1. Le Père des tromperies.
Dans la tradition nordique, Loki (ou Loke, Loptre, Lopt), fils de Laufey et du géant Farbauti, bien que de nature divine, n’en est pas moins malfaisant : on voit en lui le responsable des malheurs cosmiques. On le nomme « Calomniateur des dieux », « Père des tromperies » ou encore « Honte de tous les dieux et de tous les hommes ». Le nom de Lopt qui signifie le « Vaporeux », l’ « Ethéré », lui est également appliqué. Ceci indique son pouvoir sur l’élément aérien que symbolisent notamment ses métamorphoses en faucon, de même que sa parfaite maîtrise de la parole. Si l’on décrit Loki comme un être plaisant et même particulièrement beau, et qui possède, en outre, un grand pouvoir de séduction, il n’en est pas moins de nature foncièrement mauvaise et d’humeur capricieuse.
2. Un aspect de Satan ?
Tout naturellement, le christianisme a vu dans le personnage de Loki un visage de Satan. « Démon astucieux et pervers, du panthéon scandinave, souvent assimilé à Satan, Loki, actuellement enchaîné par les divins Ases, doit un jour recouvrer la liberté et anéantir le monde. » (Dictionnaire du Diable, R. Villeneuve). Il est toutefois possible que les traits diaboliques de cette divinité complexe aient été volontairement durcis par les commentateurs chrétiens. « Bien entendu, on ne peut s’empêcher de penser à la figure du Diable dans la mythologie chrétienne, et il est possible que le christianisme ait ajouté tardivement une coloration luciférienne à des représentations nordiques antérieures. » (Mythes nordiques, R.I. Page) Et encore : « A partir de la christianisation, Loki est l’esprit du malin dans toute son étendue car il est voleur, adultère et meurtrier, provoque, par ses fils (autres aspects de lui-même) le Crépuscule des Puissances où tous les dieux et lui-même sont anéantis. » (Dictionnaire de mythologie et de symbolique nordique et germanique, Thibaut).
3. Loki , un dieu « moniste ».
Tous les actes maléfiques de Loki ne sont pourtant pas volontaires et il lui arrive également d’apporter une aide efficace aux dieux et de les aider à vaincre maints périls, alors que par opposition, le « dieu bon » Baldr apparaît comme un personnage velléitaire et peu efficace : ses jugements, dit-on, ne sont jamais suivis d’effet. La mort de ce dernier, provoquée par Loki, ne sera pas dépourvue de sens car, ayant échappé au grand massacre du Ragnarök, il renaîtra au lendemain du « Crépuscule des dieux » dans une terre entièrement renouvelée et paisible, Baldr ressuscitera donc dans un nouvel Âge d’or. Ce mythe en rappelle bien d’autres tels ceux de Dionysos, Osiris, Adonis, Attis qui tous sont liés à l’idée de renaissance, notamment celle de la végétation, et de résurrection. Il est donc très simpliste de ne voir en Loki qu’une incarnation d’un hypothétique « mal absolu ». Cette approche dualiste correspond plus à la vision abrahamique du monde qu’à la conception qu’en a le paganisme nordique. Si Loki apparaît donc bien comme une divinité sombre, il n’en annonce pas moins la Lumière. Le faucon, forme dans laquelle Loki se métamorphose parfois, annonce la victoire de la Lumière sur les Ténèbres, l’avènement de la Connaissance, ce qui souligne le rôle initiateur de ce dieu.
4. Loki, un dieu parfois utile et souvent cocasse.
4.1. Ainsi peut-on voir Loki aider Thor à récupérer son célèbre marteau. Un jour, à son réveil, Thor ne trouve plus son marteau, celui dont il use pour combattre les géants. Loki, apprenant la chose, se range à ses côtés et lui propose d’aller voir la déesse Freyia afin de lui demander qu’elle leur prête sa « peau de plumes » pour survoler les zones habitées et se rendre ainsi à Iotunheim, le domaine des Géants. Loki enfile ladite peau et va à la rencontre du roi géant Thrym, qui lui avoue avoir volé le marteau de Thor et qu’il n’a l’intention de le rendre qu’en échange de la main de la déesse Freyia. Loki revient à Asgard et informe Thor de la situation, avant d’aller transmettre à Freyia les exigences de Thrym. Freyia entre dans une telle colère que la salle où se réunissent les dieux en tremble sous elle. C’est alors que Loki eut une idée de génie : Thor devrait se rendre à Iotunheim déguisé à l’image de Freyia, tandis que lui-même se déguiserait en suivante ! Et voilà bientôt les deux dieux, ainsi déguisés, en route pour Iotunheim. Le plan semble fonctionner à merveille, bien que l’immense appétit de Thor-Freyia manque de peu de les trahir. Le roi Thrym va finalement chercher le marteau de Thor pour bénir la mariée, mais Thor reprend promptement possession de son bien et se met à exterminer les Géants à grands coups de marteau ! On voit ici Loki dans un rôle positif et qui démontre qu’il peut aussi être utile aux dieux Ases.
4.2. On le voit aussi intervenir positivement dans l’histoire suivante. Skadi, la fille de Thiazi, jura un jour de venger la mort de son père et, pour ce faire, entreprit, armée de pied en cape, d’attaquer les dieux dans leur résidence d’Asgard. Pour l’apaiser, les Ases lui proposèrent de choisir un époux parmi eux. Skadi accepta, à la condition que quelqu’un parvienne à la faire rire, défi que saura relever Loki qui déploya devant elle tout son éventail de pitreries. Skadi jeta finalement son dévolu sur Niord mais ce mariage ne sera guère heureux. En outre, c’est Skadi qui suspendra le serpent venimeux au-dessus de Loki, lorsque les dieux décideront de le punir pour la mort de Baldr, histoire que nous évoquons plus loin.
4.3. Il arrive également à Loki de faire des choix malheureux mais non pas dans un but volontairement malfaisant. Ainsi, afin de se prémunir contre les attaques des Géants, les dieux d’Asgard décidèrent de faire bâtir une enceinte défensive. Loki leur conseilla un architecte à qui les dieux promirent comme salaire, rien moins que le Soleil (la déesse Sol), la Lune (le dieu Mani) et la déesse Freyia. Or, les dieux ne prirent que tardivement connaissance de la véritable nature de cet architecte apparenté à la race des Géants. Aussi blâmèrent-ils Loki pour son choix et exigèrent-ils de lui qu’il les tire de ce mauvais pas. Loki se changea alors en jument afin de distraire Svadilfoeri, le cheval de trait de l’architecte, empêchant ce dernier de terminer le travail dans les délais prévus. Fou de rage, l’architecte apparut soudain sous son aspect de Géant mais Thor accourut bien vite et lui brisa le crâne. Quant à Loki, il donna naissance, quelques mois plus tard, à un cheval doté de huit pattes, à savoir Sleipnir, le coursier d’Odin !
4.4. Loki se trouve donc souvent entraîné dans des situations cocasses provoquées par ses actes irréfléchis. Ainsi, partit-il un jour en expédition en compagnie de deux autres dieux : Odin et Hoenir. Ils tuèrent un bœuf et tentèrent de le faire cuire. Mais chaque fois qu’ils goûtaient la viande, elle était crue. De fait, perché sur la branche d’un chêne, un aigle leur expliqua qu’il était, lui, la cause de ces problèmes de cuisson : la viande ne pourrait être cuite tant qu’il n’aurait pas reçu sa part ! Les exigences du rapaces furent acceptées mais il se servit si copieusement que Loki tenta de la frapper à l’aide d’un bâton. L’aigle s’envola et traîna Loki sur le sol pierreux jusqu’à ce que le dieu lui demande grâce. Le rapace accepta mais, en échange, il exigea de Loki qu’il parvienne à convaincre Idunn de sortir de sa forteresse divine munie de ses pommes d’or (on se souviendra aussi des pommes d’or du jardin des Hespérides emportées par Héraklès). Loki accomplit sa mission et l’aigle, qui n’était autre que le géant Thiazi, emporta Idunn et ses pommes d’or jusqu’à sa demeure de Thrymheim. Privés des pommes magiques, les dieux, qui commençaient à vieillir et à dépérir, exigèrent de Loki qu’il ramène Idunn. Loki partit donc pour Thrymheim sous la forme d’un faucon, trouva Idunn, la changea en noix, la saisit dans ses serres et l’emporta au loin. Le géant Thiazi reprit sa forme d’aigle et se lança à sa poursuite, mais à peine Loki avait-il franchi les limites du domaine des dieux, que ces dernier allumèrent un grand feu que Thiazi, emporté par son élan, ne put éviter. Ainsi périt-il au milieu des flammes.
4.5. On voit Loki emprunter également l’aspect du faucon dans l’histoire suivante. Ayant emprunté le déguisement de faucon de Frigg, Loki se rendit chez le géant Geirrod qu’il espionna sans vergogne du rebord de la fenêtre. Détestant se sentir ainsi épié, Geirrod ordonna qu’on s’empare du rapace, ce qui fut fait promptement, Loki ayant trop tardé à s’envoler. Geirrod s’aperçut rapidement que cet oiseau n’était pas ordinaire et qu’il était en réalité un dieu. Comme Loki refusait de décliner son identité, Geirrod l’enferma durant trois mois dans un coffre et l’affama. Sous la contrainte, Loki dût bien lui révéler son identité et Geirrod exigea de lui qu’il lui amène Thor sans son marteau ni sa ceinture de force. Toutefois, une géante informa Thor de la nature sanguinaire de Geirrod, et lui remit une ceinture de force, un bâton et des gants de fer. Tentant de franchir le fleuve Vimur, Thor, portant Loki accroché à la ceinture, fut surpris par la brusque montée des eaux provoquée par la géante Gialp, fille de Geirrod, qui urinait d’abondance (certaines versions évoquent plutôt les menstruations). Mais Thor lança un gros rocher sur la géante, puis s’extirpa de l’eau en s’accrochant aux branches d’un sorbier, raison pour laquelle cet arbre est nommé « Arbre de la Délivrance de Thor ». Thor et Loki furent accueillis par Geirrod dans une étable à chèvres, ce qui constituait une véritable injure pour des dieux de cette envergure. En outre, les filles de Geirrod tentèrent de tuer Thor mais le dieu les massacra et finit par tuer Geirrod également, grâce aux armes qui lui avaient été données par la géante.
4.6. Toujours accompagné d’Odin et d’Hoenir, périple au cours duquel il eut la malencontreuse idée de frapper l’aigle Thiazi, comme nous l’avons vu, Loki tua tout aussi malencontreusement, d’une pierre bien ajustée, une loutre qui était en train de dévorer un saumon. Faisant ainsi d’une pierre deux coups, les dieux obtinrent tout à la fois un gibier et un poisson, ce qui ne manque pas de les satisfaire grandement. Mais lorsqu’ils demandèrent l’hospitalité au Hreidmar, qui était accompagné de ses deux fils, Fafnir et Regin, ils furent bien vite faits prisonniers, les fermiers ayant reconnu leur loutre, Otr. Les dieux ne sauvèrent leur vie qu’en promettant une indemnité conséquente et c’est Loki qui fut chargé de se procurer le montant de la rançon. Ainsi alla-t-il s’emparer d’un nain nommé Andvari, qui évoluait dans une cascade sous la forme d’un brochet. Loki lui extorqua tout son or, mais également une bague que le nain essayait de préserver et qui lui aurait permis de refaire sa fortune. Aussi le nain lança-t-il la malédiction suivante : « Cet or que Gust posséda jadis mènera deux frères à la mort, et de huit princes provoquera la chute. De mes richesses jamais nul homme ne jouira. » (R. I. Page) Loki n’en ramena pas moins le trésor et Odin décida de garder l’anneau pour lui, mais Hreidmar ayant constaté qu’un des poils de la peau de loutre sur laquelle avait été étendu l’or, était encore visible, Odin se vit dans l’obligation de céder également l’anneau. Loki révéla alors à Hreidmar la suite de la malédiction d’Andvari : « A toi j’ai remis cet or, grande rançon t’offrant en échange de la vie. Mais pour ton fils, prospérité point ne suivra : cela de vous deux provoquera la mort. » (R. I. Page) Fafnir tua son père Hreidmar et s’enfuit avec l’or qu’il garda jalousement dans des monts désolés, alors que son frère Regin préméditait activement sa mort. C’est ce mythe qui donna naissance à la légende de L’Or du Rhin.
4.7. Dans une autre histoire, on peut voir Loki pris au piège de sa vantardise. Ainsi, Thor, Thialfi et Loki se rendirent un jour chez le géant Utgard-Loki qui les mit au défi d’affronter certains adversaires dans diverses disciplines. Thor et Thialfi furent vaincus et humiliés par différents artifices. Quant à Loki, il s’était vanté de pouvoir manger plus que quiconque, mais son adversaire, Logi, fit bien mieux que lui en engloutissant non-seulement la viande mais également les os et même la planche sur laquelle la viande avait été servie ! Loki fut déclaré perdant, mais comment aurait-il pu en être autrement ? Son adversaire Logi n’était autre que le Feu lui-même, qui est le plus vorace de tous les éléments.
5. Loki, un dieu « déchu ».
On peut, par nombre d’aspects, comparer Loki à l’Irlandais Bricriu « à la langue empoisonnée ». Georges Dumézil a, en outre, comparé Loki au diable Syrdon des légendes caucasiennes, ils pourraient même avoir une origine commune, ce qui enracinerait la nature négative de Loki dans un passé très lointain. On peut également retrouver dans le personnage de Loki, des analogies avec le dieu égyptien Seth, même si une influence, d’une civilisation sur l’autre, ne peut être sérieusement envisagée, dans ce cas. « En fait, Loki est un initiateur et c’est par chacune de ses actions que se révèlent les héros et les dieux, que se manifestent le courage, l’intelligence et la véritable nature des êtres. A l’origine des attributs divins qu’il fait faire, par les nains, Loki est aussi indispensable à la pensée mythologique germanique que Seth l’était à la pensée égyptienne. » (Dictionnaire de mythologie et de symbolique nordique et germanique, Thibaut). Un poème intitulé Lokasenna (=Invectives de Loki) évoque Loki comme un dieu rejeté par ses pairs à tel point qu’on évite de l’inviter à une fête car on sait qu’il ne manquera pas d’y jeter le trouble. Il rappelle là le personnage de Bricriu, comme nous l’avons déjà dit, mais également celui d’Eris et sa célèbre « pomme de discorde » ou encore Shiva que Daksha omet volontairement d’inviter à une fête. Loki, toutefois, imposera sa présence et accablera les dieux de ses sarcasmes malveillants. On voit ici Loki apparaître dans un rôle franchement malveillant et malfaisant.
6. Loki, vandale et calomniateur.
C’est également par pur vandalisme qu’il décida un jour de couper la chevelure de Sif, l’épouse de Thor. Afin d’éviter que ce dernier ne lui fracasse le crâne à l’aide de son marteau, Loki promit de demander aux nains de confectionner pour Sif une chevelure d’or. Voilà pourquoi l’or est nommé « Chevelure de Sif ». Les nains fabriquèrent également un navire (Skidbladnir) et une lance (Gungnir). En admirant ces trois objets, Loki paria avec un nain nommé Blokk, que son frère Eitri serait incapable de fabriquer trois objets aussi beaux que ceux-là, et Loki ne fit rien moins que mettre en jeu sa propre tête ! Malgré les piqûres répétées d’une mouche qui n’était vraisemblablement que Loki lui-même, Brokk sut aider Eitri à créer les trois objets demandés, à savoir : un porc aux soies d’or, l’anneau d’or Draupnir et un marteau qui ne manquait jamais sa cible mais dont le manche était toutefois un peu trop court, Brokk ayant été perturbé dans son labeur par la mouche enragée. Ce marteau fut donné à Thor et fut déclaré le meilleur des trésors car il lui permettrait de vaincre les géants. Brokk se prépara donc à décapiter Loki, puisque tel était l’enjeu du pari. Mais Loki prétendit que si sa tête ne lui appartenait plus, son cou, lui, était toujours sa propriété ! Brokk se contenta alors de lui coudre les lèvres afin, peut-être, d’essayer ainsi de l’empêcher de proférer maints propos injurieux, calomnies et paroles irréfléchies qu’il eut souvent à regretter. Dans cette histoire, Loki apparaît sans aucun attribut divin, seulement comme un être capable de métamorphoses.
7. La mort de Baldr.
Esprit malin et rusé, Loki porte la responsabilité de la mort du dieu Baldr, divinité qui est autant pourvue de qualités que Loki est pourvu de défauts. C’est là un des épisodes les plus célèbres de la mythologie nordique. Loki fit périr Baldr par pure méchanceté. Ayant appris que seul le gui n’avait pas prêté serment de ne faire aucun mal à Baldr, il en passa un rameau à Hod l’Aveugle et l’incita, tout en le guidant sournoisement, à tirer sur Baldr afin, prétendument, de démontrer l’invulnérabilité de ce dernier. Baldr s’écroula, frappé à mort par le rameau de gui. Comme l’incident s’était déroulé sur une aire sacrée, les dieux furent dans l’incapacité de tirer immédiatement vengeance de ce crime dont ils connaissaient parfaitement l’instigateur. Mais Hel, la gardienne des Enfers, accepta de libérer Baldr, à la seule condition que tous les êtres, tant vivants qu’inanimés, le pleurent. Si un seul d’entre eux venait à refuser de le pleurer, Hel garderait Baldr auprès d’elle. Une géante nommée Thokk refusa cette requête en ces termes : « Des larmes sèches seulement je verserai pour les funérailles de Baldr. Vif ou mort, le fils de l’homme ne m’a jamais rendu le moindre service. Que Hel conserve son bien. » (Mythes nordiques, R.I. Page) Loki était, bien évidemment, à l’origine du choix de la géante. Afin d’échapper au courroux des dieux, Loki trouva refuge dans une maison à quatre portes dont il lui serait facile de s’échapper en cas de besoin. La journée, il prenait la forme d’un saumon pour aller se dissimuler dans une fontaine nommée Franang. Mais les dieux Ases draguèrent la rivière à l’aide de filet à l’origine conçu par Loki et, à la troisième tentative, Thor attrapa le saumon Loki par la queue et c’est, dit-on, depuis ce temps, que le corps des saumons est resté mince à cet endroit. Les dieux attachèrent Loki solidement avec les boyaux de son fils Narfi -qui avait au préalable été dévoré par son frère Vali, changé en loup par les dieux- et ils suspendirent au-dessus de son visage un serpent qui, depuis, lui crache du venin au visage. A chaque fois que le venin atteint son visage, Loki tressaute et la terre tremble. Sigyn, sa fidèle épouse, tente bien de recueillir le venin et d’en protéger son malfaisant époux, mais chaque fois qu’elle s’en éloigne, le reptile crache à nouveau son poison.
8. Loki et le Ragnarök.
Cela doit durer jusqu’à la fin des temps, jour où Loki précipitera la destruction des dieux. Bien qu’époux de Sigyn, Loki s’accoupla avec la géante Angerboda (=Celle qui annonce le malheur) et de cette union naquit un certain nombre d’êtres terribles et monstrueux : Hel, la déesse des Enfers, le loup Fenrir ou encore le serpent cosmique de Midgard, Iormunngand. Lors du Ragnarök, le « Crépuscule des dieux », Loki commandera les Géants, ennemis des dieux. Il emportera avec lui Nagflar, le « bâteau-ongles », nommé ainsi parce qu’il a été confectionné avec les ongles des morts, le géant Hrym et les fils de Muspell. A propos de Nagflar, il est dit qu’il est déconseillé de mourir les ongles non-taillés, car ceux-ci servent à sa construction. Toujours lors du Ragnarök, Loki, qui incarne le principe des Ténèbres, affrontera en combat singulier Heimdall qui, lui, symbolise la Lumière. Tous deux apparaîtront sous la forme de phoques et finiront par s’entre-tuer sur un îlot rocheux nommé Singastein. Dans les croyances populaires, on dit que c’est le rire diabolique de Loki que les hommes entendront, juste avant la fin du monde.
Eric TIMMERMANS
Bruxelles, le 16 mars 2010.
Loki et Idunn
Sources : Dictionnaire de mythologie et de symbolique nordique et germanique, Robert-Jacques Thibaut, Dervy, 1997 / Dictionnaire des superstitions et des croyances populaires, Pierre Canavaggio, Jean Claude Simoën, 1977 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Le Dieu du Mal, Hervé Rousseau, PUF, 1963 / Mythes nordiques, R.I. Page, Seuil, 1993.