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ATHENA OU L’ART DE LA GUERRE

 

 

1. La naissance d’Athéna.

 

Avant Héra, Zeus eut une première épouse, Métis, déesse de la Ruse et de la Sagesse. Elle était sur le point d’accoucher d’Athéna (Athênê, en grec) lorsque Zeus apprit que l’enfant à naître représenterait assurément un danger pour son pouvoir. Aussi, le premier des dieux avala-t-il Métis et l’enfant à naître. Mais bientôt, il se mit à souffrir de violents maux de tête. Pour le délivrer, sur le conseil d’Hermès, Héphaïstos lui fendit le crâne d’un coup de hache. Athéna surgit alors de la blessure, casquée et armée de pied en cape. Une légende vraisemblablement plus ancienne présente toutefois les choses de manière différente. Cette version, qui remonterait aux premiers habitants de la Grèce, fait d’Athéna une ancienne déesse de l’Eclair et de l’Orage, née en Libye. Trois nymphes habillées de peaux de chèvre l’y découvrirent près du lac Tritonis et la nourrirent. C’est du nom du lac auprès duquel elle fut trouvée qu’Athéna tiendrait son nom de Tritogeneia (=Fille des Eaux). Enfin, une autre explication donnée par un mythe crétois, fait surgir la déesse d’un nuage fendu par Zeus, dans la région des « eaux supérieures » (=nuées).

 

2. Une déesse de la Guerre aux multiples fonctions.

 

Athéna, l’une des douze grandes divinités de l’Olympe, est surtout connue pour être une déesse de la Guerre dont elle incarne les aspects subtils et calculateurs, plutôt que la force brutale, rôle imparti au dieu de la Guerre, Arès. En tant que déesse de la Guerre, Athéna marche à la tête des armées (Athéna Promachos) et bénit les guerriers. On lui attribue également l’invention du char de combat (hippomobile). La Sagesse et l’Intelligence héritée de sa mère, Métis, en font également une patronne de tous les Arts (Athéna Ergané) et, notamment, des travaux de la forge et de tous les arts mécaniques. On la voit exceller dans les travaux d’aiguille, mais ne supportant aucune rivalité, elle transforma la malheureuse Arachné en araignée parce qu’elle s’était avérée plus habile fileuse qu’elle-même. En Béotie, on attribuait à la déesse l’invention de certains instruments de musique, dont la flûte. Athéna apparaît donc comme l’incarnation même de la civilisation hellénique, sous ses aspects les plus divers.On voit aussi en elle, une protectrice de la famille et du foyer. Elle veille sur la santé des hommes, rôle pour lequel on la connaît sous le nom d’Athéna Hygeia. C’est elle qui donna à Asclépios le sang de la Gorgone Méduse avec lequel le dieu put ressusciter les morts. Athéna est également une déesse de la Fertilité et de la Fécondité. A l’occasion de certaines fêtes qui lui étaient consacrées, on lui offrait des gâteaux en forme de phallus ou de serpent, symboles de fécondité.

3. Athéna, protectrice d’Athènes et de l’Attique.

 

On classe Athéna parmi les Poliades, nom générique qui désigne les dieux protecteurs d’une cité. Athéna est la déesse protectrice de l’Acropole d’Athènes, cœur de la cité. Au lendemain de sa victoire sur Poséidon en Attique, Athéna devint la protectrice de cet Etat, celle qui garantit partout l’équité et la juste application des lois. Au cours du conflit qui l’opposa à Poséidon, ce dernier frappa l’Acropole de son trident et en fit jaillir un splendide coursier ou, selon une autre version, un lac salé. Mais Athéna frappa le sol de sa lance et offrit ainsi aux habitants du pays, un olivier, symbole de paix et de richesse. C’est ainsi qu’Athéna fut choisie comme protectrice de l’Attique, de préférence à Poséidon. Deux statues d’Athéna, l’une d’Athéna Promachos et l’autre d’Athéna Lemnia, furent trouvées sur l’Acropole d’Athènes. Elles datent d’environ 447 avant l’ère chrétienne. La première statue n’existe plus et la seconde n’est connue que par une tête de la déesse, conservée à Bologne. La déesse se posera en protectrice des héros légendaires de la tradition hellénique : Achille, Persée (sur une métope archaïque de Sélinonte, datant du début du 6e siècle avant l’ère chrétienne, Athéna est représentée sur des reliefs comme la protectrice de Persée), Ménélas, Ulysse, Héraklès (sur une métope du temple de Zeus à Olympie, datant du 6e siècle avant l’ère chrétienne, Athéna est représentée comme soutien d’Héraklès), Bellérophon, Diomède… Athéna protègera aussi la plupart des chefs grecs, lors de la guerre de Troie, ayant été rendue furieuse par le « Jugement de Pâris » qui vit ce dernier choisir Aphrodite comme étant la plus belle des déesses, au détriment d’Athéna et d’Héra. Bien que protectrice de la ville d’Athènes à laquelle elle donna son nom, Athéna n’en fut pas moins vénérée en Béotie, dans l’île d’Eubée, en Thessalie, dans le Péloponnèse, dans les îles grecque, en Asie mineure et jusqu’à Troie elle-même.

 

4. Athéna dans l’Odyssée.

 

On retrouve Athéna dans la plupart des récits mythologiques grecs, ainsi, dans l’Odyssée. Athéna y apparaît tout particulièrement comme la protectrice d’Ulysse et de sa famille. Pour permettre à Ulysse d’entrer incognito dans son palais, où les prétendants assiégeaient Pénélope de leurs demandes pressantes, Athéna le changea en vieillard décrépi et revêtu de haillons. Mais le moment venu, elle lui rendit sa forme et sa force naturelles, et lui dit : « Fils de Laerte, écoute ! Ô rejeton des dieux, Ulysse aux mille ruses ! Il est temps de parler : ton fils doit tout savoir ; il vous faut combiner la mort des prétendants et prendre le chemin de la fameuse ville ; vous m’aurez avec vous ; je serai là, tout près, ne rêvant que bataille. » A ces mots, le touchant de sa baguette d’or, Athéna lui remit d’abord sur la poitrine sa robe et son écharpe tout fraîchement lavée, puis lui rendit sa belle allure et sa jeunesse : sa peau redevint brune et ses joues bien remplies ; sa barbe aux bleus reflets lui revint au menton ; le miracle achevé, Athéna disparut. » (Odyssée, chant XVI).

5. Les noms d’Athéna.

 

5.1. Agoraia : La « Conseillère des dieux ». Athéna reçut de sa mère, Métis, le sens de la sagesse et une noble raison. Elle sut s’imposer aux dieux qu’elle aida à vaincre les Géants lors de la Gigantomachie. Elle devint dès lors, une précieuse conseillère des dieux.

 

5.2. Boulaia : La « Médiatrice dans les conflits ».

 

5.3. Ergané : Patronne de tous les arts et, notamment, des travaux de la forge et des arts mécaniques.

 

5.4. Glaukopis : « Aux yeux pers », « Au regard de chouette ». Ce regard, selon Homère, permet à la déesse de voir au travers des ténèbres de la nuit et de l’ignorance.

 

5.5. Hippia : « La protectrice des chevaux ». On attribue l’invention de la bride à Athéna (ou à Poséidon).

 

5.6. Hygeia : « Santé ». Qui veille sur la santé des hommes.

 

5.7. Lemnia : Cette Athéna est la moins militaire des statues commandées par les colons de Lemnos à Phidias (avec la Promachos et la Parthénos). Elle symbolise la paix après la victoire.

 

5.8. Niképhora : La « Victorieuse ». Dans les représentations de la déesse sur des vases à figures noires datant d’environ 500 à 300 avant l’ère chrétienne, une place particulière est réservée à la distribution des prix, organisée à l’occasion des Panathénées : Athéna appraît dans une attitude combattive, entre deux colonnes ornées d’un coq et d’une Nikê (=Victoire). On célébrait également d’autres fêtes en l’honneur d’Athéna : Arrérophories, Skirophories.

 

5.9. Pallas : « Pucelle ». Le nom de Pallas est attribué à Athéna lui fut attribué en référence à un combat amical qui l’aurait opposé à l’une de ses compagnes de jeu portant ce nom. Au cours de cette joute, Athéna tua accidentellement Pallas. Selon une autre version, rapportée par Apollodore, Zeus détourna le coup fatal en interposant l’égide de la déesse. Dans cette version, Pallas apparaît comme la sœur d’Athéna et fut élevée par le dieu-fleuve Triton (ce qui renvoie au nom de Tritogeneia que l’on donne également à Athéna). Dans tous les cas, ce serait pour perpétuer le nom de Pallas qu’Athéna ajouta son nom au sien pour donner Pallas-Athéna. Suite à cet événement, la déesse fit sculpter le palladion (ou palladium), soit une statue dépourvue de pieds, haute de trois coudées et qui la représente revêtue de l’égide, portant une lance dans sa main droite et tenant dans sa main gauche, un fuseau et une quenouille. Nous l’avons vu, Athéna est également la patronne des travaux d’aiguille. Le palladion est devenu le talisman de la ville d’Athènes. Toutefois, selon une autre version, on retrouve le palladion à Troie, où elle était naturellement conservée dans le sanctuaire d’Athéna. C’est là qu’Ulysse et Diomède l’auraient dérobé pour le ramener en Grèce. Mais on dit aussi que le palladion serait resté à Troie jusqu’à l’invasion romaine. Ensuite, Enée l’ayant retrouvé dans les ruines du temple, le fit transporter en Italie. A noter encore que pour se protéger du mauvais sort, les marins plaçaient un palladium en bois dans une niche située à la proue de leur navire. Enfin, une autre tradition assimile Pallas à un Géant, père d’Athéna, qui aurait tenté d’abuser de sa fille. Mais Athéna le vainquit, l’écorcha vif et se revêtit de sa peau.

 

5.10. Parthénos : « Vierge ». Le nom de Parthénos est à mettre en rapport avec le sanctuaire principal de la déesse : le Parthénon d’Athènes. A noter qu’une statue d’Athéna Parthénos, datant d’environ 438 avant l’ère chrétienne, fut trouvée au Parthénon. Elle a hélas été détruite. Les Grecs considéraient la virginité d’Athéna comme le symbole de l’inviolabilité de leurs villes. Toutefois, selon certains mythes primitifs, la déesse aurait été abusée par Poséidon, de même que par Borée. Elle eut également une liaison avec Héphaïstos dont les fruits furent, toujours selon ces anciens mythes, Oychnos et Erychtonios. Athéna les éleva et ils devinrent les premiers rois légendaires d’Athènes. De cette union naquit également le Serpent, auquel la déesse accorda le pouvoir de ressusciter les morts à l’aide du sang de la Gorgone Méduse. Symboles de régénération, du fait du processus de mue qui les caractérise, les serpents étaient intégrés dans le culte d’Athéna. Ceci dit, parce qu’il avait attenté à sa virginité, Athéna fit chasser Héphaïstos de l’Olympe. Les atteintes au caractère virginal d’Athéna furent, par la suite, rejetées par les Grecs qui voyaient dans cet aspect de la déesse, comme nous l’avons vu, un symbole de l’inviolabilité de leurs villes. Les noms soulignant la virginité d’Athéna ne sont pas sans évoquer celui de Kanya Kumari (=la Demoiselle Vierge) que l’on applique à la déesse indienne Durgâ, une autre déesse guerrière.

 

5.11. Polias (« Lieutenante ») : Tous les quatre ans, la bourgeoisie grecque célébrait les Panathénées en l’honneur d’Athéna Polias. A cette occasion, les jeunes filles d’Athènes lui faisaient présent d’une tunique de femme nommée péplos. Ce vêtement était somptueusement brodé. Une immense procession se déroulait à travers la ville d’Athènes et constituait l’un des points forts de cette célébration. Elle cheminait jusqu’au Parthénon où l’on vêtait la déesse du péplos.

 

5.12. Promachos : « Qui combat au premier rang ».

 

5.13. Pronaia : Athéna, en tant qu’incernation de la civilisation hellénique sous ses différents aspects : Sagesse, Intelligence, Force guerrière, Modération des mœurs, Beauté.

 

5.14. Tritogeneia : « Fille des Eaux ». Ce nom aurait été donné à Athéna en référence au nom du lac Tritonis auprès duquel, selon une version de sa légende, elle aurait été trouvée. Ce nom, qui renvoie aussi au nom du dieu-fleuve Triton dans l’histoire d’Athéna et de Pallas, peut également s’expliquer par un mythe crétois qui fait surgir la déesse d’un nuage fendu par Zeus dans la région des « eaux supérieures » (=nuées).

 

6. Les attributs d’Athéna.

 

Parmi les attributs d’Athéna, on compte, outre la lance d’or, le casque, l’égide et le bouclier orné de la tête de Méduse, la chouette (ou le hibou ; vers 650 avant l’ère chrétienne, les pièces de monnaie de la ville d’Athènes furent frappées à l’effigie de la déesse : sur le revers figure la chouette ou le hibou), le coq et le serpent.

 

7. Athéna à Rome.

 

Les Romains identifièrent Athéna à Minerve. On compte plusieurs statues romaines d’Athéna : l’Athéna Albani, l’Athéna Farnèse et l’Athéna Velletri. On retrouve également l’image de la déesse sur des gemmes, dont la célèbre gemme d’Aspasios (époque d’Auguste).

 

8. Visualisation.

 

Athéna est représentée sous les traits d’une jeune femme guerrière, portant casque et cuirasse (l’égide, qui recouvre ses épaules et sa poitrine), armée d’une lance d’or et d’un bouclier (sur lequel figure la tête de la Gorgone Méduse). On la représente aussi assise sur un trône, portant l’égide et arborant le visage de la Gorgone Méduse ou coiffée d’un casque orné d’un sphinx et de deux griffons. A l’origine, toutefois, à l’instar de Cybèle, par exemple, Athéna était représentée par un aérolithe, avant d’être représentée par une statue que l’on disait également d’origine céleste.

 

Eric TIMMERMANS ©

Bruxelles, le 4 février 2011.

 

 

Sources : Dictionnaire de la mythologie grecque et latine, Odile Gandon, Livre de Poche Jeunesse, 1996 / Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1998 / L’Odyssée, Homère, traduit et présenté par Victor Bérard, Livre de Poche, 1984.

 

 

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