1. La naissance d’Artémis.
Léto, poursuivie par la jalousie d’Héra, trouva refuge dans l’île d’Ortygie, l’île aux Cailles, la future Délos. C’est là qu’elle accoucha d’Artémis et et d’Apollon, qu’elle eut de son union avec Zeus. Neuf jours après sa naissance, Artémis aida sa mère à accoucher d’Apollon. Artémis et Apollon apparaissent ensemble dans nombre d’histoires. Artémis est une déesse chasseresse.
2. Artémis, déesse lunaire.
Si Apollon est associé au Soleil, Artémis, elle, se voit associée à la Lune. L’un comme l’autre sont des divinités de la Lumière, Artémis symbolisant sous le nom de Phoibé (=Brillante), la lumière de la Lune. Ceci explique la présence d’un croissant de lune dans les cheveux de la déesse : sur une médaille de Pagé, Artémis est représentée sous les traits d’une déesse de la Lune, portant un croissant lunaire dans les cheveux et tenant un flambeau à la main. Avec Hécate et Séléné, Artémis est un des trois aspects de la triple déesse de la Lune.
3. Artémis, une déesse redoutable.
3.1. Il est dit qu’Oreste aurait rapporté en Italie, à Némi, l’Artémis de Tauride, qui apparaît comme une déesse terrible, montée sur un char tiré par deux chevaux. On la représente portant un flambeau à la main et le front surmonté d’un croissant lunaire. On lui sacrifiait vraisemblablement des étrangers, Oreste n’ayant échappé à cette terrible coutume que grâce à sa sœur, Iphigénie. Artémis qui, à l’instar de son frère Apollon, prit le parti des Troyens contre les Grecs, est particulièrement jalouse de ses talents de chasseresse. C’est pourquoi la déesse obligera le roi Agamemnon, qui s’était vanté d’être capable de la surpasser au tir à l’arc, à lui sacrifier sa fille, Iphigénie (qui prendra ainsi la place d’Oreste).
3.2. Actéon commettra la même erreur qu’Agamemnon (à moins qu’il ne surprit la déesse se baignant dans un torrent, selon les versions) et se vit pour cette raison transformé en cerf : ne le reconnaissant plus, ses chiens le dévorèrent. On peut voir Artémis et Actéon représentés sur plusieurs fresques.
3.3. A Sparte, comme en Tauride, Artémis revêtait un aspect redoutable. Elle y était connue sous le nom d’Artémis Orthia et se révélait plus prompte au châtiment qu’à la bienfaisance. On dit que, jadis, dans cette même ville, on lui offrait des sacrifices humains.
3.4. Très susceptible, Artémis crible de ses flèches quiconque lui manque de respect ou insulte sa mère, Léto.
3.5. Pour avoir refusé de sculpter une statue d’Artémis, Brotéas, fils de Tantale, perdit la raison et s’immola par le feu.
3.6. Le jour de ses noces, Admète négligea également de sacrifier à Artémis. En compagnie de son épouse Alceste, il rejoignit le lit nuptial où les deux jeunes mariés eurent le grand déplaisir de trouver des serpents, signes d’une mort prochaine. Seule l’intervention d’Apollon auprès de sa sœur leur permit d’échapper à une mort certaine.
3.7. Le roi Calydon qui avait omis d’offrir les premiers fruits de sa récolte à la déesse, vit ses terres d’Oené ravagées par un sanglier envoyé par Artémis.
3.8. De manière générale, Artémis porte la responsabilité des morts soudaines. Ses flèches sont toujours précises, rapides et mortelles, ce qui n’est pas sans rappeler la déesse égyptienne Sekhmet (de même qu’Apollon lui-même).
3.9. Artémis et Apollon tuèrent les enfants de Niobé parce que celle-ci, trop fière de ses quatorze enfants, avait eu l’imprudence de déclarer sa fertilité supérieure à celle de Léto, mère d’Artémis et Apollon.
3.10. Pour s’être vantée d’avoir été aimée de deux dieux, Poséidon et Apollon, Chioné fut tuée d’une flèche par Artémis.
4. Le cortège de la Chaste Artémis.
Accompagnée des Nymphes, des Charités et des Muses, Artémis parcourt les monts et les forêts d’Arcadie et de Laconie. Elle est connue dans ce rôle sous le nom d’Artémis Hymnea, déesse de la Musique. La déesse exige de ses suivantes une chasteté absolue : lorsqu’elle apprit que la nymphe Callisto s’était laissé séduire par Zeus, la déesse la changea en ourse. Celle-ci faillit bien se faire massacrer, mais Zeus la changea prestement en constellation.
5. Artémis et Hippolyte.
Pour plaire à la déesse, Hippolyte se consacra à elle et fit vœu de chasteté. Aphrodite, la déesse de l’Amour, en fut tellement mécontente qu’elle inspira à Phèdre un amour passionné pour Hippolyte, son beau-fils. Comme ce dernier ne cessait de repousser ses avances, Phèdre alla le calomnier auprès de Thésée, époux de Phèdre et père d’Hippolyte. Thésée chassa son fils et demanda à Poséidon de le punir sévèrement. Le dieu expédia un monstre marin qui effraya les chevaux d’Hippolyte. Les pauvres bêtes, prises de paniques, piétinèrent et massacrèrent leur maître. L’esprit d’Hippolyte descendit alors au Tartare, mais, à la demande d’Artémis, Asclépios le rendit à la vie. Furieuses de l’injure qui leur avait ainsi été faite, les Parques, « fileuses de la Destinée », demandèrent à Zeus de foudroyer Hippolyte. Pour le sauver du divin courroux, Artémis l’emmena, dissimulé dans un nuage, dans son bois sacré. Là, Hippolyte, auquel Artémis conféra l’immortalité, épousa la nymphe Egérie. On dit qu’Hippolyte vit encore dans une chênaie située près du lac d’Aricie. On dit aussi qu’Artémis emmena Hippolyte en Italie où il prit le nom de Virbius et où il se consacra entièrement au culte de Diane, l’Artémis romaine.
6. Artémis et Orion.
Le géant Orion commit un jour l’imprudence de tenter de séduire Artémis. Il était très beau et Artémis ne dédaignait pas sa compagnie. Fou d’amour, Orion tenta de séduire la déesse au cours d’une chasse dans l’île de Chios. C’est alors qu’Artémis fit jaillir du sol un scorpion noir qui piqua Orion au talon. Pour remercier le scorpion de l’avoir défendue, Artémis le changea en constellation : c’est là l’origine du Scorpion du Zodiaque. Mais, regrettant sa sévérité à l’égard d’Orion, Artémis le transporta également dans les cieux où il devint la constellation d’Orion. Mais une autre version de cette histoire rapporte que ce n’est pas Artémis, mais Apollon qui provoqua la mort d’Orion. Voulant préserver la chasteté de sa sœur jumelle, Apollon défia Artémis au tir à l’arc et désigna pour cible un objet qui semblait flotter à la surface de la mer. Or, ledit objet n’était autre que la tête d’Orion nageant loin des côtes.
7. A savoir également.
7.1. Si elle peut se montrer redoutable, Artémis n’en n’est pas moins également une divinité bienfaisante. Ainsi guérit-elle les malades et les blessés, et protège-t-elle les troupeaux. Artémis apparaît donc comme une maîtresse de la Vie et de la Mort, protégeant la Vie d’une part, mais n’hésitant pas, d’autre part, à donner la Mort à ceux qui lui manquent de respect.
7.2. Il semble que sa fonction la plus ancienne l’identifie à une maîtresse des animaux des bois, ce qui en fait, probablement, une déesse d’origine pré-hellénique. Dans l’art archaïque, elle est d’ailleurs représentée sous les traits d’une reine des animaux. On la voit entourée d’animaux sur un alabalaston corinthien de Délos datant du 7ème siècle avant l’ère chrétienne.
7.3. Tout comme Apollon a donné son nom scientifique à la jusquiame (=apollinaris) Artémis a donné le sien à une plante médicinale : l’armoise (=artémisia).
7.4. L’Artémis d’Ephèse rappelle, par certains aspects, la déesse Cybèle. Elle apparaît comme une déesse de la Fertilité et, à l’inverse de la chaste Artémis classique, se livre sans retenue à l’acte sexuel et se pose en déesse nourricière. Ainsi crût-on reconnaître sur sa poitrine, de nombreuses mamelles nourricières, avant de s’aperçevoir qu’il devait plutôt s’agir de testicules de taureau, ce qui n’est pas sans rappeler les sacrifices de taureaux ou tauroboles, pratiqués en l’honneur de Cybèle.
7.5. Il semble qu’un certain nombre de déesses orientales, outre les Artémis de Tauride et d’Ephèse, aient fusionné pour composer le mythe d’Artémis : çitons la Bandis des Thraces, l’Anaïtis des Perses et des Lydiens, l’Artémis Bruronia, de même que la Dyctrynna des Crétois, cette dernière étant, en outre, une protectrice des marins et des pêcheurs.
7.6. Insensible à l’amour, Artémis est considérée comme la protectrice des femmes en mal d’enfants, mais également comme une divinité défendant la chasteté, en commençant par la sienne !
7.8. Un temple dédié à Artémis s’élevait jadis à Carya, en Laconie. Il aurait été élevé par la fille de Dio, roi de Laconie, également nommée Carya. Elle fut, dit-on, aimée de Dionysos et changée en noyer. On célébrait en son honneur les caryatides, fêtes au cours desquelles de jeunes vierges dénudées exécutaient des danses apprises de Pollux. On dit que c’est lorsqu’il vit danser Hellène en caryatide, que Pâris tomba amoureux d’elle.
7.9. Les Phocéens, fondateurs de la ville de Marseille, firent d’Artémis la protectrice de cette ville.
8. Les attributs d’Artémis.
Les principaux attributs d’Artémis sont, sans conteste, l’arc, les flèches et le carquois. Dès sa naissance, la déesse reçut de son père, Zeus, un arc en or et des flèches confectionnés par Héphaïstos. Ainsi surnomme-t-on Artémis, la « Jeune Fille à l’Arc d’Or » (ou d’Argent). Sur un vase de Milo datant du 7ème siècle avant l’ère chrétienne, Artémis est représentée armée d’un arc et d’un carquois, et tenant dans la main droite les bois d’un cerf. Ce vase est conservé à Athènes. Zeus avait changé Léto, la mère d’Artémis, en caille. C’est la raison pour laquelle cet oiseau figure parmi les attributs d’Artémis. Le chien, la biche, la chèvre, le taureau et la tortue figurent également parmi les attributs de la déesse.
9. Artémis-Diane à Rome.
On attribue parfois l’introduction du culte d’Artémis-Diane en Italie, au roi légendaire Servius Tullius. Dans ce contexte, Diane, déesse de la Lumière, acquit les attributs de la déesse chasseresse hellénique.
10. Visualisation.
10.1. Artémis est représentée vêtue d’une tunique courte, chaussée de sandales, portant dans son dos un carquois rempli de flèches, ses cheveux retenus par un bandeau. Elle est souvent accompagnée d’un cerf ou d’une biche.
10.2. A Pompéi, une statue d’Artémis la représente vêtue d’une longue tunique ionienne. Il s’agit là d’une copie d’un original grec du 5e siècle avant l’ère chrétienne.
10.3. Au Louvre est conservé l’Artémis de Gabies qui montre la déesse représentée en pied, dans une attitude pleine de grâce, une main sur l’épaule et occupée à détacher sa chlamyde de chasse.
Eric TIMMERMANS.©
Bruxelles, le 25 janvier 2011.
Sources : Dictionnaire de la mythologie grecque et latine, Odile Gandon, Livre de Poche Jeunesse, 2000 / Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1998.