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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 13:16

 

 

 

Les Bacab, dont on dit qu’ils sont les enfants d’Ix Chel et d’Itzamna, sont des divinités mayas associées aux quatre points cardinaux. Ils sont les « porteurs du ciel ». Soutiens de la voûte céleste, ils soutiennent parfois aussi la surface terrestre.

 

Ils apparaissent sous la forme de vieillards associés à la terre et à sa fertilité, de même quà linframonde dans son aspect humide. A lépoque classique, on compte parmi les attributs des Bacab une coquille marine ou encore une carapace de tortue. Au postclassique ancien, on leur associe également la toile daraignée et labeille. Il apparaît que le dieu N a les mêmes caractéristiques que les Bacab et quil ne peut donc en être séparé. Cest une créature que lon représente souvent émergeant dune coquille univalve et qui se trouve associée à la fertilité de la terre.

 

« Le dieu N (et ses variantes N et N’’) ne sont autres que les formes postclassiques des vieux bacabs mythiques du classique ; ce sont des vieillards qui portent dans le dos une écaille de tortue ou qui émergent dun gastéropode » (Baudez)

 

Les Bacab sont liés au mythe du Déluge et de la destruction du monde.

 

« Le franciscain Diego de Landa, dans la Relacion de las cosas de Yucatan quil composa vers 1566, relie le thème du déluge à la figure des quatre Bacab « porteurs de ciel » :

Parmi les innombrables dieux quils vénéraient figuraient quatre divinités qui répondaient chacune au nom de Bacab. Selon les gens de cette nation, Dieu, quand il avait créé le monde, avait placé ses quatre frères aux quatre coins de la Terre, afin quils soutiennent le ciel et lempêchent ainsi de tomber ; comme ils affirmaient ainsi que ces Bacab avaient échappé à la destruction lorsque le déluge sétait abattu sur le monde. » (Taube)

 

« Landa nous dit que les bacabs étaient quatre frères que Dieu avait placés, au moment de la création, aux quatre coins du monde pour soutenir le ciel afin de lempêcher de tomber. Or, ces bacabs, disait-on, avaient survécu au Déluge. Dans le Livre de Chilam Balam de Chumayel, les bacabs sont ceux qui provoquèrent le Déluge et détruisirent le monde. Pour commémorer cette destruction, ces dieux dressèrent des arbres dabondance aux quatre coins et au centre de lunivers. Au sommet de chacun de ces arbres se tenait un oiseau despèce différente. Daprès cette même source, la destruction du monde avait eu lieu parce que les hommes étaient dépourvus de cœur et de jugement. » (Baudez)

 

 

Dans les documents coloniaux, il est ainsi rapporté que deux dieux nommés respectivement Ah Muzencab et Bolon-ti-ku provoquèrent le déluge après avoir attaqué un autre dieu nommé Oxlahun-ti-ku, afin de lui voler ses insignes royaux.

 

Or, dans les Livres de Chilam-Balam (versions de Chumayel et de Mani) il est dit, à la suite de cet événement : « Puis le ciel tomba ; il seffondra sur la terre au moment même où les quatre Bacab suscitèrent la destruction du monde. »

 

Cela fait vraisemblablement référence à lune des destructions de races dhommes inintelligents dont il est question dans le Popol Vuh, sans que lon ne sache sil sagissait, dans ce cas, des hommes dargile ou des hommes de bois.

 

Après cette destruction, ce déluge, il est dit que cinq grands arbres furent disposés aux quatre points cardinaux, de même quau centre de la Terre, et ce afin de soutenir le ciel. Ces « arbres du monde » sont chacun associé à une couleur, à une direction de lespace, de même quà une ou plusieurs espèces doiseau différentes. Sur chacun de ces arbres cosmiques est perché un Chac, ce qui renvoie au nom du dieu maya de la pluie.

 

Certains pensent pouvoir retrouver dans les Bacab limage dune ancienne divinité maya quadruple, quelquefois identifiée à des montagnes, généralement représentée en train de soutenir la Terre sur les monuments de lancienne civilisation maya et nommé Pauahtun.

 

Celui qui est dit « le meilleur et le plus grand » des Bacab, est Canzienal, le patron de lannée faste Muluc, associé au Nord et au Blanc. Lannée faste Kan avait pour augure le Bacab Hobnil, associé à l’Est et au Rouge. Le Bacab de lannée Ix porte lui le nom de Zac Cimi (de zac cimil, « mort blanche », « évanouissement »), associé à l’Ouest et au Noir. Le Bacab de l’année Cauc est Hazonek, associé au Sud et au Jaune.

 

 

 

Eric TIMMERMANS.

Bruxelles, le 28 juillet 2010.

 

 

Sources : Le Popol Vuh, : Les dieux, les héros et les hommes de l’ancien Guatemala d’après le livre du conseil, Librairie d’Amérique et d’Orient, Jean Maisonneuve, 1925 (réédition 1er janvier 2000) / Mythes aztèques et mayas, Karl Taube, Seuil, 1993 / Une histoire de la religion des Mayas, Claude-François Baudez, Albin Michel, 2002.

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