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KUKULCAN, LE SERPENT A PLUMES DES MAYAS

KUKULCAN, LE SERPENT A PLUMES DES MAYAS

 





 

 

 

 

 

 

1. Kukulcan.

 

1.1. Le Serpent à plumes maya.

 

Kukulcan signifie « Serpent à Plumes ». Il est léquivalent, chez les Mayas du Yucatan, du dieu aztèque Quetzalcoatl. Ainsi le représente-t-on sous les traits d’un serpent fabuleux couvert de plumes. Il semble quon lui donne également le nom dEhecatl.

 

1.2. Un dieu d’origine toltèque ?

 

Kukulcan nest pas un dieu originellement maya. Il a été importé au Yucatan des Hauts Plateaux centraux par les Itza-Putuns et les Toltèques. Aussi le trouve-t-on bien représenté durant la période « Maya-Toltèque » (vers l’an 1000). De fait, il est dit que ce sont les Toltèques qui, avec Kukulcan, on apporté en pays maya le polythéisme, les sacrifices humains, les « auto-sacrifices », les autoportraits d’immolation et les grandes manifestations religieuses effectuées avec splendeur et majesté.

 

1.3. Le culte de Kukulcan : un aspect politique.

 

A Chichen Itza, plusieurs bâtiments sont liés à ce dieu, notamment le Temple des Guerriers, lobservatoire astronomique ou encore la pyramide principale dite de Kukulcan. De même, à Mayapan (capitale politique des Mayas du Yucatan de la fin des années 1220 aux années 1440), le « Castillo » est nommé temple de Kukulcan ; celui-ci apparaît comme un bâtiment dynastique.

 

« Pour la fête donnée à Kukulcan, qui originellement avait lieu à Mayapan jusquà la destruction de cette cité, les provinces envoyaient à tour de rôle tous les deux ans, ou toutes en même temps, cinq magnifiques bannières de plumes à Mani. Le 16 du mois Xul, sy réunissaient les seigneurs et les prêtres, accompagnés dune foule considérable venue des villages, et qui avait préalablement jeûné et fait abstinence. Vers le soir on se rendait en procession, à laquelle participaient des bouffons, au temple de Kukulcan ; on dressait les bannières au sommet du temple, et dans la cour, au pied de la pyramide, les gens disposaient leurs propres idoles sur un lit de feuilles. On allumait le feu nouveau, on brûlait de lencens, et lon offrait des nourritures. Les seigneurs restaient là cinq jours et cinq nuits en dévotions, et pendant ce temps les bouffons allaient de maison en maison recueillir les dons quon leur offrait. Ces offrandes étaient ensuite distribuées aux seigneurs, prêtres et danseurs, qui retournaient chez eux avec leurs bannières et leurs idoles. » (Baudez)

 

Cette fête religieuse comportait donc un aspect politique, lapport des bannières et des idoles étant, vraisemblablement, un hommage rendu par des vassaux à leurs seigneurs. En outre, il est dit que les rois mayas du Yucatan, nommés « Cocomes », prétendaient descendre de Kukulcan. Au lendemain de la destruction de Mayapan (vers 1440), toutefois, le culte de Kukulcan devait prendre le pas sur la manifestation politique.

 

1.4. Le dieu de la planète Vénus.

 

Kukulcan apparaît comme le dieu de la planète Vénus. L’expression Iqo Gih (Lune-Matin ou Lune-Soleil) semble désigner dans ce cas, tant l’ « étoile du soir » (Vesper chez les Romains) que l’ « étoile du matin » (Lucifer chez les Romains). En tant qu’Etoile du Matin, Kukulcan annonça la première aube et la venue du Soleil. Ce rôle lui resta par la suite.

 

Dans le Popol Vuh il est écrit que « sabstenant de manger jusquà la venue de la première aube, les Quichés se retournent souvent pour diriger leurs regards vers lorient (cest-à-dire vers Tulan Zuiva), puis ils arrivent un jour sur le mont Hacauitz, où se lève enfin laurore tant attendue. Brûlant joyeusement de lencens pour fêter cet événement mémorable, les Quichés pleurent de joie en contemplant lapparition de létoile du matin, puis ils observent avec ravissement le premier lever de soleil :

 

Quand il se manifesta, le Soleil était semblable à un homme. Sa face brûlante sécha la surface de la Terre, qui était fangeuse avant sa venue. Et quand il commença à sélever au-dessus de lhorizon, le Soleil ressemblait encore à un homme ; sa chaleur, à cet instant, était insupportable. » (Taube)

 

Ainsi, les premiers hommes assistèrent-ils au premier lever de soleil et immédiatement les dieux des Quichés se transformèrent en pierre. Tel serait à jamais leur aspect après cette aube originelle. Les hommes ne cessèrent plus, dès lors, dattendre et despérer, chaque matin, le retour du soleil.

 

« Que la germination se fasse, que laube se fasse. » Ainsi parlaient-ils lorsquils regardaient, lorsquils invoquaient le retour de laube, là où le soleil se lève, en contemplant Lune-Soleil, la grande étoile qui avant le lever du soleil illumine au ciel sur la terre, le chemin des hommes construits, des hommes formés. » (Raynaud)

 

Kukulcan est également perçu comme un dieu du Vent et, en tant que tel, soulève les sables avant les pluies dont Kukulcan est ainsi l’annonciateur.

 

1.5. Kukulcan : visualisation et attributs.

 

1.5.1. Dans les codex, Kukulcan est représenté comme un être doté dun nez en forme de trompe très caractéristique, ses dents et sa langue apparaissant hors de la bouche. Sa tête apparaît latéralement et un « T » apparaît dans son œil.

 

1.5.2. On représente parfois Kukulcan tenant un feu dans ses mains, assis dans leau ou pensant sous la pluie, ou encore en train de pagayer dans un canoë.

 

1.5.3. Son signe est le jour Caban (=terre). Il est également représenté par le signe du jour Ik.

 

1.5.4. Kukulcan est associé aux couleurs des quatre éléments : Jaune (Air) / Rouge (Feu) / Blanc (Eau) /. Noir (Mort ?).

 

2. Gucumatz.

 

Gucumatz est un autre nom de Kukulcan. Ce nom se retrouve dans le Popol Vuh associé à l’image d’un serpent à plumes Gucumatz était ainsi nommé par les Mayas quichés et cakchiquels des Hautes Terres. Mais sil est prépondérant dans les mythes et les légendes des Mayas postclassiques, Gucumatz-Kukulcan est pratiquement absent des inscriptions et des œuvres dart de lépoque classique.

 

« Voici le récit de comment tout était en suspens, tout calme, tout immobile, tout paisible, tout silencieux, tout vide, au ciel, sur la terre. Voici la première histoire, la première description. Il ny avait pas un homme, un animal, oiseau, poisson, écrevisse, bois, pierre, caverne, ravin, herbe, forêt. Seul le ciel était. La face de la terre napparaissait pas ; seuls étaient la mer illimitée, tout lespace du ciel. Il ny avait rien dassemblé, de joint. Tout était invisible, tout était immobile dans le ciel. Il nexistait rien dédifié. Seulement leau limitée, seulement la mer calme, seule, limitée. Il nexistait rien. Seulement limmobilité, le silence, dans les ténèbres, dans la nuit. Seuls les Constructeurs, les Formateurs, les Dominateurs, les Puissants du Ciel, les Enfanteurs, les Engendreurs, étaient sur leau, lumière épandue. (Leurs symboles) étaient enveloppés dans les plumes, les vertes ; leur nom (graphique) était donc Serpents Emplumés. Ce sont de grands Sages. Ainsi est le ciel, sont aussi les Esprits du Ciel ; tels sont, dit-on, les noms des dieux. » (Raynaud)

 

Ainsi apparaissait lunivers, à lorigine, que lon trouve dans le Popol Vuh, et nous reconnaissons ici le terme de « Serpents Emplumés » qui renvoie au Gucumatz-Kukulcan maya et au Quetzalcoatl aztèque.

 

« Gucumatz, le Serpent Emplumé, est lové sous ces eaux, entouré de plumes vertes et bleues aux reflets chatoyants, tandis que dans ces espaces célestes vit Cœur du Ciel, divinité également nommée Huracan qui se manifeste par « trois formes déclair ». » (Taube)

 

Ce sont ces deux créateurs, Gucumatz et Huracan qui, par la suite, créeront les animaux, les hommes dargile et, après sêtre adressés aux devins Ixpiyacoc et Ixmucane, les hommes de bois, qui devront finalement être détruits. Après lépopée des jumeaux héroïques Hunahpu et Ixbalanque, Gucumatz et Huracan ordonneront à quatre animaux un renard, un coyote, une perruche et un corbeau- de rapporter des épis de maïs jaunes et blancs que la vielle Ixmucane moudra en une fine farine avec laquelle sera façonnée lhumanité actuelle. Par la suite, Gucumatz et Huracan, inquiets de voir cette nouvelle humanité trop savante (encore et toujours la peur de la Connaissance libératrice, à moins qu’il ne s’agisse, purement et simplement, d’une traduction d’inspiration chrétienne…), leur retireront sa science et donneront, en compensation, aux premiers hommes, quatre épouses.

 

3. Xaman Ek.

 

Xaman Ek est également un des noms donnés à lEtoile Polaire, à la planète Vénus. Cest lune des plus importantes divinités astronomiques du panthéon maya. En tant quEtoile Polaire, Xaman Ek est un guide et un protecteur pour les marchands et les voyageurs. Il est, de ce fait, lié à Ek Chuah, le dieu des Marchands et des Voyageurs. Xaman Ek est représenté avec des lèvres épaisses et de grands caches-oreilles. Son visage est fortement ornementé, et sa tête est entourée dun halo de rayons lumineux qui lui donne l’aspect dune étoile (ce qui n’est pas sans faire penser à l’Hélios hellénique). Voilà pourquoi on le nomme également le dieu au Visage Décoré. Ainsi est-il représenté dans les codex. Xaman Ek symbolise le Nord et est représenté par le glyphe du jour Chuen (=singe). On lui connaît également comme glyphes un couteau de sacrifice numéroté 10 ou encore une tête aux lèvres épaisses.

 

 

 

 

 

Eric TIMMERMANS

Bruxelles, le 12 avril 2010.

 

 

Sources : Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997 / Le Popol Vuh, par Georges Raynaud, Jean Maisonneuve Successeur, 2000 / Mythes aztèques et mayas, Karl Taube, Seuil, 1995 / The Mayan Gods, Dante – The Maya World Publisher’s – Musée de Mérida, Yucatan, Mexique / Une histoire de la religion des Mayas, Claude-François Baudez, Albin Michel, 2002.

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P
merci pour les liens à mon blog cordialement philae
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