aussi qu’Apophis a été condamné par le dieu Aker, que Rê a vaincu ses paroles, que le lynx –le Grand Chat Miesis- a déchiré sa poitrine, que le scorpion l’a enchaîné, que Maat a décrété sa destruction et que les dieux du Sud, comme ceux du Nord, de l’Occident, comme de l’Orient, l’ont emprisonné (ce qui n’est pas sans rappeler les mythes abrahamiques de Léviathan et d’Asmodée (*) ).
4. Un dieu ancien.
On retrouve la trace d’Apophis jusqu’à très loin dans la période prédynastique et son emblème a également été retrouvé sur la tombe du roi Ankhitifi de la 9ème dynastie. Ce roi a été enterré dans la nécropole de Mo’Allah (3ème nome). C’est à cette période que, selon le mythe judéo-chrétien, Abraham serait venu en Egypte.
(*) A propos d’Asmodée, lire également mon article paru sur www.atheisme.free.fr le 23 mars 2010.
Eric TIMMERMANS
Bruxelles, le 8 avril 2010
Sources : Dictionnaire de mythologie et de symbolique égyptienne, Robert-Jacques Thibaud, Dervy, 1996 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / Dictionnaire historique de l’Egypte, Pierre Norma, Maxi-Poche Histoire, 2003 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1998 / L’Ange déchu, M. Centini, Editions de Vecchi, 2004 / Le Prince de ce monde, Nahema-Nephtys et Anubis, Editions Savoir pour Être, 1993 / Petit dictionnaire des dieux égyptiens, Alain Blottière, Zulma, 2000.