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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 17:35

 

 

1. La Corneille de combat.

 

Le nom de Morrigane (ou Morrigan, Morrioghan, Morgain) signifie la « Grande Reine ». Elle apparaît comme une déesse mi-guerrière, mi-érotique : cest la déesse des combats. On la nomme aussi Bodb (ou Badb, Bodbh, Badbh), cest-à-dire la « Corneille » et cest sous laspect de cet oiseau quelle survole les champs de bataille afin dexciter les guerriers au combat. Mais elle peut également combattre personnellement. Ainsi le terme gaélique Bodhbh Catha, qui signifie la « Corneille de combat », désigne-t-il Morrigane.

 

2. Un aspect de la Grande Déesse.

 

Tout comme Macha et Brighid notamment, Morrigane, fille d’Ernmas et épouse du Dagda, est l’un des multiples aspects de la Grande Déesse celtique. Ainsi la nomme-t-on aussi parfois « sœur de Macha ». Voici le récit de la rencontre de la Morrigane et du Dagda et de la mise à mort, par la déesse, du roi des démons Fomoire : « Le Dagda vit la femme en Unius, en Corann, se lavant, lun de ses deux pieds à Allod Echae, cest-à-dire Echumech, devant leau, au sud, et lautre à Loscuinn, devant leau, au nord. Elle avait neuf tresses sur la tête. Le Dagda lui parla et ils firent une union. Le Lit du Couple est le nom de lendroit à cause de cela. La femme qui est mentionnée ici est la Morrigan. Elle dit au Dagda que les Fomoire toucheraient terre à Mag Scene et elle lui dit dappeler les hommes dIrlande devant elle au gué dUnius. Elle irait à Scene pour tuer le roi des Fomoire, cest-à-dire Indech, fils de Domnann. Elle lui enlèverait le sang de son cœur et les rognons de sa valeur. Elle montra ensuite se deux mains remplies de ce sang aux troupes qui attendaient devant le gué dUnius. Le Gué de la Destruction fut alors le nom de ce gué, à cause de cette destruction du roi. » (Les fêtes celtiques, F. Leroux et Ch.-J. Guyonvarch)

 

3. Morrigane dans l’épopée celtique d’Irlande.

 

Morrigane apparaît bien évidemment dans un certain nombre de récits épiques irlandais :

 

3.1. Ainsi, dans le récit de La Bataille de Mag Tured (la seconde bataille de ce nom) elle promit notamment au dieu Lug de ne jamais manquer son but durant la bataille. Et à lissue de cette bataille, elle répandit la nouvelle de la victoire des Tuatha dé Danann et prophétisa un monde futur dans lequel lhomme serait toujours aux prises avec la maladie, la guerre et la mort. Notons également, dans le contexte de ce récit, que Nuada détenait larme qui symbolise la fonction guerrière, soit lépée flamboyante, son attribut canonique. Il sen servit au cours de la bataille de Mag Tured, alors quil était pris dune fureur guerrière typiquement celtique, après avoir passé une nuit avec Bodb-Morrigane.

 

3.2. Dans le récit de la Razzia des vaches de Cooley (ou Tain Bô Cualngé), Morrigane apparaît sous sa forme d’une corneille au taureau nommé le Brun de Cualngé et lui adresse un long discours pour lui recommander la prudence au cours du combat qui doit lopposer à un autre taureau nommé le Beau Cornu dAi.

3.3. Dans le même récit, Morrigane apparaît au héros dUlster Cûchulainn sous laspect dune jeune fille et offre son amour au héros qui la repousse. Pour se venger, Morrigane attaque Cûchulainn afin de le gêner durant les combats. Pour ce faire, elle prend successivement laspect dune vache, dune anguille et dune louve grise. A chaque fois, Morrigane est blessée, mais Cûchulainn lest également par son adversaire Lôch. La déesse se transforme alors en une vieille femme infirme et propose à Cûchulainn du lait de sa vache. Il ne se méfie pas, en bois trois fois et fait trois fois vœu de guérison à la vieille femme. Cest ainsi que Morrigane fut guérie de ses blessures, alors que Cûchulainn, lui, ne cessait de s’affaiblir. Le héros ulate ne devra son salut quà lintervention du dieu Lug dont on dit qu’il serait, en quelque sorte, son « père spirituel ».

 

3.4. Dans le récit de La Mort de Cûchulainn, il est dit que durant la nuit qui a précédé le départ du héros dUlster pour le combat dans lequel il finira par succomber, Morrigane avait disloqué son char car il lui déplaisait que Cûchulainn se rende à la bataille. Cûchulainn mourut de la main de Lugaid qui le transperça de son javelot. Les entrailles du héros pendirent bientôt jusque sur ses pieds et il est dit encore que « les corbeaux de la Bodb se posèrent sur celles-ci de telle sorte que les entrailles furent sur les pattes des corbeaux. » Dans la mythologie celtique, les corbeaux et les corneilles sont confondus et nous avons vu que la corneille est un attribut essentiel de la déesse Morrigane.

 

3.5. La légende de la fée Morgane arthurienne dérive vraisemblablement, du mythe de la déesse Morrigane.

 

Eric TIMMERMANS.©

Bruxelles, le 7 octobre 2010.

 

Sources : Essai de dictionnaire des dieux, héros et légendes celtes, Fascicule 1, Claude Sterckx, 1998 / La légende de la mort, Tome 2, Anatole Le Braz, Terre de Brume Editions, 1994 / Lépopée celtique dIrlande, Jean Markale, Petite Bibliothèque Payot, 1971 / Les Celtes Dieux oubliés, Marcel Brasseur, Terre de Brume Editions, 1996 / Les Celtes Histoire et Dictionnaire, des origines à la romanisation et au christianisme, Venceslas Kruta, Robbert Laffont, 2000 / Les fêtes celtiques, Françoise Leroux et Christian Guyonvarch, Editions Ouest-France Université, 1995 / Nouveau dictionnaire de mythologie celtique, Jean Markale, Pygmalion, 1999.

 

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