1. Mercure, dieu-messager et dieu du négoce.
Equivalent romain de l’Hermès des Grecs, Mercure est vraisemblablement, à l’origine, une divinité du négoce, et plus particulièrement du commerce des grains. Cette référence aux céréales le rapproche de la déesse Cérès. En effet, le nom de Mercure est à mettre en rapport avec merx (marchandise) et mercari (trafiquer). Les Romains virent également en Mercure le père des dieux Lares, protecteurs des chemins et d’Evandre, le fondateur d’une cité arcadienne située au pied du mont Palatin : Pallantée. On ne connaît aucune légende romaine se rattachant à Mercure. On le voit seulement apparaître dans l’Amphytrion de Plaute (poète comique latin originaire de Sarsina, en Ombrie ; -254 / -184) où il joue le rôle d’entremetteur au service des aventures amoureuses de Jupiter. Ce dernier poursuivait de ses assiduités Alcmène, l’épouse d’Amphytrion, un général thébain parti à la guerre. Jupiter prendra les traits d’Amphytrion et Mercure ceux du valet de la maison nommé Sosie. S’en suivent des quiproquos et des confusions comiques auxquels le seul Jupiter parviendra à mettre un terme en reprenant sa forme divine. Ce thème sera, des siècles plus tard, repris par Molière. Du fait de l’hellénisation, Mercure fut assimilé à Hermès dont il prit les attributs et les légendes, la représentation de Mercure se confondant, en outre, totalement avec celle d’Hermès.
2. A savoir également.
2.1. La fête principale de Mercure était célébrée le 15 mai.
2.2. Mercure constitue une triade divine avec Minerve et Jupiter.
2.3. Dès 495 avant l’ère chrétienne, Mercure eut son temple à Rome. Il était relié à un genre de bourse, de place financière.
3. Visualisation.
La plus célèbre représentation de Mercure est une peinture qui figure sur un magasin de la « via dell’Abbondanza », à Pompéi. Elle montre le dieu revêtu d’un large manteau, doté d’ailes aux sandales et au chapeau, sortant d’un temple et tenant dans sa main droite une bourse remplie d’argent. Mercure semble être sur le point de donner au négociant travailleur, sa part de bénéfice. Notons qu’à l’origine, Mercure avait sa demeure dans une pierre en forme de borne et était même représenté sous cette forme.
4. Mercure et le Mercurius.
4.1. En alchimie : « Dans les ouvrages alchimiques, le terme « Mercurius » possède de nombreuses significations ; il désigne non seulement le mercure, élément chimique [le vif-argent], le dieu Mercure [Hermès] et la planète Mercure –mais aussi et surtout la « substance transformante » secrète, qui est en même temps l’ « esprit » demeurant en toute créature vivante. Ces différentes significations apparaîtront plus clairement dans le cours de l’ouvrage. Il aurait été trompeur d’utiliser le français « Mercure » ou « mercure » car il y a de nombreux textes où ni l’un ni l’autre de ces termes ne pourraient exprimer la richesse des implications contenues dans « Mercurius ». C’est pourquoi il a été décidé de garder le latin « Mercurius », comme dans l’édition allemande de ce livre, en l’orthographiant avec majuscule (puisqu’il est personnifié) mais en le faisant précéder de l’article, puisqu’il s’agit aussi d’une substance. –N. d. T. d’après une note de l’auteur pour l’édition anglaise. » (« Psychologie et Alchimie », C.G. Jung). Il semble également qu’en alchimie, le mercure, en tant que métal, est le principe femelle. Il est parfois symbolisé par un coq, attribut d’Hermès, en tant que représentation de la hardiesse et de la vigilance.
4.2. En astrologie : Mercure symbolise l’adolescence, l’observation, la réflexion, l’adaptabilité aux événements. L’on prétend que Mercure, messager des dieux, relie le corps et l’esprit. Doué pour l’échange et la communication, le « mercurien » passe pour être drôle et intelligent. Chacun jugera…
4.3. Superstitions : On dit que porter sur soi un talisman de Mercure permet de ne craindre ni les fièvres ni les pertes de mémoire. Si l’on glisse ce talisman sous l’oreiller lorsqu’on se met au lit, on trouvera une solution à n’importe quel problème. Cette croyance serait vraisemblablement d’origine médiévale. A cette époque, il semble que l’on croyait déjà que porter sur soi l’effigie de Mercure permet d’acquérir une bonne mémoire, de même qu’un esprit subtil et que ladite effigie constitue également un gage de chance, tant dans le domaine du commerce que dans celui du jeu.
4.4. On retrouve le nom de Mercure dans le mot « mercredi », raison pour laquelle il est dit que ce jour de la semaine lui est consacré.
Eric TIMMERMANS
Bruxelles, le 22 septembre 2010.
Sources : Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Dictionnaire des superstitions, R. Morel et S. Walter, Marabout, 1972 / Dictionnaire des symboles, des arts divinatoires et des superstitions, Gabriel Lechevallier, Maxi-Poche Connaissance, 2003, p. 194 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997 / Psychologie et alchimie, C.G. Jung, Buchet/Chastel, 1970, p. 37-38.