1. Les origines de Ganesh.
Dans la tradition hindoue, Ganesh (ou Ganesa) est le fils aîné de Shiva et de Parvatî. Il est le Seigneur des Multitudes, le dieu de tous les êtres. Il symbolise celui qui a découvert la Divinité en lui. Parvatî créa Ganesh avec la pâte de Santal dont elle s’enduisait le corps (ou avec la sueur de la déesse mélangée à de la poussière). Elle l’institua aussitôt gardien de sa porte. Mais Shiva, empêché de rentrer chez son épouse par Ganesh -dans une autre version, Ganesh garde le bassin où Parvatî se baigne nue- entra dans une violente colère et lui trancha la tête. Parvatî en conçut une telle colère, qu’elle menaça l’univers d’anéantissement. Aussi, Shiva prit-il la tête du premier animal qui passa à proximité pour la substituer à la tête manquante de Ganesh. Le premier animal qui passa était un éléphant et c’est ainsi que ressuscita Ganesh, sous la forme du dieu à tête d’éléphant. Et Shiva, admirant son courage, en fit son fils légitime. Il semble qu’il s’agisse de la seule figure majeure du panthéon hindou à posséder un corps humain associé à une tête d’animal (à l’exception de certaines incarnations de Vishnu, dans une certaine mesure). Il est dit aussi qu’à l’exemple des autres dieux, Ganesh vénère profondément la déesse Lakshmî.
2. Ganesh, dieu des marchands et des voleurs.
Divinité obèse et débonnaire, Ganesh est certainement l’idole la plus populaire du panthéon hindou. Il est toujours invoqué avant de démarrer un projet, de partir en voyage ou même avant de s’adresser à un autre dieu. De fait, dans la tradition hindoue, il y a quatre étapes dans la vie humaine : Kama (=le Désir), Arta (=la Richesse), Dharma (=la Loi) et Mokha(=le Renoncement). Ganesh, qui évoque toutes les possibilités de l’existence et toutes ses expressions, dans le temps et dans l’espace, s’emploie à détruire les obstacles entravant la réalisation de ces quatre desseins. Ganesh est ainsi le dieu des marchands, des voyageurs et des voleurs, tout comme, par exemple, le dieu grec Hermès, mais il est aussi le dieu des Arts, de la Connaissance, des Sciences, du Savoir, et on l’honore toujours, en tant que dieu tutélaire des lettres, avant un spectacle. C’est également Ganesh qui a rédigé d’un trait et avec une incroyable rapidité le Mahabharata. Il aurait réalisé cette prouesse sous la dictée du sage Vyâsa. A noter aussi que l’un des âgama (=recueil shivaïte, source de la Doctrine) est consacré à la vénération de Ganesh.
3. Visualisation.
Ganesh est généralement représenté sous les traits d’un adolescent obèse couronné d’une tête d’éléphant. Il possède également quatre bras et est coiffé d’une tiare. Dans ses quatre mains il tient ses attributs : une hache (parashu), un trident ou encore un crochet, une assiette (vide ou contenant des petites pâtisseries ou modouks), une fleur de lotus ou/et un lien. Le lacet ou lien lui permet de capturer l’Illusion (Moha). Le crochet indique son aptitude à diriger le monde. De ses deux autres mains, il peut indiquer, d’une part, l’accord des faveurs, tandis que de l’autre il éloigne la peur. Son unique défense semble symboliser l’unité profonde du macrocosme et du microcosme. Quant à ses amples oreilles, on leur donne le pouvoir de ventiler la vérité pour en dissiper la poussière d’erreur. A noter encore que Ganesh a pour monture un rongeur (rat ou souris) que l’on nomme Mûshikâ. Il s’agit là du don d’un démon que le dieu a vaincu. L’étrange disproportion naturelle entre ce dieu pour le moins massif et sa monture, symboliserait la grande vivacité de son esprit à l’ubiquité subtile. Mûshikâ symbolise aussi l’abondance.
4. Les multiples noms de Ganesh.
4.1. Ekadanta : « Ganesh n’a plus qu’une dent (ou défense) ». Cela signifie qu’en lui toute dualité a disparu. On représente ainsi Ganesh avec une seule défense.
4.2. Gajânana : De « gajâ » (=éléphant) et « ânana » (=bouche), soit le Seigneur au visage d’éléphant.
4.3. Gananâtha : Ganesh en tant que seigneur et maître des soldats de Shiva, les Ganas.
4.4. Ganapati : Le Seigneur de tous les êtres. Nom donné à Ganesh dans le sud de l’Inde. Il est invoqué pour prévenir les difficultés qui entravent le travail. Le principe de Ganapati est dit Ganapatyam (=la puissance de l’intellect).
4.5. Lambodara : « Gros estomac ».
4.6. Pillayar : « Petit enfant ». Nom donné à Ganesh, en langue tamoule.
4.7. Shubhânana : généreux, bienfaisant, favorable.
4.8. Vighnarâja : Le Seigneur des Obstacles.
4.9. Vighnêshvara (ou Vighneshwer).
4.10. : Vinayak (a) : Le Chef Suprême.
Eric TIMMERMANS.
Bruxelles, le 4 mars 2010.
Sources : Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997 / Les Cinq Livres de la Sagesse – Pancatantra, Alain Porte, Editions Philippe Picquier / L’Inde mystique et légendaire, Louis Frederic, Editions du Rocher, 1994.