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Epona, une déesse équine.
Le nom de cette déesse gauloise qui vient d’Epos, le nom brittonique du cheval (Equos en gaélique, mot clairement apparenté à l’Equus latin et qui donne Hippos en grec), signifie l’ « Equine » ou la « Grande Jument ». Comme son nom l’indique, Epona est la déesse des chevaux et de tous ceux qui leur sont associés : cavaliers, éleveurs, garçons d’écurie… Par extension, elle représente le peuple cavalier celtique. De fait, elle fut notamment la déesse protectrice des troupes de cavalerie gauloises qui contribuèrent à répandre son culte en dehors de la Gaule. Epona est parfois titrée Mandica (=la Poulinière) et semble être la mère du dieu gaulois Maponos (équivalent du Mabon gallois) que l’on représente parfois sous la forme d’un poulain. On retrouve également des déesses équines en Irlande (Macha, Dechtiré), de même qu’au Pays de Galles (Rhiannon, dont le nom est apparenté à celui de la déesse gauloise Rigantona, « Grande Reine »).
2. Epona, un aspect de la Grande Déesse.
Epona est aussi fréquemment titrée Sancta (=Sainte) ou/et Regina (=Reine). Elle apparaît comme un aspect de la Grande Déesse s’accouplant à un Dieu-Père souverain afin d’engendrer un Dieu-Fils incarnant la Vie du monde. En tant que Grande Déesse, Epona doit être reconnue comme une personnification du Monde, c’est-à-dire comme une Déesse-Mère qui donne naissance à la vie sous toutes ses formes, même si Epona semble plutôt associée aux espèces animales qui peuplent la terre. Un temple dédié à Epona a peut-être existé à Asse-Kalkhoven, dans le Brabant flamand.
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Epona adoptée par Rome.
La déesse Epona est l’une des rares, voire la seule divinité celtique dont le culte est parvenu jusqu’à Rome, et ce dès le Ier siècle de l’ère chrétienne. Ainsi disait-on, à Rome, qu’Epona était née des amours d’un misogyne ( !) nommé Fulvius Stellus avec une jument. La statue d’Epona figurait en bonne place dans les écuries des légions romaines. Et c’est dans le nord-est de la Gaule, sur le « limes » (frontière), que ses représentations, datant notamment du 3e siècle de l’ère chrétienne, sont les plus nombreuses. On en trouve notamment en Rhénanie, en Suisse, dans le Haut Danube, et jusqu’en Hongrie. La fête d’Epona est fixée au 18 décembre.
4. Visualisation.
4.1. Rien, hélas, ne nous est parvenu de l’histoire d’Epona, mais un grand nombre de documents l’associent à des chevaux, soit qu’elle trône parmi eux, soit, le plus souvent, qu’elle monte une jument au pas, tout en portant un enfant ou un chiot dans ses bras. On la voit aussi au milieu de chevaux qu’elle nourrit ou encore nourrissant un poulain qui accompagne sa monture.
4.2. Une monnaie gauloise la représente sous les traits d’une jument allaitant son poulain (Maponos ?), tandis qu’un être monstrueux semble les menacer.
4.3. Sur la stèle de Robernier-Montfort, Epona est également représentée sous les traits d’un cheval accompagné de son poulain.
4.4. La plus célèbre représentation d’Epona est celle du Landes Museum de Trèves (Trier, Allemagne). Epona y est représentée habillée d’une longue tunique, enfourchant un cheval et tenant une coupe pleine dans la main droite (2e s. de l’ère chrétienne).
Eric TIMMERMANS
Bruxelles, le 2 février 2010.
Sources : Des dieux celtes aux dieux romains, P. Cattelain – C. Sterckx, Editions du CEDARC, 1997 / Dictionnaire historique des Celtes, Pierre Norma, Maxi-Poche Histoire, 2003 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Essai de dictionnaire des dieux, héros, mythes et légendes celtes, Fascicule 1, Claude Sterckx, 1998 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1998 / L’épopée celtique d’Irlande, Jean Markale, Petite Bibliothèque Payot, 1973 / Les Celtes – Fureur et immortalité, G. Nenzioni et F. Giromini, Papermint, 1979 / Les Celtes – Histoire et dictionnaire, Venceslas Kruta, Robert Laffont, 2000 / Les Celtes – Les dieux oubliés, Marcel Brasseur, Terre de Brume Editions, 1996 / Nouveau dictionnaire de mythologie celtique, Jean Markale, Pygmalion, 1999.