Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 19:34


1.Horus, dieu de Hierakonpolis.

 

La figure du dieu Horus (=le Lointain ?) est particulièrement complexe. Il fut, à lorigine, et ce dès la période prédynastique, le dieu du sud de lEgypte. Les rois de cette région, qui avaient entrepris la conquête de lEgypte septentrionale et avaient finalement unifié le pays, 3.000 ans avant lère chrétienne, avaient pour dieu, dans leur capitale de Hierakonpolis, un dieu faucon nommé Horus qui allait bientôt devenir lunique protecteur de la royauté. Le pharaon était nommé lui-même « Horus » et était vénéré sur terre comme un signe de la présence du dieu, voire comme son incarnation.

 

2.Horus, dieu de la Lumière.

Horus est la forme latinisée du nom du dieu Her (=la Face ( ?), celle du dieu Soleil Rê). En effet, Horus fut également considéré comme une manifestation du soleil divin. Sous le nom de Harakhty (=Horus de lhorizon), on vit en lui une manifestation de Rê : Rê-Harakhty, le soleil de midi (le soleil levant étant Khépri et le soleil couchant, Atoum). Sous le nom de Harmakhis (=Horus dans lhorizon), Horus apparaît comme le soleil de lAube et du Crépuscule, et est assimilé au grand sphinx de Gizeh. Sous le nom de Harprê, Horus est « Horus le Soleil ». De fait, dès la 18ème dynastie, Horus fut considéré comme une manifestation des trois formes de Rê (le soleil levant, le soleil au zénith et le soleil couchant). Horus symbolise donc lénergie solaire et céleste (les yeux dHorus représentent le soleil et la lune), la lumière qui illumine le monde. Il est dit quil est né le 25e jour du mois de Méchir, ce qui semble correspondre au 25 décembre et à cette période du Solstice dHiver qui inspira notamment les adorateurs de Mithra, sans oublier les adeptes de la Nativité christique. Les Grecs, quant à eux, identifièrent le dieu solaire Horus, à Apollon. Jusquà une époque tardive, Horus fut adoré à Kom Ombo, sous le nom de Haroeris (=Fils de Rê) et fut assimilé au dieu dHéliopolis, Chou. Haroeris constituait une triade avec la déesse Tasentnefert (=la Sœur parfaite) et leur fils, Panebtaoui (=le Maître des deux terres). On honora également à Edfou, un autre Horus solaire et céleste, apparaissant sous les traits dun dieu ailé. Epoux de la déesse Hathor, il était également le père dun autre Horus enfant nommé Harsomtous (=Horus qui unit les Deux Terres, également nommé Ihy). Ce dernier était représenté sous les traits dun petit musicien doté sun sistre, fils dHorus, incarnation de ce dernier et gardien de lordre universel. Notons encore quen tant que dieu de la Lumière, Horus personnifie également lenseignement initiatique.

 

3.Horus et Seth ou le combat de la Lumière contre les Ténèbres.

 

 

horus                                                 seth

 

 

Horus est le fils dIsis et dOsiris. Il naquit après lassassinat de son père par son oncle, Seth, soit après quIsis eut ressuscité Osiris pour sunir à lui et donner naissance à Horus, raison pour laquelle Horus est considéré comme le « fils posthume » dOsiris. Lorsque Seth apprit quIsis était enceinte dHorus, il mit tout en œuvre pour nuire au jeune dieu et à sa mère. Seth fit exiler Isis sur une île du Delta du Nil ou, plus précisément, dans les marais de Chemmis, dans ce même Delta infesté de crocodiles. Malgré tout, Isis, ne se nourrissant que de coquillages et ne sabreuvant que de leau jaillissant dune source, mit Horus au monde et lallaita trois ans durant. Ainsi naît limage, particulièrement populaire, du jeune dieu nu, portant la mèche caractéristique des garçon impubère, suçant parfois son index, représenté seul ou assis sur les genoux dIsis, image qui inspirera vraisemblablement celle de la Vierge et de lEnfant Jésus. Le culte dHorus enfant se répand sous différentes dénominations : Harsiesis (Horus, fils dIsis), Harpocrate (Horus enfant, assimilé à lEros hellénique) et, sous cette forme enfantine, il fut encore, du Nouvel Empire à lépoque romaine, un jeune dieu solaire, fils de Rattaouy (double féminin de Rê) et de Montou. Poursuivi par la haine de Seth, le jeune dieu, protégé par sa mère et veillée par quelques déesses, dont Nephtys, sa tante et épouse de Seth, doit se cacher dans des marais où il aura à affronter un grand nombre de dangers et de maladies. De là naîtra la réputation dHorus de pouvoir éloigner les animaux dangereux, de guérir les morsures des serpents, des scorpions et des autres animaux venimeux. Devenu adulte, Horus livrera à Seth un combat pour venger son père, doù le nom quil recevra : Harendotes (=Horus, vengeur de son père). Au cours de ce combat, Horus perdra un œil (celui correspondant à la lune, bien que certaines versions évoquent la perte des deux yeux) et Seth sera émasculé. Thot interviendra pour séparer les deux dieux et leur rendre leurs attributs respectifs. Commence alors une longue procédure judiciaire arbitrée par les dieux qui se clotûre, selon les versions par lun des deux jugements suivants : (1) Horus obtient la Haute-Egypte, alors que Seth obtient la Basse-Egypte, la réconciliation et le partage intervenant entre les deux dieux sincarnant dans la personne du pharaon, « Seigneur des deux terres » (version politique de Memphis), (2) Horus obtient la souveraineté des deux royaumes, alors que Seth, déclaré vaincu, doit se contenter de régner sur les déserts, les terres infertiles et les pays étrangers (cest sans doute là la version dorigine). Si dun point de vue politique, le conflit entre Horus et Seth peut symboliser le conflit entre la Haute et la Basse Egypte, se concluant, comme on la vu, par la réconciliation et lunité, il est, plus vraisemblablement, à lorigine, un combat opposant la Lumière (Horus) aux Ténèbres (Seth), dont la première sortira en vainqueur incontesté.

 

4.Les quatre fils dHorus.

 

 

Fichier:Four sons of Horus.svg

 


 

Horus aura quatre fils, vraisemblablement nés dune union incestueuse avec Isis : Imset (ou Amseti, à tête humaine ; gardien du foie), Hâpi (à tête de babouin, gardien des poumons), Douamoutef (à tête de chien, de chacal, de canidé, gardien de lestomac ; cette représentation zoomorphe nest pas sans rappeler certaines représentations de saint Christophe) et Qébehsénouf (à tête de faucon, gardien des intestins). Sans doute nest-il pas inintéressant détablir un parallèle avec les quatre évangélistes du Nouveau Testament, dont, à lexemple des Hayot (=Vivants) hébraïques, lun est représenté avec une face humaine et les trois autres avec des têtes danimaux (taureau, lion, aigle). Ces quatre fils dHorus, qui correspondent aux quatre points cardinaux, personnifient des forces spirituelles et sont lincarnation terrestre de lénergie de leur père. En outre, ils protègent les défunts (et tout particulièrement, de leurs viscères conservés dans les vases canopes, comme nous lavons vu) et sont les gardiens de leur transformation posthume. Sur les peintures murales, les quatre fils dHorus sont généralement représentés ensemble, debout sur une fleur de lotus. A noter quà larrière du temple de Kôm Ombo (nord dAssouan, Egypte ; ce temple double était consacré à Sobek et à Haroeris, forme dHorus qui signifie « Fils de Rê ») on peut voir une représentation de quatre animaux (lion, taureau, faucon) qui ne sont pas sans rappeler la symbolique de trois des quatre Evangélistes ; lêtre à face humaine qui devrait logiquement compléter cette représentation, a, quant à lui, été détruit.

 

5. A savoir également.

 

5.1. Lors de son pèlerinage annuel, la statue de la déesse Hathor rendait visite à lHorus dEdfou. De leur union devait naître, dix mois plus tard, Harsomtous. La déesse rendait également visite à lHorus de Hiérakonpolis.

 

5.2. Il est dit que le petit Horus, piqué par un scorpion dans les marais où il se cachait, fut sauvé par la magie du dieu Thot. Cest également par magie que Thot restituera à Horus et à Seth les organes quils avaient perdu durant leur combat.

 

6. Visualisation.

 

Horus apparaît sous les traits dun faucon ou dun homme à tête de faucon. Il existe également diverses représentations dHorus enfant que nous avons évoquées. Il est aussi souvent représenté par un œil nommé Œil d’Horus, ou encore par un disque solaire doté d’ailes de rapace.

 

 

Eric TIMMERMANS

Bruxelles, le 6 décembre 2009.

 

 

Sources : Dictionnaire des symboles, J. Chevalier et A. Gheerbrant, Robert Laffont-Jupiter, 2004 / Dictionnaire historique de lEgypte, Pierre Norma, Maxi-Poche Histoire, 2003 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Petit dictionnaire des dieux égyptiens, Alain Blottière, Zulma, 2005.

 

 


 

Partager cet article
Repost0
17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 20:26

 


 

1. La Mandragore, une herbacée bien réelle.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a4/Mandragore_officinale_fruits.jpg                                     

mandragore

officinale

 

Ce nom vient du grec « Mandragoras », que les anciens Grecs traduisaient par « plante stupéfiante ou soporifique ». Son nom scientifique est Mandragora officinarum. On la nomme également « Herbe de Circé ». En Italie, on la connaît sous le nom de Mandragora ou Mandragola. En allemand, on lui donne le nom dAlraune ou Albraune. Sil est une plante qui suscite les plus noirs phantasmes depuis des siècles, cest la Mandragore. Toutes les légendes qui courent à son propos ont finalement fait douter de son existence, alors que cette plante existe bien. Cest une modeste plante herbacée de la famille des Solanacées qui, chaque année, exhibe une courte tige ornée de quelques grandes feuilles brillantes. On la trouve dans les régions du bassin méditerranéen, dans le sud-est européen et en Asie, jusque sur lHimalaya. Mais cest plus précisément sa racine qui est à lorigine de la « légende magique » de la Mandragore. Il sagit dune racine volumineuse et bifide qui est supposée représenter les deux jambes dun corps humain. En outre, la Mandragore ne pousse que la nuit et libère certaines toxines (hyoscyamine, atropine, scopolamine) réputées hallucinogènes.

 

2. Une plante magique « anthropomorphe ».

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f7/NaplesDioscuridesMandrake.jpg

Mandragores mâle et femelle.

Manuscrit Dioscurides neapolitanus,

Biblioteca Nazionale di 

Napoli, début du VIIe siècle.

 

 

 

Vaguement anthropomorphe, donc, la Mandragore est supposée abriter un génie et est réputée posséder des vertus aphrodisiaques et divinatoires très importantes pour les sorcières qui en usent, dit-on, pour voler. Danciennes gravures représentent la Mandragore sous forme humaine et il fut un temps où on la retrouvait autant dans les herbiers que dans les bestiaires. On dit aussi que cette racine ressemble à un vieil homme ou à une vieille femme de petite taille. Bien qu’elle soit dans sa forme, mâle et femelle, dans les opérations dites « magiques », la Mandragore symbolise toujours l’élément mâle. Cet être diabolique doit en outre, pour être efficace, être choyé et nourri de sang ou de mets recherchés.

 

3. Une antique plante médicinale.

 

Bien avant de nourrir les fantasmes magiques et sorciers des sociétés chrétiennes dOccident, la Mandragore était connue depuis la plus haute antiquité comme plante médicinale. Dans la pharmacopée perse, grecque et romaine, elle était ainsi réputée anesthésique et hypnotique, ses feuilles et ses fleurs contenant un narcotique pouvant être employé comme somnifère, utile pour calmer les hémorroïdes et les maux de dent, notamment. Ceci explique aussi le prétendu « vol des sorcières » favorisé par cette plante Elle était également connue, pense-t-on, des Egyptiens, qui prêtaient aux fruits de la Mandragore, de couleur blanche et rougeâtre, et de la grosseur dune noix, des vertus aphrodisiaques, comme nous lavons déjà souligné. Les Hébreux, par qui elle est nommée Dudaïm ou Fleur dAmour, la connaissaient également. Ce nom de Dudaïm est dailleurs cité dans le Pentateuque. Ainsi a-t-on aussi considéré la Mandragore comme un remède contre la stérilité et la plupart des affections gynécologiques. La Mandragore affectionne plutôt les climats chauds, voire très chauds. Il semble que cest au début du Moyen Âge, à lépoque des Croisades, que la légende de la Mandragore sest développée en Occident. Dans nos régions et encore parfois, dit-on, dans nos campagnes, on prête à la Mandragore une multitude de propriétés curatives et autres.

 

4. Se procurer une Mandragore.

 

Du point de vue de la légende, la Mandragore poussait au pied des gibets. Celui qui était condamné à la potence était amené nu, jusquau lieu de son exécution. Etranglé par la corde de chanvre, la nuque du pendu se rompait et le supplicié éjaculait, répandant sa dernière semence sur le sol. Cest à cet endroit précis que poussait la Mandragore, mâle ou femelle, à la condition, précise certaines sources, que le pendu ait été vierge. Para ailleurs, on nomme aussi la Mandragore « Petit bonhomme de potence ». Le sorcier ou la sorcière sen venait alors guetter le moment propice pour semparer de la plante magique. « Le magicien qui a repéré lendroit où poussent les mandragores revêt un costume noir et des bijoux de plomb, métal saturnien. Accompagné dune vierge qui fera au moment venu le sacrifice de sa chevelure et dun chien noir qui arrachera la plante, il se rend le samedi au pied des gibets et, dans le clair de lune, égorge un hibou ou quelquoiseau nocturne. Une fois prononcées les paroles sacramentelles, le chien, dun violent coup de collier (qui dailleurs létrangle lui aussi) arrache la plante que le magicien dépouille de ses fruits et ses racines pour lui donner le plus possible laspect anthropomorphe. Il dépose ensuite la plante pendant trois jours dans un vase en cristal rempli dune mystérieuse terre rouge, dont la composition nest connue que de rares initiés. Ce temps écoulé, la Mandragore respire et on la nourrit quarante jours de plus avec du lait de chatte. » (Flavius Josèphe). Encore fallait-il donc savoir sy prendre pour la déraciner, car lorsquon larrache du sol, la Mandragore pour un cri tellement terrible que lon ne peut y survivre ! « Mais la cueillette de la mandragore était délicate, car lorsquon larrachait de terre, cette plante magique poussait un cri terrible qui tuait sur place toute créature se trouvant aux alentours. La sorcière devait alors utiliser un subterfuge. De nuit, elle creusait tout autour des racines de la mandragore, afin den dégager le pied, puis elle passait une corde à la base de la plante dont elle attachait lextrémité au cou dun chien. Elle plaçait ensuite de la nourriture légèrement hors de portée de lanimal et sen allait sabriter plus loin, en ayant pris soin de se boucher les oreilles avec de la cire. En tirant sur la corde pour atteindre la nourriture, le chien déracinait la mandragore qui poussait alors son cri, foudroyant lanimal sur le coup. La sorcière navait plus quà venir semparer de la plante magique. Elle la baignait dans du vin puis lemmaillotait dans de la soie avant de la remiser avec le plus grand soin dans un coffre prévu à cet effet. » (Edouard Brasey) Ces rituels sinspirent vraisemblablement de superstitions antiques. Ainsi, Pline le Jeune écrivait au sujet de la Mandragore que ceux qui la cueillent « prennent garde de ne pas avoir le vent en face. Ils décrivent trois cercles autour delle avec une épée, puis ils lenlèvent de terre en se tournant du côté du couchant La racine de cette plante, broyée avec de lhuile rosat et du vin, guérit des inflammations des yeux. » Au contraire, dans certaines croyances populaires, il est dit quen arrachant une plante de mandragore de terre on devient aveugle. Paracelse, par contre, conseille dopérer à la minuit dun vendredi sous le gibet dun pendu, et ce, comme nous lavons déjà vu, accompagné dun chien noir. Il fallait alors attendre quun orage éclate pour déterrer la Mandragore à la lueur des éclairs. Après la cueille, encore faut-il rendre la Mandragore utilisable magiquement. Pour ce faire, on doit la placer un mois dans la fosse dun cimetière et ensuite la faire sécher au four et lemmailloter dans un morceau de linceul.

 

5. Diverses vertus magiques de la Mandragore.

 

5.1. On prête à la Mandragore la capacité de rendre invisible, de servir de sortilège et, à linverse, dêtre un talisman contre la sorcellerie.

 

5.2. On prétend que la Mandragore fait se multiplier largent. En France, par exemple, on croyait jadis quelle rendait le double de ce quelle avait reçu, quil sagisse dargent ou dautres biens matériels (deux écus d‘or pour un, deux écuelles de grain pour une, etc.).

 

5.3. Il est dit aussi que la Mandragore porte chance dans les procès et la guerre, et quelle peut conjurer la malchance au jeu.

 

5.4. On prétend que la possession dune Mandragore protège la maison de son propriétaire contre le vol, lincendie et les épidémies.

 

5.5. Pour quelle soit efficace, il faut porter la Mandragore rendue magique sur soi, enveloppée dans un morceau de linceul. Tant quon la garde en sa possession, on voit sa chance augmenter.

 

5.6. Il y a, hélas, toujours un prix à payer à la magie maléfique. Ainsi dit-on que là où se trouve la Mandragore, elle engendre peine et tourment. Son propriétaire est poussé à lavarice, à la luxure et au crime, et la Mandragore finit par le conduire en Enfer. Quant aux autres habitants de la maison du propriétaire dune Mandragore, ils sont, quant à eux, poursuivis par le malheur. Mais on dit aussi quà la mort de son possesseur, la Mandragore continue à répandre ses vertus sur son plus jeune fils, à condition, toutefois, quon ait enterré le défunt avec du pain et de largent à portée de main.

 

6. La Main de Gloire.

 

On donne aussi parfois à la Mandragore le nom de « main du Diable » ou de « main de Gloire ». Et nous allons voir que de nombreux points communs existent entre cette dernière et la Mandragore : « On choisit la saison dété parce que le soleil intervient. Il faut avoir un pendu. Les gibets étaient accessibles au temps où lon pendait les condamnés, car la pendaison se faisait en public et cétait une partie de cette terrible sanction que de laisser le pendu livré aux intempéries, balancé dans le vent et picoré par les oiseaux carnivores. On prélève de ce pendu une main ; parfois le condamné en négociait la vente avant lexécution. Si lon a pas de pendu, on prend la main dun décapité, en soudoyant le bourreau. Mais il faut que ce soit la main dun condamné. On lenveloppe dans une toile et on lenfouit dans un vase de terre avec du salpêtre, du sel et du poivre, après avoir, quand elle était encore souple, replié les doigts sur la paume. Elle doit séjourner deux semaines dans le mélange, puis on len retire et on lexpose au soleil. Elle se déssèche en gardant la forme quon lui a donnée. Si le soleil ne se montre pas, si on a dû choisir une autre saison que lété, on peut sécher la main dans un four doux qui aura été chauffé par de la fougère et de la verveine. Entretemps, on aura fabriqué une chandelle avec de la graisse humaine provenant dun supplicié quon se procure près dun bourreau, de la cire vierge et de lhuile de sésame. On aura placé une mèche dans le milieu de la chandelle. La main séchée est alors fixée par le poignet debout sur un support et la chandelle plantée entre le médius et lannulaire, comme dans un chandelier. » (La parapsychologie de A à Z, Michèle Curcio, p.177). On dit notamment de la « main de Gloire » quelle a le pouvoir dimmobiliser ceux auxquels elle est présentée et de rendre invisible. Là sarrête la comparaison entre la « main de Gloire » et la Mandragore. A noter encore que le nom de « main du Diable », dont nous venons de voir quelle permet parfois de nommer la Mandragore, désigne également une main palmée et couverte de poils roux. Tous les doigts sont égaux en longueur et sachèvent par des ongles recourbés. Le contact de cette main est, dit-on, glacial comme celui dun cadavre.

 

6. Mandragore et supercherie

 

Faut-il préciser que la légende de la Mandragore servit les desseins de bien des escrocs ? Ceux-ci savaient, par certaines manipulations, donner à la racine de Mandragore, voire dautres plantes, la forme anthropomorphe quon lui prêtait traditionnellement

 

Sources :

 

-Dictionnaire des superstitions, R. Morel et S. Walter, Marabout, 1972.

-Dictionnaire des superstitions et des croyances populaires, Pierre Canavaggio, Jean Claude Simoën, 1977.

-Dictionnaire des symboles, J. Chevalier et A. Gheerbrant, Robert Laffont / Jupiter, 1982/2004.

-Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998.

-Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003.

-Encyclopédie des symboles, Michel Cazenave, Librairie Générale Française, 1996.

-La parapsychologie de A à Z, Michèle Curcio, Marabout, 1989.

-Les chaudrons de Satan, Christian Souris, Quorum, 1996.

 

 


http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/77/Papierblatt_%28Wiener_Dioskurides%29.jpg

La mandragore. Dioscoride de Vienne, VIe siècle

 


http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/68/Tacuinum_Sanitatis_Mandrake_Dog.jpg

Arrachage d'une mandragore. Manuscrit Tacuinum Sanitatis, Bibliothèque nationale de Vienne, v. 1390.

 


 

Partager cet article
Repost0
9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 16:55

 

 

1. Oghma dans la tradition celtique d‘Irlande.



 

1.1. Oghma dans la mythologie irlandaise.

 

Oghma, dieu de la tradition celtique dIrlande, est dit Grianeineach (=Au Visage de Soleil). Son équivalent gaulois semble être Ogmios, toutefois il sagit probablement dune attribution tardive, sappuyant sur lanalogie des noms. (Kruta) Au Pays de Galles, il semble que l’on donne à Oghma le nom d’Efydd. Oghma, fils dEthliu, est le père de Tuirenn, de même que le frère de Lug et du Dagda. Champion des Tuatha dé Danann, les dieux de lIrlande ancienne, on voit aussi des aspects de ce dieu dans des personnages mythologiques tels que Elcmar, Celtchar ou encore Labraid.

 

1.2. Un « dieu-lieur ».

 

Oghma, que l’on nomme d’ailleurs aussi l’ « Éloquent », est le dieu de lEloquence, le dieu lieur, celui qui lie son auditoire par son verbe, celui qui lie les auditeurs à lorateur. Sa maîtrise de la magie fait aussi dOghma le dieu de léloquence, car la Parole est laction en mode magique; nommer une chose revient à la créer, et ce qui na pas de nom nexiste pas. Cest une divinité souveraine, terrible, dont la magie lie quiconque lui est confronté. A lexemple du dieu védique Varuna, il paralyse magiquement ses victimes. Oghma incarne le lien qui unit le monde divin au monde humain.

 

1.3. Oghma et le principe de la « mutilation qualifiante ».

 

Paradoxalement, Oghma paie ses pouvoirs par une mutilation qualifiante, à savoir le percement de la langue, qui le rend bègue. Dans la tradition indo-européenne, un principe théologique veut quun dieu paie son pouvoir par la mutilation de lorgane physique essentiel pour lexercice de celui-ci (lorateur est bègue, le voyant est borgne, le guerrier est manchot, etc.) Ce paradoxe qui fait du magicien du verbe un bègue, reflète, en fait, linfinité des possibles : le verbe dOghma est au-delà des simples contingences corporelles, au-delà de la simple parole, cest la Parole au-delà de la parole, tout comme le voyant borgne est au-delà de la simple vision classique des choses, par exemple. La mutilation surmontée le fait accéder à ce stade supérieur.

 

1.4. Le Maître des Oghams.

 

On met aussi le nom dOghma en rapport avec lécriture oghamique. Magicien du verbe, Oghma lest aussi par lécriture et passe pour être linventeur de lécriture oghamique dont lemploi est largement magique et à double sens (ex. : le nom de la lettre n dans lalphabet oghamique est nion, qui signifie également if). Le système décriture oghamique ne semble pas antérieur au premier ou au deuxième siècle de lère chrétienne (5e-6e s., selon dautres sources) : Il consiste en séries de traits horizontaux ou obliques gravés sur larête dune pierre dressée ou dun pilier de bois. Les inscriptions sont toujours des dédicaces ou des éloges funèbres. On ne trouve des spécimens de cette écriture oghamique quen Irlande et dans louest de la Grande-Bretagne. Il ny a aucun exemple sur le continent. (Markale) De fait, on en trouve des exemples, sur la pierre ou le bois, en Irlande, en Ecosse et au Pays de Galles. Cette écriture relevait vraisemblablement du domaine sacerdotal druidique, le druide en faisant usage pour des incantations. Les ogams sont un alphabet de vingt signes qui correspondent aux consonnes de lalphabet latin. Il est transcrit à laide dencoches linéaires dont le nombre varie de 1 à 5, et qui sont disposées de quatre manières différentes, perpendiculaires ou obliques par rapport à une ligne médiane. Dans un deuxième temps, cinq lettres supplémentaires (les voyelles) ont été ajoutées. Sur une stèle, la lecture se fait de bas en haut, en partant de la gauche, puis en redescendant, si le texte comporte plusieurs lignes. (Norma) Ajoutons que chaque lettre a également une valeur numérique.

 

1.5. Un dieu guerrier.

 

Mais Oghma est aussi une divinité guerrière : il est le champion des dieux. Ainsi, lorsque Lug Samildanach se présenta devant la porte de Tara, la capitale royale de l‘Irlande ancienne, comme celui qui sait pratiquer tous les arts, dont celui de champion, le portier lui répondit : Nous navons pas besoin de toi. Nous avons déjà un champion, Ogme, fils dEthliu Et lorsque Lug parvint finalement à se faire admettre à Tara et quil sassit sur le siège des Sages, car il était sage (=savant, connaisseur, expert) en chaque art, Oghma (ou Ogme) lui lança un défi : la grande pierre pour laquelle il fallait les efforts de quatre-vingts jougs, Ogme la traîna à travers la maison, si bien quelle fut devant Tara, à lextérieur, mais Lug parvint à la repousser jusque sur le sol de la maison royale, montrant ainsi sa propre puissance. A la veille de la seconde bataille de Mag Tured, Lug demanda à Oghma : quel sera ton pouvoir dans la bataille ? Et Oghma lui répondit : Ce nest pas difficile, je repousserai le roi et trois neuvaines de ses amis. Je supporterai le tiers du combat en compagnie des hommes dIrlande. Au cours de cette bataille, Oghma fut lun des cinq chefs de létat-major des Tuatha dé Danann, au côté de Diancecht, du Dagda, de Nuada et de Goibniu. Durant les combats, Oghma parviendra à semparer de lépée du roi des Fomoire, Bress, qui navait pas hésité à faire travailler Oghma gratuitement, en toute injustice. Oghma sera tué, ressuscité, puis, avec laide de Lug, aidera le Dagda à récupérer sa harpe volée par les démons Fomoire.

 

1.6. Une divinité importante mais secondaire.

 

Dans lordre des fonctions divines, Oghma ne joue pas un rôle de premier plan dans les récits mythologiques irlandais. Il labandonne au profit du Dagda à qui ses pouvoirs sont transférés, ce qui se voit clairement dans lhistoire qui montre Elcmar-Oghma chassé par le Dagda de son domaine de Brug-na-Boyne. A noter aussi que le nom de la fille de Conchobar, Daroma, signifie Fille dOghma, mais cela ne doit pas être pris dans un sens littéral : il sagit ici de désigner non la fille biologique du dieu, mais plutôt une fidèle, une sectatrice dOghma.

 

2. Ogmios dans la tradition celtique de Gaule.

 

 

 

 

 Ogmios

 

 

 

2.1. Nom et origine d’Ogmios.

 

Il est généralement admis que le dieu gaulois Ogmios est léquivalent du dieu irlandais Oghma. Ogmios a laissé peu de traces en Gaule et cest donc en Irlande quil faut tenter de retrouver, dans le personnage dOghma, la trace du mythe concernant cette divinité. Pour expliquer le nom dOgmios, on a dabord tenté de chercher une explication dorigine grecque, mais lon pense à présent quOgmios serait un composé de « og » (=pointu), évoquant le stylet qui grave lécriture ou la lame acérée, Ogmios étant à la fois le dieu de léloquence (verbale et écrite) et un dieu guerrier. Ogmios est représenté sous l’aspect dun vieillard qui, avec la force de sa faconde, subjugue tous ceux qui lécoutent. Ogmios est notamment représenté sur des monnaies armoricaines.

 

2.2. Le témoignage de Lucien de Samosate.

 

Lorsquil visita la Gaule, Lucien de Samosate, un philosophe grec du 2ème siècle de lère chrétienne, y découvrit un étrange tableau. On y voyait un personnage vêtu dune peau de lion, armé dune massue, chauve, chenu, traînant derrière lui, souriants, des hommes que des chaînes attachées aux oreilles reliaient à sa langue. Lucien sinsurgeât, car il crût reconnaître là une caricature dHéraklès-Hercule. Mais un druide lui expliqua, en grec, que ce quil regardait nétait pas, malgré les apparences, le dieu grec, mais un dieu gaulois à la puissance redoutable : Ogmios. On expliqua ainsi au Grec quil sagissait du dieu de lEloquence. Eloquence magique, puisquil sagit dun dieu, persuasive, étant le fait dun vieillard.

 

Voici la description de la découverte dOgmios par Lucien de Samosate : « Cest un vieillard très avancé, dont le devant de la tête est chauve ; les cheveux qui lui restent sont tout à fait blancs : la peau est rugueuse, brûlée jusquà être tannée comme celle des vieux marins ; on pourrait le prendre pour un Charon ou un Japhet des demeures souterraines du Tartare, pour tout enfin plutôt quHercule. Mais tel quil est, il a laspect dHercule : il porte suspendue la peau de lion et il tient dans sa main droite la massue ; le carquois est fixé à ses épaules, la main gauche représente un arc tendu : ce sont tous les détails dHercule. Je croyais que cétait par haine des dieux helléniques, quon avait pensé à un pareil outrage aux formes du dieu, quon voulait se venger, par la représentation figurée, de son invasion dans ce pays, de ses rapines, alors quen tête des troupeaux de Géryon il visitait en vainqueur la plupart des pays occidentaux. Et je nai cependant pas révélé ce quil y a de plus étrange dans cette représentation : cet Hercule vieillard attire un grand nombre dhommes attachés par les oreilles et ayant pour liens des chaînettes dor et dambre qui ressemblent à de très beaux colliers. En dépit de leurs faibles liens, ils nessaient pas de fuir, bien que cela leur soit facile ; loin de résister, de se raidir et de se renverser en arrière, ils suivent tous, gais et contents, leur conducteur, le couvrant de louanges, cherchant tous à latteindre et, en voulant le devancer, desserrent la corde comme sils étaient étonnés de se voir délivrés. Ce qui me parut le plus singulier, je vais vous le dire immédiatement. Le peintre, qui ne savait placer où le début des chaînes car la main droite tient déjà la massue et la gauche larc, a perforé le bout de la langue et la fait attirer les hommes qui suivent ; le dieu se retourne vers eux en souriant. » (Brasseur)

 

Lucien de Samosate ne comprit pas immédiatement le sens de cette étrange représentation. Cest alors quun druide, connaissant la langue et la culture grecques, lui dit : « Je vais vous donner le mot de lénigme, car je vois que cette figure vous jette un grand trouble. » Et voici ce que dit le druide : « Nous autres Celtes, nous représentons lEloquence, non comme vous, Hellènes, par Hermès, mais par Hercule, car Hercule est beaucoup plus fort. Si on lui a donné lapparence dun vieillard, nen soyez pas surpris car seule léloquence arrive dans la vieillesse à sa maturité, si toutefois les poètes disent vrai : « lesprit des jeunes gens est flottant mais la vieillesse sexprime plus sagement que la jeunesse. » Cest pour ça que le miel coule de la bouche de Nestor et que les orateurs troyens font entendre une voie fleurie de lis, car il y a des fleurs du nom de lis, si jai bonne mémoire. Ne vous étonnez pas de voir lEloquence représentée sous forme humaine par un Hercule âgé, conduire de sa langue les hommes enchaînés par les oreilles ; ce nest pas pour insulter le dieu quelle est percée. Et cest par son éloquence achevée, pensons-nous, quHercule a accompli tous les exploits et par la persuasion quil est venu à bout de presque tous les obstacles. Les discours sont pour lui des traits acérés qui volent droit au but et blessent les âmes ; vous-mêmes dites que les paroles sont ailées. » (Brasseur)

 

 

2.3. L’Ogmios de Dürer.

 

 

 

 

http://mikaelhirsch.typepad.fr/.a/6a00d83451e3cc69e2010536bc3b16970b-150wi

 

En outre, une gravure dAlbrecht Dürer (« Kunstbuch » de 1514) représente Hermès en dieu de lEloquence. Il lie par quatre chaînes partant dun anneau perçant la langue du dieu, quatre personnages attachés aux oreilles. Il y a là une femme, un juge (souveraineté juridique), un chevalier (caste guerrière), un bourgeois (tiers-état). Certains commentateurs rejettent toute relation entre lOgmios de Lucien et lHermès de Dürer, sous-prétexte quOgmios, dieu gaulois du langage et de la magie, et lHermès psychopompe nont rien dautre en commun que les « chaînettes lieuses. » Les deux artistes auraient « instinctivement » adopté lemploi des chaînes dor, symbole universel dentraînement magique. Toutefois, on peut aussi envisager lhypothèse dune reprise par Dürer du thème de lOgmios lieur auquel il aurait tout simplement donné le nom dHermès, plus classique que celui dOgmios, ignorant au passage son assimilation plus traditionnelle à Hercule.

 

 

2.4. Ogmios vu par Dubellay.

 

Par ailleurs, dans la partie de la Bohème galante consacrée aux Poètes du 16ème siècle, Gérard de Nerval cite Dubellay (1522-1560) qui évoque la chose suivante : « Pillez-moi sans conscience les sacrés trésors de ce temple Delphique, ainsi que vous avez fait autrefois, et ne craignez plus ce muet Apollon ni ses faux oracles. Vous souvienne de votre ancienne Marseille, seconde Athènes ; et de votre Hercule gallique tirant les peuples après lui par leurs oreilles avec une chaîne attachée à sa langue. » (La Bohême galante, G. de Nerval, p.131). Il y a là une allusion à la destruction de Delphes par les armées celtiques en 279 avant lère chrétienne et à Ogmios, le dieu lieur, confondu avec Héraklès, comme nous lavons dit, du fait de certaines ressemblances iconographiques. Il sagit là dun plaidoyer en faveur dune poésie française débarrassée des limites fixées par le strict cadre gréco-latin et non plus exclusivement bornée à limitation des poètes antiques. Retenons que Dubellay connaissait donc la relation entre Héraklès et lOgmios lieur, nommé par lui « Héraklès gallique » et quil ne mentionne nullement Hermès.

 

2.5. Ogmios et la Razzia des vaches de Cooley.

 

On ne peut sempêcher détablir aussi une comparaison, à titre purement indicatif, entre la représentation de lOgmios de Lucien et ce passage du récit irlandais de la Razzia des vaches de Cooley : « un groupe savançait dans la plaine de Meath. A leur tête, un homme sombre portait à son cou sept chaînes tirant sept fois sept hommes », « sept fois sept », cest-à-dire une multitude.

 

2.6. Ogmios vu par Rome.

 

Les Romains virent en Ogmios un Jupiter gaulois. Plus précisément, César le nomme « Jupiter à lempire du Ciel », mais il nen dit rien de plus. Sur la colonne du « Cavalier et lAnguipède », Ogmios est situé au nord. Il est aussi le dieu qui vainc par la magie, comme nous lavons vu, et dans ce cas, les Romains lassimilèrent à Hercule. Il semble que les Romains laient aussi parfois assimilé à Mars, et on a vu, que les qualités guerrières du dieu irlandais Oghma se révèlent effectivement dans le récit irlandais de la seconde bataille de Mag Tured.

 

 

 

2.7. Ogmios à Bregenz.

 

En outre, « Deux textes latins de défixion gravés sur des tablettes en plomb trouvées à Bregenz (Voralberg, Autriche) associent le nom dOgmios à Dis Pater et à un autre dieu, suggérant quil pourrait être une divinité du monde infernal et que la scène décrite par Lucien pourrait représenter Ogmios en fonction de psychopompe (conducteur des âmes des défunts dans lautre monde). » (Kruta) La fonction de psychopompe permettrait, dans ce cas, de rapprocher lOgmios de Lucien, de lHermès de Dürer, le dieu grec étant notamment connu sous le nom d’Hermès Psychopompos et ayant été assimilé, sous cet aspect, au dieu égyptien Anubis. A Bregenz, comme le relève Venceslas Kruta dans le passage que nous citons ci-dessus, le nom dOgmios se retrouve sur des tablettes dexécration priant ce dieu de frapper des ennemis.

 

 

Eric TIMMERMANS

Bruxelles, le 9 décembre 2009

 

 

Sources : Atlas de la civilisation occidentale, P. Lamaison, France-Loisirs, 1994 / Des dieux celtes aux dieux romains, P. Cattelain et C. Sterckx, Editions du CEDARC, 1997 / Dictionnaire historique des Celtes, Pierre Norma, Maxi Poche Histoire, 2003 / Essai de dictionnaire des dieux, héros, mythes et légendes cletes, fascicule 1, Claude Sterckx, 1998 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997 / Lépopée celtique dIrlande, Jean Markale, Petite Bibliothèque Payot, 1973 / Les Celtes : fureur et immortalité, G. Nenzioni et F. Giromini, Papermint, 1979 / Les Celtes Histoire et dictionnaire, Venceslas Kruta, Robert Laffont, 2000 / Les Celtes Les Dieux oubliés, Marcel Brasseur, Terre de Brume Editions, 1996 / Les Chimères (suivi de la Bohême galante et des Petits châteaux de Bohême), Gérard de Nerval, Poésie, Gallimard, 2005 / Les fêtes celtiques,Ch. Guyonvarch et F. Leroux, Ed. Ouest-France Université, 1995 / Nouveau dictionnaire de mythologie celtique, Jean Markale, Pygmalion, 1999.

 

 


 

Partager cet article
Repost0
7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 22:25



 

Le basilic, tel qu'on se le représentait durant l'Antiquité, avait la forme d'un petit serpent


 

Représentation classique d'un basilicoq en 1510

 

 

 




Partager cet article
Repost0
7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 20:17





1. Le basilic dans les croyances populaires.

Les croyances populaires ont longtemps véhiculé la légende du basilic. Celui-ci, dit-on, est un être reptilien, un serpent « gros comme le bras » né d’un « œuf de coq » âgé de sept, douze ou quinze ans, couvé par un crapaud (ou un « crapaud venimeux » ou une grenouille ou un serpent) ou par un vieux coq.

Ainsi, à propos du basilic, Hildegarde de Bingen (1098-1179) dit : « Une femelle crapaud, alors qu’elle se sentait fécondée, vit un œuf de serpent, s’assit dessus pour le couver jusqu’à ce que ses (propres) petits viennent au monde. Ils moururent mais elle continua à couver l’œuf du serpent jusqu’à ce que s’y manifeste une vie nouvelle, et cette vie fut placée dès lors sous le signe du serpent de l’Eden… Le petit brisa la coquille, se glissa hors de l’œuf  mais exhala aussitôt de puissantes flammes… Il tue tout ce qu’il rencontre. » (Encyclopédie des Symboles, p. 77-78).

Quant à saint Augustin, il compare le basilic, « roi des serpents », au Diable, « roi des démons ».

La légende du basilic était encore vivace dans nos campagnes au début du 20ème siècle.

Le regard du basilic (assimilé dans la Bible au serpent et au dragon) a la réputation de pétrifier celui qui le regarde trop longtemps et son souffle passe pour être mortel. Ainsi représente-t-il « le pouvoir royal qui foudroie ceux qui lui manquent d’égards ; la femme débauchée qui corrompt ceux qui ne la reconnaissent pas les premiers et ne peuvent, en conséquence, l’éviter ; les dangers mortels de l’existence, que l’on ne saurait apercevoir à temps » et (Dictionnaire des symboles, p. 109) dont la Bible (Psaume 91 (90) : 10-13) prétend que seule la « protection des anges divins » peut préserver :

« Le malheur ne parviendra pas jusqu’à toi, et nul fléau n’approchera de ta tente.
Car il ordonnera pour toi à ses anges de te garder dans toutes tes voies.
Sur leurs mains ils te porteront, de peur que ton pied ne heurte contre la pierre.
Sur le lion et l’aspic tu marcheras, tu fouleras le lionceau et le dragon. » (Crampon)

« Le malheur ne peut fondre sur toi, ni la plaie approcher de ta tente :
Il a pour toi donné ordre à ses anges de te garder en toutes tes voies.
Sur leurs mains ils te porteront pour qu’à la pierre ton pied ne heurte;
Sur le fauve et la vipère tu marcheras, tu fouleras le lionceau et le dragon. » (Jérusalem)

Autour du repaire du basilic –généralement un puits- aucune plante ne pousse : sa seule présence empoisonne l’environnement où il évolue. Le basilic tue donc aussi par les germes de maladies contagieuses qu’il transporte.

Pour se débarrasser d’un basilic, il faut lui présenter un miroir : en s’y regardant, il se foudroie lui-même. Son souffle mortel a également la réputation de pouvoir se retourner contre lui.

Ainsi, un jour, il est dit qu’un basilic sema la mort à Marseille. De fait, il fut un temps où cette ville était alimentée par un grand puits situé dans les environs de l’église de la Major. Mais à une certaine époque, on tira des canalisations pour faire venir l’eau de l’Huveaune, si bien que le grand puits devint inutile et qu’on y entassa nombre de débris et de fragments de toutes sortes. Toutefois, vint le jour où l’on voulut rendre au puits sa fonction première et l’on décida donc de le déblayer. Un premier puisatier descendit au fond du puits et, bien qu’étant de toute évidence en bonne santé, mourut aussitôt après avoir poussé un grand cri. Un autre le suivit et connut un destin tout aussi funeste. Un troisième, enfin, succomba également. On dut bientôt suspendre les travaux de curage et le puits resta inutilisable. On apprit ensuite que ce puits était occupé par un basilic et que c’est lui qui avait foudroyé du regard les trois malheureux puisatiers.

On ne peut, bien entendu, s’empêcher de rapprocher cette légende du mythe de la célèbre Gorgone Médusa dont le regard pétrifiait ceux qui le croisaient.

A l’époque médiévale, on estimera que le Christ lui-même écrasa les animaux cités par le Psaume 91 (90) : 10-13 susmentionné, à savoir le lion et la vipère/aspic/basilic/dragon. Le basilic (assimilé à un serpent ou à un dragon) est ainsi considéré, avec le lion, comme l’un des symboles les plus évidents de la présence diabolique, de même qu’un symbole de la Luxure. Ainsi, à la fin du 15ème siècle, appelait-on la syphilis, le « poison du basilic » (Basilikengift).

On dit aussi que, placée dans une église, une dépouille de basilic en éloigne les araignées et les hirondelles (Normandie) ou encore que le basilic ne craint que la belette lorsqu’elle s’est roulée dans la rue (terme qui désigne ici le végétal et non l’artère…). On dit encore que le basilic est la monture d’un ange infernal nommé Azagel, dont le nom serait repris dans la Kabbale.

2. Le basilic : visualisation.

Le basilic est souvent représenté dans les bestiaires médiévaux et la sculpture romane, sous l’aspect d’un dragon ailé muni d’ergots de coq et d’une queue de serpent entortillée. « C’est une beste qui a la teste, le col et la poitrine comme le coq et le corps comme un serpent. » (Bestiaire de Brunet Latin).

« On le représente sous la forme d’un serpent, avec ou sans ailes, mais avec la tête, le cou et les pattes d’un coq. » (Dictionnaire des superstitions, R. Morel et S. Walter).

On le représente aussi « soit comme un serpent à crête rouge, soit doté d’une tête, d’ailes membraneuses et de pattes de coq, et provient de l’œuf d’un vieux coq couvé par un crapaud. On raconte qu’au XIVe siècle un coq fut publiquement brûlé sur une place de Bâle pour avoir été suspecté de cette ponte criminelle »… (Superstitions et croyances des pays de France, Marie-Charlotte Delmas, p.46)

On décrit généralement le basilic comme une sorte de serpent de grosseur moyenne, long d’une cinquantaine de centimètre et dont la tête est ornée d’appendices qui créent l’apparence d’une couronne, voilà pourquoi il passe pour être le roi des serpents ou encore des reptiles, en général. C’est pour cette raison que lui viendrait son nom de basiliskos (=petit roi). Dans certains cas, on dit que le basilic laisse sa couronne sur la berge lorsqu’il va boire ou se baigner, mais personne n’oserait défier cet être cruel en tentant de la lui subtiliser, ce qui rappelle l’histoire de la vouivre et de son diamant.

3. L’origine alchimique du basilic.

Cette représentation populaire et monstrueuse du basilic semble trouver son origine dans l’alchimie traditionnelle et la légende de ce dernier ne pourrait n’être, en définitive, qu’une énigme alchimique jusqu’ici non résolue.

Le basilic est mentionné dans la plus ancienne formule d’alchimie occidentale qui nous soit parvenue à ce jour. Celle-ci figure dans la Schedula diversarum artium (1110-1140) du moine Théophile. Ce dernier précise que « les ouvriers modernes imitent l’or arabe en ajoutant à l’or blanc un cinquième de cuivre rouge. Ils trompent ainsi beaucoup d’acheteurs étourdis » et que pour faire de l’or espagnol, on se sert de « cuivre rouge, de poudre de basilic, de sang humain et de vinaigre. »

Après avoir souligné l’habileté des « païens » –entendez ici, les Arabes musulmans- à se procurer le basilic, Théophile dit ceci : « Ils ont sous terre une chambre dont le haut, le bas et toutes les parties sont en pierre, avec deux  petites fenêtres si étroites qu’à peine on voit quelque chose à travers. Ils y mettent deux vieux coqs de douze ou quinze ans, et leur donnent suffisamment à manger. Ceux-ci, quand ils sont engraissés, par la chaleur de leur embonpoint s’accouplent et pondent des œufs. Alors on ôte les coqs, et l’on met, pour couver les œufs, des crapauds ; on leur donne du pain en nourriture. Les œufs couvés, il en sort des poulets mâles comme les poussins des poules, auxquels au bout de sept jours croissent des queues de serpent ; aussitôt, si la chambre n’avait un pavement de pierre, ils entreraient dans la terre. Pour prévenir cela, ceux qui les élèvent ont des vases d’airain ronds, de grande capacité, perforés de toutes parts, dont les orifices sont resserrés ; ils y placent ces poulets, bouchent les orifices avec des couvercles de cuivre, les enfouissent sous la terre ; et les poulets se nourrissent six mois de terre fine qui pénètrent dans les trous. Après cela, ils enlèvent les couvercles et allument un grand feu jusqu’à ce que les animaux soient dedans entièrement brûlés. Lorsque c’est refroidi, ils retirent et broient soigneusement, y ajoutant un tiers de sang d’un homme roux : ce sang desséché sera trituré. Ces deux choses réunies sont détrempées de vinaigre fort dans un vase propre. Ensuite on prend des lames très minces de cuivre rouge très pur, on y met de chaque côté une couche de cette préparation, et l’on met au feu. Quand elles sont chauffées à blanc, on retire, on éteint et on lave dans la même préparation ; on fait ainsi jusqu’à ce que la préparation ronge le cuivre de part en part, et prenne de là le poids et la couleur de l’or. Cet or est propre à tous les ouvrages. » (L’alchimie au Moyen Âge, Wilhem Ganzenmüller, p.18-19).

Cette étrange histoire de coqs et de crapauds ne serait qu’un rébus dont nous n’avons pas encore saisi la réelle signification. Cette apparence surnaturelle ne serait destinée qu’à cacher aux non-initiés un secret alchimique. En outre, le « basilic » et le « sang d’homme roux » sont des termes hermétiques, très courants dans les recettes alchimiques. En alchimie, le basilic symbolise également le feu dévastateur qui prélude à la transmutation des métaux.

A noter encore qu’au 14e siècle, un moine franciscain nommé Berthold Schwarz (=Berthold le Noir), tenta, dit-on, de transformer du mercure en or mais, sachant que le mercure contenait un basilic, il tenta de le neutraliser…et c’est ainsi qu’il parvint à découvrir la formule de la poudre noire (qui sera prioritairement utilisée comme poudre à canon). Ladite poudre sera conservée par un autre moine nommé Roger Bacon, qui la connut lui-même par un grimoire grec parvenu jusqu’à lui vers 1250.

Rappelons aussi que si le nom du Basilic vient, comme nous l’avons vu, du grec basiliskos qui signifie « petit roi », ce terme semble faire écho au terme latin de regule qui signifie également « petit roi » et qui servit à désigner l’antimoine.

4. Ocimum basilicum.

L’Ocimum basilicum –le basilic donc- est une plante annuelle de la famille des Lamiacées. Parfois nommée erronément « pistou » elle constitue la base du « pesto », un condiment de la cuisine italienne. Dans certaines traditions, les feuilles de basilic sont supposées renfermer des pouvoirs magiques. En phytothérapie, on utilise également le basilic mélangé à d’autres ingrédients.


Eric TIMMERMANS.
Bruxelles, le 28 novembre 2009.


Sources :

-Bible de Jérusalem, Cerf, 1998.
-Bible du chanoine A. Crampon, Société de Saint Jean l’Evangéliste, 1939.
-Dictionnaire des superstitions, R. Morel et S. Walter, Marabout, 1972.
-Dictionnaire des symboles, J. Chevalier et A. Gheerbrant, Robert Laffont/Jupiter, 1982.
-Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003.
-Encyclopédie des Symboles, Michel Cazenave, Librairie Générale de France, 1999.
-L’alchimie au Moyen Âge, Wilhem Ganzenmüller, Marabout, 1974.
-Le Prince de ce monde, Nahema-Nepthys et Anubis, Editions Savoir pour Être, 1993.
-Superstitions et croyances des pays de France, Marie-Charlotte Delmas, Editions du chêne, 200
3. 
Partager cet article
Repost0
6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 11:23
Bonjour,
Chercher c'est aussi parfois dénoncer certains agissements que je qualiferais de coupable. Dans le cas présent , je ne peux que crier : cela suffit, nous nous croirions revenu à l'époque du Maccarthisme où circulaient des listes de communistes ou supposés tels ou aux heures encore plus noires de l'occupation avec les dénonciations des corbeaux : Monsieur "X" est juif ou Madame "Y" est proche de la résistance. Je croyais que cette période était révolue mais c'était sans compter avec l'esprit humain.
J'en viens à mon sujet.
L'autre jour, je pianotais sur mon clavier et je voulais savoir ce que ces milieux "intégristes" proches de la Fraternité Saint Pie X qui a été réhabilitée, même si elle crache toujours son venin sur l'église d'après Vatican II, pensaient de la franc-maçonnerie. Je m'en doutais un peu mais j'y ai trouvé une liste des francs-maçons de tous les milieux(culturel, politique, financier et artistique) que ce soit en France ou à l'étranger, une liste des prélats francs-maçons, d'autres textes tous aussi débiles les uns que les autres (ils débitent toujours les mêmes énormes contre-vérités) . Le site dont je parle est http://lepeupledelapaix.forumactif.com  Il suffit d'aller sur le page recherche dudit site d'y insérer le mot franc-maçonnerie.
De telles pratiques devraient être interdites.
A propos, si la Fraternité sacerdotale Saint Pie X vient d'être réhabilitée alors qu'elle n'a pas modifié ses agissements, pourquoi ne lève-t-on pas l' injuste excommunication qui frappe la Franc-Maçonnerie?

Claude
Partager cet article
Repost0
3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 08:11

L'article n'est pas de  moi ni même de mon ami Eric dont vous avez pu lire des extraits de ses innombrables productions litttéraires elle provient d' un autre blog. J'espère que l'auteur voudra bien me pardonner . Le nom du blog est le blog de Meretseger et son adresse http://neferhotep.over-blog.com

La Turquoise, Pierre d'Athor

 La pierre Beret ou Mefkat : comme toutes les pierres bleu-vert, elle évoque la joie de la naissance, l’aube, les rayons du soleil levant, le milieu liquide, la végétation, la nuit éclairée par la lune.

Dans la Ouabet de Dendera, le soleil se lève entre les deux sycomores de turquoise d’Athor.

" Je connais les deux sycomores de  turquoises entre lesquels sort Rê et par lesquels on passe au ciel pur se rendre à cette porte du Seigneur de l’Orient par laquelle sort Rê"

Une HAthor en or est aussi définie comme "La dame de la turquoise" Nebet Mefkat, "habillée  d’éclats et environnée de turquoise".

On l’extrayait dans les célèbres carrières de Serabit El Kadim dans le Sinaï. Un lieu d’initiation aussi, où l’on venait chercher l’inspiration divine grâce à des rites oraculaires. Elle était considérée comme un bon talisman qui favorise l’écoute des autres. La principale vertu de cette pierre est de calmer les divinités afin de se les concilier.

Au niveau médical, la turquoise qui  agit le plus efficacement en 24h, préserve des maléfices, des poisons, de la noyade, de la mort violente, des troubles psychiques, et cardiaques.
Partager cet article
Repost0
26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 20:36


 

 

 

Abraxas, Nordisk familjebok.png

 

 

 

 

1. Les origines gnostiques de l’abraxas.

 

A lorigine, le terme « abraxas » (parfois également nommé « abrasax ») désigne des gemmes gnostiques qui, pour la plupart, portaient gravé sur elles, en caractère grecs, ce terme vraisemblablement dérivé du persan « abrasas » qui signifie « dieu ». Pour cette raison, il est dit que lAbraxas est lÊtre Suprême. Mais le nom dAbraxas apparaît également dans la liste des principaux démons établie par lEglise au canon 7 du concile de Braga (560-563).

 

2. Les abraxas ou pierres basilidiennes.

 

Il est dit que la somme des valeurs numériques des lettres du mot « abraxas » donne 365 et que certaines sectes gnostiques sen servaient comme amulettes. On peut y reconnaître des allusions aux rites et aux croyances des sectes qui en firent usage, les bijoux marquant les différents degrés de la hiérarchie initiatique, celle-ci correspondant aussi aux étapes de la délivrance de lâme. On remarque ainsi des figures schématiques, des personnages symboliques dont le plus important est un être à tête de coq, mais également lOuroboros, le célèbre serpent qui se mord la queue, un scarabée, un homme, une femme, un disque solaire, un croissant lunaire, des étoiles, etc. On doit ces pierres à un philosophe gnostique du 2ème siècle de lère chrétienne nommé Basilide, raison pour laquelle les « abraxas » sont également nommées « pierres basilidiennes ». Appartenant à lécole alexandrine, Basilide était un partisan du syncrétisme religieux. Ses disciples auraient étranglé lévangéliste Marc à Alexandrie, en Egypte.

 

3. Le sceau du Temple secret des Templiers.

 

Bien plus tard, labraxas gnostique à tête de coq fut repris comme symbole sur le sceau du « Temple secret des Templiers ». La présence de sceaux cachés, tel ce curieux Abraxas gnostique serait, selon certains chercheurs, révélatrice de lexistence, au sein de lOrdre du Temple, dune hiérarchie parallèle aux caractéristiques secrètes et initiatiques portant le nom de Prieuré de Sion, rendu par ailleurs célèbre par le roman de Dan Brown, le Code Da Vinci.

 

4. « Abracadabra ».

 

En outre, la célèbre formule magique abracadabra, qui névoque que trop les magiciens de music-hall et leurs fantaisistes « baguettes magiques », dérive, en fait, de lhébreu Abreq Ad Hâbra (ou « abreg ad abra »). Il sagirait là dune formule cabalistique pythagoricienne à laquelle certains attribuent une grande efficacité magique pour la guérison des fièvres et la protection contre les maladies. On la fait dériver étymologiquement dune association du mot abraxas et du verbe hébreu dabar (=parler), de même que de deux termes également hébreux, ab (=père) et ruah (=esprit). Elle aurait pour signification : « envoie ta foudre jusquà la mort ».

 

5. L’abraxas démonisé.

 

Comme nous l’avons dit, le terme abraxas a été démonisé et sert donc également à désigner un démon. On représente ce dernier sous les traits dun être doté dune tête de coq, dont les jambes sont des serpents (ou des dragons) et tenant dans ses mains un bouclier et un fouet. Il est parfois représenté couronné et vêtu dune armure. Cette représentation correspond à celle de l’être à tête de coq repris de la manière la plus courante (mais sans couronne) sur les gemmes gnostiques nommées « abraxas ». Le démon Abraxas est aussi parfois représenté sous la forme dun serpent.

 

 

Eric Timmermans.

Bruxelles, le 26 novembre 2009.

 

 

Sources :

 

-Dictionnaire des superstitions, Robert Morel et Suzanne Walter, Marabout, 1972.

-Dictionnaire des superstitions et des croyances populaires, Pierre Canavaggio, Ed. Jean Claude Simoën, 1977.

-Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998.

-Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003. -Fable de Venise, Hugo Pratt, Casterman, 1981.

-Le Prince de ce monde, Anubis & Nahema-Nepthys, Editions Savoir pour Être, 1993.

-Les grands mystères de lhistoire n°3, Les secrets des Templiers.

 

Partager cet article
Repost0
24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 20:08

 

 

LE BAPHOMET

 

 


 

1. Origines du Baphomet.

 

Le Baphomet serait une forme androgyne de la création, longuement représentée dans les courants secrets de léglise primitive, qui vénéraient laspect féminin de ladite création, ainsi que dans une certaine forme de gnose. Mais, comme le souligne Roland Villeneuve, la chose nest pas certaine : « Représentation diabolique, statuette androgyne, reliquaire en forme de tête barbue ou symbole phallique, on ne le saura probablement jamais. » (Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, p.85) Les Templiers furent accusés de lavoir adoré à lexemple dune idole.

 

2. Vie, Lumière, Sagesse.

 

Certains chercheurs ont expliqué le nom du Baphomet de la manière suivante : Ba : le Ba du grec Bio correspond à « la vie » et sassimile facilement à la notion du Ba égyptien (âme ou énergie psychique dun être humain ou non-humain) ; Pho : Du grec Phos exprime « la lumière » (à rapprocher de Phosphoros, le nom grec de Lucifer) ; Met : du grec Met de Metis qui fait allusion à la sagesse. Ainsi obtient-on une triple interprétation mettant en évidence lapproche dun enseignement ésotérique comprenant la Vie, la Lumière et la Sagesse.

 

3. Le Baphomet selon Eliphas Lévi.

 

Selon Eliphas Lévi, alias labbé Constant, le Baphomet est une « figure panthéistique et magique de labsolu. Le flambeau placé entre les deux cornes représente lintelligence équilibrante du ternaire ; la tête de bouc, tête synthétique qui réunit quelques caractères du chien, du taureau et de lâne, représente la responsabilité de la matière seule et lexpiation, dans les corps, des péchés corporels. Les mains sont humaines, pour montrer la sainteté du travail, elles font le signe de lésotérisme en haut et en bas, pour recommander le mystère aux initiés, et elles montrent deux croissants lunaires, lun blanc qui est en haut, lautre noir, qui est en bas, pour expliquer les rapports du bien et du mal, de la miséricorde et de la justice. Le bas du corps est voilé, image des mystères de la génération universelle, exprimée seulement par le symbole du caducée. Le ventre du bouc est écaillé, et doit être coloré en vert ; le demi-cercle qui est au-dessus doit être bleu ; les plumes, qui montent jusquà la poitrine, doivent être de diverses couleurs. Le bouc a un sein de femme, et ne porte ainsi de lhumanité que les signes de la maternité et ceux du travail, cest-à-dire les signes rédempteurs. Sur son front, entre ses cornes et au-dessous du flambeau, on voit le signe du microcosme ou le pentagramme la pointe en haut, symbole de lintelligence humaine, qui, placé ainsi au-dessous du flambeau, fait de la flamme de ce dernier une image de la révélation divine. Ce panthée doit avoir pour siège un cube, et pour marchepied soit une boule seule, soit une boule et un escabeau triangulaire. Dans notre dessin nous lui avons donné la boule seulement, pour ne pas trop compliquer la figure. » (Dogme et rituel de la Haute Magie, Eliphas Lévi (abbé Constant), Editions Bussière, 1988, p.399)

 

4. Le Baphomet et lOrdre du Temple.

 

Une partie du célèbre procès des Templiers fut basé sur laccusation didolâtrie, les membres de lOrdre du Temple ayant été accusé dadorer un être androgyne au visage barbu qui aurait été le Baphomet. Toutefois, les Templiers avouèrent cela sous la torture et les descriptions quils firent du Baphomet étaient certes toujours particulièrement monstrueuses, mais également très différentes les unes des autres. Il fut même question dune tête à une ou plusieurs faces. Et certains affirment aujourdhui quil pourrait sagir là du crâne de saint Euphémie ! En fait, il semble certain quen dehors dune possible apparition de cette figure lors des actes dinitiation, les Templiers nadorèrent, ni ne vénérèrent jamais le Baphomet. Cette idole aurait été un prétexte visant à exprimer, pour un cercle restreint dinitiés, une réalité mystérieuse qui échappait à lensemble des membres de lOrdre. Ainsi a-t-on trouvé au château Chinon, dans le donjon duquel 16 templiers furent incarcérés, une pierre dissimulée et gravée sur trois faces. Elle fut découverte en présence dun huissier et reprend le message suivant : Le principe des êtres créés de Dieu trinité est pour nous Baphomet, adieu nous partons demain pour le Temple neux. A noter quune figure du Baphomet, androgyne, barbue et cornue, est encore visible en léglise de Saint-Merri, à Paris. Elle illustre généralement les commentaires sur la prétendue idole des Templiers. Cette œuvre pourtant, ne fut réalisée quau 19ème siècle.

 

5. Le « Baphomet » Aleister Crowley.

 

En 1912, cest sous le nom magique de « Baphomet », qu’il s’octroya lui-même, reprenant à son compte la légende négative du supposé « Baphomet des Templiers », que le célèbre et très excentrique occultiste Aleister Crowley, élu chef de la section britannique de lOrdo Templi Orientis (= « Ordre des Templiers de l’Orient » (OTO); sa section britannique porta le nom de Mysteria Mytica Maxima), prendra notamment le titre fantaisiste de « Suprême et Saint Roi dIrlande, Iona et de toutes les îles Britanniques qui sont dans le Sanctuaire de la Gnose ».

 

On le sait, les « rituels » pratiqués par Crowley étaient largement marqués par la prise de stupéfiants et la débauche sexuelle :

 

-« (…) il remania sa messe gnostique en y incluant, sous une forme voilée, le IX e secret : « Et je crois au Serpent et au Lion, Mystère du Mystère, et en son nom Baphomet. Et je crois en une Eglise catholique gnostique de lumière, d’amour et de liberté, dont la Loi a pour nom « Thelema ». » La messe gnostique fut publiée dans l’organe officiel de l’O.T.O., « Oriflamme », avec des rituels de magie sexuelle. » (Aleister Crowley, le Saint de Satan, p. 231)

 

-« Revenu à Cefalù, le mage réagit avec force contre ses mauvaises habitudes : il supprima la cocaïne –du moins après 11h du matin- et fit de longues marches solitaires dans les collines couvertes d’oliviers. » (Aleister Crowley, le Saint de Satant, p. 247)

 

Au lendemain de son semi-sevrage, Crowley, se remit à peindre d’autant que « Baphomet », alias « la Bête », alias « 666 », s’identifiait aussi littéralement à Paul Gauguin : « comme lui, il avait choisi l’exil du monde bourgeois ; comme lui, il avait couvert les murs de sa demeure des reflets de ses visions. Comme lui, il vivait avec des femmes belles et simples, de véritables plantes grimpantes. Gauguin était mort en 1903, six mois après la rencontre d’Aleister avec Rodin : ils auraient pu se connaître. Finalement, 666 organisa dans le temple une cérémonie en l’honneur des mânes du peintre qui avait « vu et entendu une ondine » : « Par le pouvoir et l’autorité que je détiens, Moi, Baphomet 729, j’ordonne l’insertion du nom de Paul Gauguin parmi les mémorables saints de la messe gnostique. Baphomet XIe O.T.O. » (Aleister Crowley, le Saint de Satan, p. 247-248).

 

Aleister Crowley portait aussi à son doigt une bague symbolisant une de ses improbables incarnations : « A son doigt, Baphomet, le « Roi de la Dépravation », l’ « Esprit de la Solitude », le « Voyageur des Immensités », portait une bague en forme de sceau, marqué par l’hiéroglyphe d’Ankh-f-n-Khonsu, le dieu de la Lune à Thèbes –l’une de ses incarnations- dont il avait reconnu les paroles annonçant l’Eon d’Horus sur la stèle du Caire. » (Aleister Crowley, le Saint de Satan, p. 256-257).

 

L’histoire du Baphomet est donc, avant tout, l’histoire d’une injuste diabolisation et d’un malentendu. La « démonisation » du Baphomet servit ainsi les causes les plus diverses, y compris les plus malsaines et les plus déviantes.

 

 

Eric TIMMERMANS.

Bruxelles, le 24 novembre 2009.

 

Sources :

 

-Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998.

-Dogme et rituel de la Haute Magie, Eliphas Lévi, Editions Bussière, 1988.

-Histoire des personnages mystérieux et des sociétés secrètes, « Aleister Crowley, le Saint de Satan », Arnold Walstein, Culture, Art, Loisirs, Paris, 1975.

-LAnge déchu, M. Centini, Editions De Vecchi, 2004 (p. 176, 183).

-Le Prince de ce monde, Nahema-Nephtys, Nahema-Nephtys et Anubis, Editions Savoir pour Être, 1993.

-Les Grands Mystères de lHistoire N°3, Les secrets des Templiers, 2003.

Partager cet article
Repost0
20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 21:40
Mon ami Eric qui, ainsi que je vous l'ai déjà dit, s'intéresse aux Etudes traditionnelles, a également un certain talent pour l'écriture, m'a fait parvenir un article toujours relatif à l'Egyptologie.Il concerne le dieu Thot. Je vous en souhaite une bonne lecture

Claude de Villers


THOT, LE MAÎTRE DES PAROLES DIVINES

 

 

Immobile, je dois contempler ton visage, ô Thot !

Ne sois donc ni trop dur ni trop cruel avec moi !

Regarde ! Tous les dieux remettent entre tes mains,

Pour des millions d’années à venir,

Leurs trônes, ô Thot ! Pour que tu puisses en disposer !

(« Prière pour ne pas mourir pour la deuxième fois »,

Le Livre des morts).

 

 

1. Thot, dieu de la Lumière nocturne et de la Connaissance initiatique.

 

En égyptien, Thot porte le nom de Djehouty, un terme que lon nest pas encore parvenu à déchiffrer.

 

Ce dieu est le patron de lEcriture, des Scribes et des Arts, il est le Grand Maître des Hiéroglyphes et le transcripteur des paroles divines. Cest également lui qui tenait les comptes des généalogies royales dans lEgypte pharaonique.

 

Thot est doté dun certain nombre de surnoms et de qualificatifs. Ainsi le nomme-t-on « Calculateur des années », « Maître de la Maison de la Vie », « Seigneur du Temps », « Maître des Paroles Divines » (=hiéroglyphes), « Scribe de Maât de la Grande Ennéade » (=Collège des dieux).

 

On le nomme également « Seigneur de la Lune » ou encore « Aton argenté ». Le lien entre sa fonction de « Maître du Temps » et lastre nocturne, est à mettre en rapport avec le fait que la Lune constituait la mesure du calendrier égyptien.

 

Thot est le dieu de ceux que la nuit inspire, la Lumière jaillissant au cœur des Ténèbres. Thot est ainsi le « Cœur de Rê », soit la pensée conceptuelle du dieu solaire. Il est également le conseiller de ce dieu quil accompagne dans la barque solaire, de même que son représentant sur terre –la « Lumière de Rê » dans son aspect nocturne-, et ce depuis que Rê, après la rébellion des hommes, décida de séclairer et déclairer le monde à partir des cieux. Thot symbolise donc la lumière secrète des Initiations et des Mystères, et personnifie la Connaissance initiatique.

 

Voilà pourquoi les Grecs, qui s’imposèrent en Egypte à l’époque d’Alexandre le Grand, assimilèrent Thot au dieu grec Hermès Trismégiste dont le qualificatif de « Trois Fois Grand » provient d’ailleurs dune adaptation dune épithète de Thot parfois nommé « Deux Fois Grand » (comme synonyme de « Très Grand ») :

 

« Thot est ainsi honoré à Denderah, sous le règne de l’empereur Néron (37-68) : « Thot, le deux fois grand, le plus ancien…le souverain dieu, créateur du Bien…seigneur du Temps, roi des années, scribe des annales de l’Ennéade ! » (Encyclopédie des symboles, Cazenave, p. 677).

 

Hermès Trismégiste est également le nom d’un personnage mythique de l’antiquité gréco-égyptienne, auquel on a attribué un ensemble de textes nommés Hermetica, et dont les plus connus sont le Corpus Hermeticum (un recueil de traités mystico-philosophiques) et la Table d’émeraude. Il convient toutefois de ne pas confondre le dieu grec avec ce personnage mythique dont le nom tient une place essentielle, on le sait, dans l’alchimie traditionnelle, dans laquelle on retrouve également l’image de Thot, notamment sous la forme d’un singe cynocéphale :

 

« Comme Thot-Hermès, ou comme Hermès Trismégiste, le dieu est alors l’initiateur de la gnose (de la connaissance véritable) en même temps que le maître de l’alchimie et de toutes les pratiques de la théurgie. » (Encyclopédie des symboles, Cazenave, p. 677).

 

L’assimilation de Thot à Hermès Trismégiste (le dieu et le personnage mythique) est définitivement réalisée dans le « Corpus Hermeticum, qui se veut à la fois l’héritier de toute la tradition du Nil, de la tradition grecque et des mystères orientaux. » (Encyclopédie des symboles, Cazenave, p. 676).

 

A Memphis, on disait de Thot qu’il était la « langue de Ptah » (on le dit parfois aussi « langue d’Atoum », dieu d’Héliopolis), soit le Verbe créateur ou encore, en tant que Magicien Suprême, le « Maître de la magie sonore ».

 

2. Thot, Juge et Greffier des dieux.

 

Dans la plus ancienne mythologie égyptienne, Thot remplit les fonctions de juge et de greffier (scribe) lorsque se réunissent les tribunaux divins. Son épouse Mâat (d’autres sources présentent également Sechat comme l’épouse de Thot) est la déesse de la Justice. Elle est aussi la gardienne de la Connaissance, de la Vérité, de la Mesure et de l’Harmonie universelle.

 

Thot préside le tribunal des dieux auquel Isis et Horus viennent se plaindre de l’assassinat d’Osiris par Seth. Il préside également à l’audition des défunts lorsque ceux-ci comparaissent au tribunal d’Osiris. Après la « Pesée de l’âme » (ou du cœur), durant laquelle on dépose l’âme du défunt sur une balance, ladite âme ne devant pas se révéler plus lourde que la plume de Mâat au risque d’être jetée en pâture à la Dévorante, Thot consigne le résultat de la pesée effectuée par Anubis.

 

 

 

 

3. Les origines de Thot.

 

Les origines de Thot apparaissent étranges et mystérieuses. Le dieu serait né de la tête de Seth –ce qui n’est pas sans rappeler Athéna naissant du crâne de Zeus- qui aurait, par inadvertance, absorbé la semence dHorus répandue par Isis sur des laitues. Mais un texte d’Edfou évoque Thot comme résultant de l’union de Rê et d’une naine elle-même née d’un bouton de lotus.

 

Cette légende semble devoir être mise en rapport avec la lumière lunaire illuminant la nuit la plus sombre –Seth étant un symbole des ténèbres- telle quelle apparaît dans les premiers jours de la lunaison, de même quavec tous les parcours symboliques de lEgypte ancienne.

 

Dun point de vue historique, on distingue deux Thot. Lun fut vénéré comme dieu de la Lune dans une région située dans le 15ème nome de Basse-Egypte. Lautre est associé à lHorus de Damanhour (ou Hermopolis Parva), où il était vénéré comme un dieu créateur et apparaissait déjà sous les traits dun ibis.

 

4. La fusion de Kemenou.

 

La fusion de ces deux Thot distincts le « lunaire » et l « ibis » - sest finalement opérée à Kemenou (ou Khmonou), ville de Haute-Egypte située près de lactuelle Assiout que les Grecs baptisèrent ultérieurement, Hermopolis Magna, les Grecs ayant assimilé Thot, comme nous l’avons dit, à Hermès Trismégiste, tout comme ils avaient assimilé Anubis à Hermès Psychopompe.

 

Thot fut choisi par le clergé de Kemenou-Hermopolis pour prendre la tête de lOgdoade, un étrange et par trop abstrait groupe de huit divinités comprenant quatre hommes à tête de grenouille et quatre femmes à tête de serpent : Amon et Amaunet, Heh et Hehet, Kek et Keket, Noun et Naunet. Ajoutons que lon ne connaît aucun culte dédié à cette Ogdoade dont les huit divinités furent à lorigine du nom de Kemenou qui signifie « Ville des Huit ».

 

Mais lOgdoade dHermopolis dérivait elle-même dune autre combinaison, dailleurs pas moins inhabituelle, de quatre babouins et dune femelle de lièvre ! Le culte de ces animaux survécut à la création de lOgdoade.

 

Thot, résultant de la fusion des Thot « lunaire » et « ibis » dorigine, devenu chef des huit divinités de lOgdoade, allait donc également prendre les traits dun singe cynocéphale (souvent coiffé du disque solaire) et apparaître alternativement sous cette forme ou sous celle de libis (parfois également coiffé du disque solaire).

 

5. Thot, entre l’ibis et le singe.

 

Thot peut ainsi apparaître sous les traits dun homme à tête dibis ou de singe cynocéphale (babouin ou hamadryas) ou encore sous laspect dun singe ou dun ibis. Il est souvent représenté dans la scène célèbre dite de la « Pesée de lâme », déjà évoquée, muni de sa palette et dune tige de jonc mâchonnée servant de pinceau.

 

6. A savoir également.

 

5.1. C’est par sa magie que Thot sauva le petit Horus qui avait été piqué par un scorpion. C’est par cette même magie qu’il restitua à Horus et à Seth les organes qu’ils avaient perdu durant leur combat.

 

5.2. Comptable du temps, Thot peut accorder la « vie éternelle » aux défunts. En outre, il accorda à Nout (=la Voûte céleste), après avoir été battu aux dés par celle-ci, les cinq jours qui lui étaient nécessaires pour enfanter. C’est la raison, dit-on, pour laquelle le calendrier passa de 360 à 365 jours !

 

 

 

Eric TIMMERMANS.

Bruxelles, le 17 novembre 2009.

 

 

Sources :

 

-Dictionnaire de mythologie et de symbolique égyptienne, Robert-Jacques Thibaud, Dervy, 1996.

-Dictionnaire historique de lEgypte, Pierre Norma, Maxi-Poche Histoire, 2003.

-Dieux et déesses de lancienne Egypte, Bernard Van Rinsveld, Musées Royaux dArt et dHistoire de Bruxelles, 1994.

-Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962.

-Encyclopédie des Symboles, Michel Cazenave, La Pochotèque, Livre de Poche, Librairie générale française, 1996, Edition 6.

-Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997.

-Petit dictionnaire des dieux égyptiens, Alain Blottière, Zulma, 2000.

 

Partager cet article
Repost0