1. Râvana, roi des démons de l’Inde.
Râvana, fils de Vishravas et de Nikachâ, est un roi des démons (rakshasa) qui régnait sur la Cité d’Or de l’île Lankâ. Certains assimilent l’île de Lanka au Sri Lanka actuel, mais cette thèse n’est pas adoptée par tous les commentateurs et l’on envisage plus vaguement « un pays situé au-delà des mers » (Varenne). En outre, Kubera, demi-frère de Râvana, aurait régné avant lui sur cette île avant que Râvana ne l’en chasse. Ennemi des dieux et des hommes, Râvana apparaît comme l’un des personnages principaux du Ramayana. On le dit violent et vulgaire, et on le représente doté de dix têtes et de vingt bras. Râvana obtint l’Immortalité après avoir prié Brahma durant 10.000 ans. Mais, plein d’arrogance, il précisa qu’il ne la demandait que dans l’unique intention de se prémunir contre les coups des hommes et des animaux, déclarant aussi qu’il ne craignait nullement les créatures divines.
2. Râvana dans le Râmâyana : l’enlèvement de Sîtâ.
Râvana possède aussi un pouvoir de séduction sur les femmes. Dans le Râmâyana on le voit exercer ce pouvoir avec violence sur Sîtâ. Ainsi est-il dit que les dieux supplièrent Vishnu d’aller détruire Râvana, et c’est dans ce dessein que Vishnu exauça le vœu du roi d’Ayodhyâ, Dasharatha, qui avait accompli un rite sacrificiel pour recevoir une descendance mâle longtemps espérée : ainsi Dasharatha eut quatre fils dont Râma, avatar de Vishnu et futur vainqueur de Râvana.
Un jour, Râma, son épouse Sîtâ et le frère de Râma, Lakshamana, furent chassés d’Ayodhyâ et durent trouver refuge dans la forêt. La démone Shurpanakha, sœur de Râvana, tomba amoureuse de Râma et tenta de le séduire. Se voyant repoussée, elle agressa Sîtâ mais fut neutralisée par Lakshmana qui lui coupa le nez et les seins. Shurpanakha alla ensuite se plaindre chez son frère de cette mésaventure : « Les espions du puissant Râvana informent leur maître de la présence de ces étrangers et lui parlent de la beauté de Sîtâ. Séduit, Râvana observe la jeune femme et, profitant d’un incident de chasse qui entraîne au loin Râma et Lakshmana, enlève Sîtâ et l’emmène jusque dans l’île de Lankâ, où se trouve son palais. » (Varenne)
Râma, aidé d’Hanuman et de l’armée des singes, délivra finalement Sîta et terrassa Râvana en combat singulier. L’île de Lankâ fut prise, la capitale incendiée et le palais de Râvana totalement détruit. Mais Râma douta de la fidélité de Sîtâ dont il pensa qu’elle n’avait pu vivre aussi longtemps sous le toit de Râvana sans en devenir la maîtresse. Aussi envisagea-t-il de la répudier. Pour prouver sa bonne foi, Sîtâ monta sur un bûcher mais les flammes refusèrent de la brûler et Râma rentra finalement à Ayodhyâ avec son épouse. Mais celle-ci sera finalement répudiée sous la pression de la populace qui rejeta une reine qu’elle jugeait « impure ».
Notons aussi que « l’Inde brahmanique a pris très tôt l’habitude de voir dans la lutte de Râma contre Râvana le symbole du combat des fils de la lumière contre les forces des ténèbres. » (Varenne)
Le récit du Râmâyana, que l’on attribue à Valmîki, a été traduit en hindî par le poète Tulsîdâs qui lui a donné une forme entièrement religieuse. Dans ce contexte, « Râvana est le « mal nécessaire » qui permet à Dieu de manifester sa puissance et son amour des hommes ; percé par l’arme de Râma, il obtient le salut éternel. » (Varenne)
3. A savoir également.
3.1. Indra, dit-on, fut un jour vaincu et capturé par Râvana et amené à Lanka par Indrajit (fils de Râvana ( ?) ), alors que les dieux étaient, eux, expulsés du Ciel. On dit aussi qu’alors qu’il était poursuivi par Râvana, Indra se cacha derrière les plumes d’un paon, tant et si bien que Râvana ne le trouva point. Cette légende s’inscrit, de toute évidence, dans une logique visant à discréditer les anciens dieux védiques et favoriser de nouvelles doctrines.
3.2. Un jour, fou d’orgueil, Râvana secoua le mont Kailasa sur lequel méditait Shiva, semant la panique parmi les animaux et les ascètes.
3.3. Râvana éleva, dit-on, l’apsara Rambhâ.
3.4. Le fils de Râvana qui vit dans les régions inférieures est Ahirâvana.
3.5. Râvana a un conseiller nommé Maricha.
Eric TIMMERMANS ©
Bruxelles, le 10 août 2010.
Sources : Dictionnaire de l’hindouisme, Jean Varenne, Editions du Rocher, 2002 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997 / Les Cinq Livres de la Sagesse – Pancatantra, Alain Porte, Editions Philippe Picquier / L’Inde mystique et légendaire, Louis Frédéric, Editions du Rocher, 1994.