1. Diancecht, le dieu médecin des Tuatha dé Danann.
Diancecht (ou Dianchéact mac Easairg) est le dieu-médecin des Tuatha dé Danann, les « Gens de la Déesse Dana » ou dieux de l’ancienne Irlande. Il apparaît comme un aspect de l’Apollon celtique, à l’exemple du Gaulois Bélénos. Son nom signifie « prise rapide », ce qui semble se rapporter à la précision de sa magie et à l’efficacité de sa médecine.
Dieu industrieux, Diancecht englobe dans son art les trois fonctions fondamentales de la tradition indo-européenne. Il exerce sa science :
1. Au niveau sacerdotal avec des incantations.
2. Au niveau guerrier par la chirurgie.
3. Au niveau naturel/fonctionnel avec la médecine des simples.
Diancecht est ainsi capable de guérir tous les maux et toutes les infirmités « sauf si la tête a été coupée ou la dure-mère ouverte ou la moelle épinière tranchée. » (Sterckx)
2. Un dieu anciennement attesté.
Diancecht est aussi l’un des dieux irlandais les plus anciennement attestés. On l’évoque dans un manuscrit datant du 8ème siècle que l’on a retrouvé dans un monastère suisse nommé Saint-Gall. Celui-ci aurait, dit-on, été fondé par le saint irlandais Patrick. Ledit manuscrit, qui contient des incantations à Diancecht et à Goibniu (le dieu forgeron), constituerait un charme destiné à guérir tous les maux. On prête également à Diancecht la paternité d’un traité d’arbitrage en matière de maladies, nommé les Jugements de Dianchéacht.
3. La famille de Diancecht.
Diancecht est le fils d’Easarg, le père de Cian et le grand-père paternel du dieu Lug. Il a deux filles (Airmeith et Eadan) et cinq garçons (Ciach, Cian, Ceitheann, Cù et Miach). Les fils de Diancecht sont traditionnellement les ennemis des fils de Tuirenn, fils d’Ogma, Les fils de Tuirenn constituant d’ailleurs l’un des récits de la tradition celtique d’Irlande.
4. Diancecht dans l’épopée celtique d’Irlande.
Diancecht figure dans tous les grands récits mythologiques concernant les Tuatha dé Danann, et notamment dans les deux Batailles de Mag Tured et dans la Courtise d’Etaine :
4.1. Au cours de la première Bataille de Mag Tured, lorsque Lug se présente devant Tara et dit qu’il est capable de pratiquer tous les arts dont celui de médecin, le portier lui répond : « Nous n’avons pas besoin de toi. Nous avons Diancecht comme médecin. » Dans le même récit, Diancecht fabrique, avec l’aide du forgeron Goibniu, une main d’argent pour le roi des Tuatha dé Danann, Nuada, qui a perdu sa main droite au cours de la bataille. Grâce à sa science, Diancecht parvient à fixer la prothèse au moignon du roi qui paie ainsi son aptitude à régner par une « mutilation qualifiante », paradoxe attesté dans toutes les mythologies indo-européennes (le borgne est voyant, le bègue patronne l’éloquence, le manchot est roi-guerrier, etc…). Diancecht apparaît donc clairement comme un dieu guérisseur. Mais Miach parviendra à surpasser son père dans l’art de la médecine. Alors que Diancecht avait remplacé le bras manquant de Nuada par une prothèse en argent, Miach réussira à lui greffer un nouveau bras de chair. Fou de jalousie, Diancecht tuera son fils d’un coup de glaive.
4.2. Lors de la seconde Bataille de Mag Tured, Diancecht promet de guérir les blessés et voilà ce qu’il répond à Lug lorsque celui-ci lui demande de quels pouvoirs il dispose : « Ce n’est pas difficile, tout homme qui sera blessé, à moins qu’on ne lui ait coupé la tête, ou à moins qu’on ait entamé la membrane de sa cervelle ou sa moëlle épinière, il sera complètement guéri par moi pour le combat le lendemain matin. » Dans le même récit, Diancecht creuse une « fontaine de santé » et la remplit de toutes les herbes magiques nécessaires. Au cours de la bataille, le dieu-médecin y plongera les blessés et les morts et, après avoir récité les incantations d’usage, les guérira et les ressuscitera.
4.3. Dans la Courtise d’Etaine, le dieu Mider rend visite à son fils adoptif, Oengus, au sidh de Brug-na-Boyne et est blessé lors d’un jeu. Diancecht parvient à le soigner avec succès, mais Mider considère cette blessure comme un affront fait à sa personne et exige réparation de son fils adoptif, notamment en lui demandant de lui amener la plus belle fille d’Irlande. Celle-ci ne sera autre qu’Etaine.
Eric TIMMERMANS
Bruxelles, le 29 mars 2010.
Sources : Les Celtes – Les dieux oubliés, Marcel Brasseur, Terre de Brume Editions, 1996 / Les Celtes – Histoire et dictionnaire, Venceslas Kruta, Robert Laffont, 2000 / Dictionnaire historique des Celtes, Pierre Norma, Maxi-Poche Histoire, 2003 / L’épopée celtique d’Irlande, Jean Markale, Petite Bibliothèque Payot, 1973 / Essai de dictionnaire des dieux, héros, mythes et légendes celtes, Fascicule 1, Claude Sterckx, 1998 / Nouveau dictionnaire de mythologie celtique, Jean Markale, Pygmalion, 1999.