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SARASVATÎ, DEESSE DE LA CONNAISSANCE ET FLEUVE CELESTE

1. La déesse Sarasvatî.

sarasvati

 

Le nom de Sararasvatî (ou Saraswatî, Saraswathî) signifie « Qui est comme leau » ou « Celle qui porte les flots ». Dans la tradition védique (Inde), c’est l’un des noms de la Mère Divine.

 

Sarasvatî est aussi la déesse de la Connaissance et de la Parole, de même que la protectrice des Arts et des Sciences. Dans ce rôle, on la nomme aussi Bhârâthî. Elle peut également être identifiée à la déesse Vâc (=parole ou voix ; pron. « vatch »). On peut déceler en elle une fusion du Mouvement et du Son, les deux tressaillements annonciateurs de la Création du Monde : « La parole est la force par laquelle le savoir s’exprime dans l’action » (A. Daniélou). Dans le Rig-Veda, Sarasvatî est considérée comme la « purificatrice et l’origine des doux mots de vérité, l’inspiratrice des nobles pensées. »

 

Sarasvatî apparaît donc comme la maîtresse du Verbe, celle qui enseigne ce que les Rishis (au nombre de sept, les Rishis sont d’anciens Sages qui, en état de méditation profonde, entendirent les hymnes du Véda primordial, émanés du Brahman) ont entendu, vu, appréhendé, à savoir le Véda primordial. On attribua plus tardivement à Sarasvatî la maternité de la langue sanskrite, de l’écriture des dieux (devanâgari) et de tous les arts.

 

Sœur de Lakshmî et épouse de Brahma, on fait aussi parfois de Sarasvatî l’épouse de Vishnu, aux côtés de Lakshmî et Gangâ. Mais considérant que l’entretien de trois épouses jalouses constituait décidément trop d’effort, Vishnu fit don à Brahma de Sarasvatî et de Gangâ à Shiva, ne gardant que Lakshmî. On retrouve là la trimurti (triade) traditionnelle réunissant Brahma le Créateur, Vishnu le Continuateur (celui qui préserve) et Shiva le Destructeur (la destruction devant permettre l’avènement d’une nouvelle création, selon la loi du cycle). Sarasvatî est aussi parfois confondue avec Samdhyâ, la jeune femme issue de Brahma dont celui-ci tombera amoureux.

 

Peu vénérée dans les temples, Sarasvatî est toutefois célébrée tous les ans par la population indienne à l’occasion du Saraswathi Pooja (Navarithiri). A cette occasion, l’on demande à la déesse plein succès pour l’année future.

 

Sarasvatî est représentée assise (parfois en lotus), vêtue sobrement d’un sari blanc, tenant un livre sacré –les Védas-, de même qu’un rosaire, et jouant d’un instrument à corde que l’on nomme vina. Un cygne ou un paon lui sert de monture.

 

2. Le fleuve Sarasvatî.

 

Dans les hymnes du Rig-Veda, le nom de Sarasvatî désigne d’abord un fleuve. Ce n’est qu’ultérieurement qu’elle deviendra la déesse que nous venons de présenter.

 

Bien avant larrivée en Inde des premiers Indo-Européens et antérieurement à leur conquête des rives du Gange donc, la Sarasvatî était considérée comme le seul fleuve céleste, à la fois fleuve et symbole divin des eaux fécondatrices. Cest sur ses rives que se tenaient les cérémonies et que lon faisait les sacrifices.

 

On serait toutefois bien en peine de retrouver aujourd’hui le tracé de ce fleuve dont les eaux, dit-on, se seraient perdues dans les sables du Râjasthân. On suppose parfois que ce cours pourrait correspondre à celui de l’actuelle Sarsutî, mais cette identification est loin d’être certaine. La Sarasvatî garde donc intact tout son mystère.

 

Selon la légende, elle aurait pris naissance dans les piémonts de lHimalaya, dans les monts Sivalik, pour se perdre ensuite, prétend le Mahâbhârata, quelque part dans les sables du grand désert indien en un endroit appelé Vinâsana. Plusieurs rivières actuelles pourraient, en outre, correspondre à cette antique Sarasvatî. Elles se rejoignent lors des crues et forment un large fleuve appelé Ghaggar. Une légende la fait ressortir, invisible, du sol et se jeter dans le Gange près de Vârânasî. En effet, les Indo-Européens poursuivirent leur avancée vers lest, et ils transférèrent bientôt la divinité de Sarasvatî sur le Gange ou Gangâ. Ainsi est-il dit aussi que la grande sainteté du Gange lui viendrait du fait que ses eaux iraient périodiquement se purifier dans celles de la Sarasvatî. Une autre légende fait renaître la Sarasvatî du lac de Pushkara. On dit encore que le confluent sacré Prayâga est constitué du Gange, de la Yamunâ et de la Sarasvatî, désormais invisible.

 

La Sarasvatî, divinisée, sera ensuite, comme nous l’avons dit, associée à Vâc, la divinité de la Parole et du Son Primordial, ainsi qu’au Veda. Sarasvatî n’en devint dès lors que plus sacrée.

 

 

Eric TIMMERMANS

Bruxelles, le 16 février 2010.

 

 

Sources : Guide des religions, Dauphin, 1981 / Les Cinq Livres de la Sagesse Pancatantra, Alain Porte, Editions Philippe Picquier / Le Vedisme. Léveil de la spiritualité indienne. Bernard Baudouin. Editions de Vecchi, 1997 / LInde mystique et légendaire. Louis Frederic. Editions du Rocher, 1994.

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