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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 18:44

 

 

1. Des spectres anthropophages

 

Dans les traditions populaires, les Lamies sont des spectres féminins d’une grande beauté, mais néanmoins démoniaques, qui hantent les cimetières pour y déterrer les cadavres et s’en repaître. On dit qu’elles n’en laissent que les os… Ainsi, dans son Polycraticus, Jean de Salisbury (env. 1115-1180) évoque des assemblées nocturnes présidée par Hérodiade, au cours desquelles des petits enfants sont exposés à la voracité des Lamies, celles-ci étant assimilées aux Stryges qui pénètrent la nuit dans les maisons où sont nourris de petits enfants (Chasses fantastiques et cohortes de la nuit, Lecouteux, p.17). Les Lamies sont parfois assimilées aux vampires et dans les langues sémitiques, le terme alouqa désigne aussi bien la sangsue que certaines créatures infernales que les Goules et les Lamies.

 

2. Visualisation.

 

Torquemada, confondant vraisemblablement les Lamies avec les Empuses, dit qu’elles sont dotées d’un visage de femme et de pieds de cheval. Dès 1400, des textes évoquent des Lamiae comme des démons ayant l’apparence de vieilles femmes qui, la nuit, courent la campagne pour enlever les enfants et les faire rôtir. A partir de la fin du 15e s., le terme de « Lamies » devient un terme générique servant à désigner les sorcières et ce, suite au traité d’Ulrich Molitor paru en 1489, De lamii et pythonis mulieribus. Pierre Le Loyer décrira quant à lui les Lamies comme des démons féminins issus du désert ayant des têtes de dragon à la place des pieds. Dion Chrysostome les assimile à des bêtes vivant en Libye, agiles et rapides, capables d’appâter les hommes grâce à leurs atouts féminins, ne pouvant parler et n’émettant que des sifflements de serpent ou de dragon, et qui, dès que leurs proies sont à portée de leurs mains crochues qu’elles gardent soigneusement cachées, s’en emparent, les piquent de la dent venimeuse qui est dans leur tête de dragon et les dévorent.

 

3. Une origine hellénique.

 

L’origine du nom des Lamies est à trouver dans la mythologie grecque. En effet, selon la légende, vivait autrefois en Phrygie une jeune femme nommée Lamia, fille du roi Belos et de Scylla. Lamia était d’une telle beauté qu’elle fut aimée de Zeus lui-même, ce qui ne manqua pas de provoquer la jalousie de l’épouse de ce dernier, Héra. Lamia s’unit à Zeus et lui donna plusieurs enfants qu’Héra massacra impitoyablement. Pour se venger, Lamia se changea en un être spectral et monstrueux –assimilé par certaines sources à un lycanthrope ou à un vampire- dévorant ou suçant le sang des nourrissons. Il est dit aussi que Lamia fendait les ventres des femmes enceintes pour dévorer leurs embryons. Héra la priva de sommeil, mais Zeus lui accorda le pouvoir d’enlever ou de mettre ses yeux à volonté. Un jeune homme nommé Alcyonée (qu’il convient de de ne pas confondre avec le Géant du même nom), fut un jour, choisi par le sort, pour être jeté en pâture à Lamia. Un autre jeune homme, nommé Eurybatos, s’offrit à être sacrifié à sa place. Parvenu devant l’antre de Lamia, Eurybatos réussit à la saisir et à lui fracasser le crâne. A la place où se trouvait Lamia jaillit une source qui prit le nom de Sybaris (on ne sait si cette Lamia était la même que la fille de Belos et Scylla ; peut-être s’agit-il là d’un autre monstre ou de l’utilisation du nom de Lamia de manière plus générale et générique). C’est de ce mythe de Lamia, dont le nom signifie « la gloutonne », que naquit la légende des Lamies, tout comme les Empuses naquirent du mythe d’Empusa. Certains assimilent aussi Lamia à Lilith et d’autres en font, comme nous l’avons vu, les compagnes d’Hérodiade lors des assemblées nocturnes de sorcières.

Eric TIMMERMANS.©

Bruxelles, le 22 février 2011.

 

Sources : Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des mythes et des symboles, Nadia Julien, Marabout, 1997.

 

 

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