1.Horus, dieu de Hierakonpolis.
La figure du dieu Horus (=le Lointain ?) est particulièrement complexe. Il fut, à l’origine, et ce dès la période prédynastique, le dieu du sud de l’Egypte. Les rois de cette région, qui avaient entrepris la conquête de l’Egypte septentrionale et avaient finalement unifié le pays, 3.000 ans avant l’ère chrétienne, avaient pour dieu, dans leur capitale de Hierakonpolis, un dieu faucon nommé Horus qui allait bientôt devenir l’unique protecteur de la royauté. Le pharaon était nommé lui-même « Horus » et était vénéré sur terre comme un signe de la présence du dieu, voire comme son incarnation.
2.Horus, dieu de la Lumière.
Horus est la forme latinisée du nom du dieu Her (=la Face ( ?), celle du dieu Soleil Rê). En effet, Horus fut également considéré comme une manifestation du soleil divin. Sous le nom de Harakhty (=Horus de l’horizon), on vit en lui une manifestation de Rê : Rê-Harakhty, le soleil de midi (le soleil levant étant Khépri et le soleil couchant, Atoum). Sous le nom de Harmakhis (=Horus dans l’horizon), Horus apparaît comme le soleil de l’Aube et du Crépuscule, et est assimilé au grand sphinx de Gizeh. Sous le nom de Harprê, Horus est « Horus le Soleil ». De fait, dès la 18ème dynastie, Horus fut considéré comme une manifestation des trois formes de Rê (le soleil levant, le soleil au zénith et le soleil couchant). Horus symbolise donc l’énergie solaire et céleste (les yeux d’Horus représentent le soleil et la lune), la lumière qui illumine le monde. Il est dit qu’il est né le 25e jour du mois de Méchir, ce qui semble correspondre au 25 décembre et à cette période du Solstice d’Hiver qui inspira notamment les adorateurs de Mithra, sans oublier les adeptes de la Nativité christique. Les Grecs, quant à eux, identifièrent le dieu solaire Horus, à Apollon. Jusqu’à une époque tardive, Horus fut adoré à Kom Ombo, sous le nom de Haroeris (=Fils de Rê) et fut assimilé au dieu d’Héliopolis, Chou. Haroeris constituait une triade avec la déesse Tasentnefert (=la Sœur parfaite) et leur fils, Panebtaoui (=le Maître des deux terres). On honora également à Edfou, un autre Horus solaire et céleste, apparaissant sous les traits d’un dieu ailé. Epoux de la déesse Hathor, il était également le père d’un autre Horus enfant nommé Harsomtous (=Horus qui unit les Deux Terres, également nommé Ihy). Ce dernier était représenté sous les traits d’un petit musicien doté s’un sistre, fils d’Horus, incarnation de ce dernier et gardien de l’ordre universel. Notons encore qu’en tant que dieu de la Lumière, Horus personnifie également l’enseignement initiatique.
3.Horus et Seth ou le combat de la Lumière contre les Ténèbres.
horus seth
Horus est le fils d’Isis et d’Osiris. Il naquit après l’assassinat de son père par son oncle, Seth, soit après qu’Isis eut ressuscité Osiris pour s’unir à lui et donner naissance à Horus, raison pour laquelle Horus est considéré comme le « fils posthume » d’Osiris. Lorsque Seth apprit qu’Isis était enceinte d’Horus, il mit tout en œuvre pour nuire au jeune dieu et à sa mère. Seth fit exiler Isis sur une île du Delta du Nil ou, plus précisément, dans les marais de Chemmis, dans ce même Delta infesté de crocodiles. Malgré tout, Isis, ne se nourrissant que de coquillages et ne s’abreuvant que de l’eau jaillissant d’une source, mit Horus au monde et l’allaita trois ans durant. Ainsi naît l’image, particulièrement populaire, du jeune dieu nu, portant la mèche caractéristique des garçon impubère, suçant parfois son index, représenté seul ou assis sur les genoux d’Isis, image qui inspirera vraisemblablement celle de la Vierge et de l’Enfant Jésus. Le culte d’Horus enfant se répand sous différentes dénominations : Harsiesis (Horus, fils d’Isis), Harpocrate (Horus enfant, assimilé à l’Eros hellénique) et, sous cette forme enfantine, il fut encore, du Nouvel Empire à l’époque romaine, un jeune dieu solaire, fils de Rattaouy (double féminin de Rê) et de Montou. Poursuivi par la haine de Seth, le jeune dieu, protégé par sa mère et veillée par quelques déesses, dont Nephtys, sa tante et épouse de Seth, doit se cacher dans des marais où il aura à affronter un grand nombre de dangers et de maladies. De là naîtra la réputation d’Horus de pouvoir éloigner les animaux dangereux, de guérir les morsures des serpents, des scorpions et des autres animaux venimeux. Devenu adulte, Horus livrera à Seth un combat pour venger son père, d’où le nom qu’il recevra : Harendotes (=Horus, vengeur de son père). Au cours de ce combat, Horus perdra un œil (celui correspondant à la lune, bien que certaines versions évoquent la perte des deux yeux) et Seth sera émasculé. Thot interviendra pour séparer les deux dieux et leur rendre leurs attributs respectifs. Commence alors une longue procédure judiciaire arbitrée par les dieux qui se clotûre, selon les versions par l’un des deux jugements suivants : (1) Horus obtient la Haute-Egypte, alors que Seth obtient la Basse-Egypte, la réconciliation et le partage intervenant entre les deux dieux s’incarnant dans la personne du pharaon, « Seigneur des deux terres » (version politique de Memphis), (2) Horus obtient la souveraineté des deux royaumes, alors que Seth, déclaré vaincu, doit se contenter de régner sur les déserts, les terres infertiles et les pays étrangers (c’est sans doute là la version d’origine). Si d’un point de vue politique, le conflit entre Horus et Seth peut symboliser le conflit entre la Haute et la Basse Egypte, se concluant, comme on l’a vu, par la réconciliation et l’unité, il est, plus vraisemblablement, à l’origine, un combat opposant la Lumière (Horus) aux Ténèbres (Seth), dont la première sortira en vainqueur incontesté.
4.Les quatre fils d’Horus.
Horus aura quatre fils, vraisemblablement nés d’une union incestueuse avec Isis : Imset (ou Amseti, à tête humaine ; gardien du foie), Hâpi (à tête de babouin, gardien des poumons), Douamoutef (à tête de chien, de chacal, de canidé, gardien de l’estomac ; cette représentation zoomorphe n’est pas sans rappeler certaines représentations de saint Christophe) et Qébehsénouf (à tête de faucon, gardien des intestins). Sans doute n’est-il pas inintéressant d’établir un parallèle avec les quatre évangélistes du Nouveau Testament, dont, à l’exemple des Hayot (=Vivants) hébraïques, l’un est représenté avec une face humaine et les trois autres avec des têtes d’animaux (taureau, lion, aigle). Ces quatre fils d’Horus, qui correspondent aux quatre points cardinaux, personnifient des forces spirituelles et sont l’incarnation terrestre de l’énergie de leur père. En outre, ils protègent les défunts (et tout particulièrement, de leurs viscères conservés dans les vases canopes, comme nous l’avons vu…) et sont les gardiens de leur transformation posthume. Sur les peintures murales, les quatre fils d’Horus sont généralement représentés ensemble, debout sur une fleur de lotus. A noter qu’à l’arrière du temple de Kôm Ombo (nord d’Assouan, Egypte ; ce temple double était consacré à Sobek et à Haroeris, forme d’Horus qui signifie « Fils de Rê ») on peut voir une représentation de quatre animaux (lion, taureau, faucon) qui ne sont pas sans rappeler la symbolique de trois des quatre Evangélistes ; l’être à face humaine qui devrait logiquement compléter cette représentation, a, quant à lui, été détruit.
5. A savoir également.
5.1. Lors de son pèlerinage annuel, la statue de la déesse Hathor rendait visite à l’Horus d’Edfou. De leur union devait naître, dix mois plus tard, Harsomtous. La déesse rendait également visite à l’Horus de Hiérakonpolis.
5.2. Il est dit que le petit Horus, piqué par un scorpion dans les marais où il se cachait, fut sauvé par la magie du dieu Thot. C’est également par magie que Thot restituera à Horus et à Seth les organes qu’ils avaient perdu durant leur combat.
6. Visualisation.
Horus apparaît sous les traits d’un faucon ou d’un homme à tête de faucon. Il existe également diverses représentations d’Horus enfant que nous avons évoquées. Il est aussi souvent représenté par un œil nommé Œil d’Horus, ou encore par un disque solaire doté d’ailes de rapace.
Eric TIMMERMANS
Bruxelles, le 6 décembre 2009.
Sources : Dictionnaire des symboles, J. Chevalier et A. Gheerbrant, Robert Laffont-Jupiter, 2004 / Dictionnaire historique de l’Egypte, Pierre Norma, Maxi-Poche Histoire, 2003 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Petit dictionnaire des dieux égyptiens, Alain Blottière, Zulma, 2005.