L'un de mes meilleurs amis, Eric Timmermans, s'y connait parfaitement en ce qui concerne ce que l'on appelle les Etudes traditionnelles. Il collaborera régulièrement à l'alimentation de ce blog. Aujourd'hui, il a fait parvenir une étude sur Anubis le célèbre dieu égyptien des morts
ANUBIS, LE CHIEN NOIR PSYCHOPOMPE
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1. Naissance et origines.
Anubis est le nom hellénisé d’une divinité égyptienne nommée à l’origine Anpou ou Inpou. Le culte de ce dieu était déjà très répandu dans les années 4000 et 3000 avant l’ère chrétienne. Anubis figure notamment sur une tablette d’un roi égyptien nommé Aha (première dynastie, 2500 ans avant l’ère chrétienne). Dès cette époque, Anubis, qui assumait alors la fonction de dieu des morts, fut progressivement associé dans ce rôle, puis finalement remplacé, par Osiris.
Lorsque les Egyptiens intégrèrent Anubis dans leur panthéon, ils semblent l’avoir considéré, et ce dès le Moyen Empire (-2000 à –1788), comme le fils illégitime d’Osiris et de Nephtys, cette dernière ayant usurpé l’identité d’Isis auprès d’Osiris. Craignant la vengeance de son mari Seth, Nephtys abandonna Anubis dans les marais. Mais Isis le retrouva et l’éleva comme son propre fils. Elle en fit, en outre, l’un de ses plus fidèles gardiens. Les Textes des Pyramides, eux, font d’Anubis le quatrième fils de Rê, et le père de la déesse Kebehout.
2. L’Embaumeur.
C’est Rê qui enverra Anubis aider Isis à regrouper les morceaux épars du corps d’Osiris (démembré par Seth) dont Anubis assurera également l’embaumement. Ainsi, le personnage d’Anubis intervient-il dans les rites destinés à rassembler les morceaux dispersés du corps d’Osiris et à le ressusciter. C’est en embaumant Osiris qu’Anubis confectionnera la première momie et deviendra le dieu de l’embaumement. C’est à partir du Nouvel Empire (-1580 à –1090) que les fonctions d’Anubis vont se spécialiser. Il devient donc l’Embaumeur et le Guide des défunts (psychopompe) au tribunal de l’au-delà. On le nomme « Celui qui se tient devant la cabane divine » (=la tente où se déroulait le rituel de momification), « Celui des bandelettes », « Seigneur de la nécropole », « Seigneur de la Terre sacrée » ou encore « Celui qui est juché sur la montagne ».
3. Le dieu-chien.
Selon Virgile (VIII, 698), Grecs et Romains représentaient Anubis sous l’aspect du chien Cerbère, Anubis étant également une divinité d’apparence canine. On le représente parfois sous l’aspect d’un être doté d’un corps humain et d’une tête de canidé, un chien ou un chacal (mais il semble qu’il n’y ait jamais eu de véritables chacals en Egypte) au pelage noir, à la queue touffue et aux longues oreilles dressées. On le voit parfois couché sur un coffre. La couleur noire de son pelage évoque la couleur des cadavres lorsqu’ils ont subi le processus d’embaumement. Quant à l’assimilation aux canidés, elle vient peut-être du fait que ces animaux habitaient les régions désolées et désertiques où étaient implantées les nécropoles.
4. Anubis Psychopompos.
Les Grecs vénéraient Anubis en tant que guide des défunts et comme conducteur des âmes. Aussi l’identifièrent-ils à Hermès psychopompe. Cette approche hellénique devait aboutir à la naissance d’une divinité syncrétique nommée Hermanubis.
Désormais le rôle d’Anubis est définitivement fixé : il est le Grand Chien, gardien des nécropoles, l’intermédiaire entre le défunt et le tribunal funéraire. Anubis conduit le défunt à ce tribunal après avoir vaincu tous les dangers qui se présentent sur son chemin. Ainsi, Anubis est-il également nommé le « Seigneur de l’ouverture de la caverne », cette dernière n’étant autre que le séjour des morts. Il amène ensuite le défunt devant le tribunal puis procède à la pesée du cœur.
Ultérieurement, si le défunt émet le désir de retourner sur terre, il devra en informer Anubis qui acceptera ou rejettera sa requête en consignant l’acte sous forme d’un décret.
Dans le Livre des Morts, il est dit qu’Anubis –souvent représenté avec Thot- préside la Pesée de l’Âme dans l’au-delà, au tribunal d’Osiris. Ammit, que l’on nomme aussi la Dévorante ou la Truie de l’Occident, attend aux côtés de Maât et d’Anubis le résultat du Jugement des Âmes. Elle s’empare et dévore les âmes jugées indignes qui lui seront jetées en pâture.
Anubis est également connu sous le nom de Khenty-Imentiu (=le chef des habitants de l’Ouest), conformément à une croyance égyptienne qui veut que le royaume des morts se situe à l’Ouest, terre où le soleil se couche et disparaît pour la nuit.
C’est à l’image d’Anubis qu’officiait le chef des prêtres chargés des funérailles et des rituels de momification ou d’enterrement des défunts : il revêtait le masque du dieu et effectuait le rituel en son nom.
Anubis assure dans le monde de la Mort et des Ténèbres, le même rôle que son frère Horus assure dans le monde du Jour et de la Lumière. C’est donc à tort que l’on associe souvent Anubis au monde démoniaque, une confusion résultant, selon toute vraisemblance, de sa proximité avec le monde des Morts.
5. Les lieux d’un culte royal et populaire.
Anubis a bénéficié d’un culte tout autant royal que populaire et il fut diffusé dans tous les centres religieux d’Egypte. Un important sanctuaire était situé dans la nécropole de Memphis et un autre à Cynopolis (=la Cité des chiens), nome 17, Haute-Egypte. Cette ville était située à 200 kilomètres au sud du Caire, où de nombreux chiens momifiés furent retrouvés. A noter aussi qu’à Assiout, on honorait une divinité nommée Oupouaout qui est probablement une forme d’Anubis.
Eric TIMMERMANS.
Bruxelles, le 15 novembre 2009.
Sources :
-Dictionnaire historique de l’Egypte, Pierre Norma, Maxi Poche Références, 2003.
-Dieux et déesses de l’ancienne Egypte, Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bernard Van Rinsveld, Bruxelles, 1994.
-Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962.
-L’Ange déchu, M. Centini, Editions de Vecchi, 2004.
-Petit dictionnaire des dieux égyptiens, Alain Blottière, Zulma, 2000.