La légende de Médée.
Médée (en grec : Medeia) est la fille du roi Aiétès de Colchide. Sa mère pourrait être Hypsée, Idya, Eurylyte ou encore Hécate.
Dotée d’un pouvoir magique, elle aida Jason et les Argonautes à s’emparer de la célèbre Toison d’or, contre la volonté de son père, le roi Aiétès, qui en était le gardien. « Experte en l’art de la magie, la jeune fille donna à son amant un onguent dont il devait s’enduire le corps pour se protéger des flammes du dragon qui veillait sur la Toison d’or. Elle lui fit aussi présent d’une pierre, qu’il jeta au milieu des hommes armés nés des dents du dragon : aussitôt, les guerriers s’entretuèrent et le héros put s’emparer de la Toison. » (J. Shmidt) A noter, au sujet des onguents, que dans son « Excellent et moult utile opuscule à tous nécessaire qui désirent avoir connaissance de plusieurs exquises receptes… » (Lyon, 1555), Nostradamus fournit la formule d’un philtre d’amour dont la composition, dit la légende, remonterait à Médée.
Médée s’enfuit, en Grèce, avec Jason. Afin d’empêcher Aiétès de les poursuivre, elle tua et dépeça son jeune frère Absyrtos, qu’elle avait pris en otage, et sema ses membres sanglants sur la route. Aiétès, fou de douleur, ralentit sa marche pour ramasser les morceaux épars du corps de son fils.
Zeus, horrifié par ce crime, obligea Médée et Jason à se faire purifier par Circé. Lorsque la purification fut faite et que Circé réalisa de quel crime abominable il s’agissait, elle maudit le couple infanticide.
Médée et Jason
Médée et Jason firent étape en Phéacie, chez le roi Alcinoos. Mais ce dernier n’accepta de les cacher qu’à la condition qu’ils soient mariés. Il fut donc fait ainsi, même si Jason ne paraissait guère enthousiaste à l’idée d’épouser la terrible Médée.
Lorsque les Argonautes reprirent la mer, ils furent confrontés, au large de la Crète, à un géant nommé Talos auquel ils ne purent échapper qu’avec l’aide des pouvoirs magiques de Médée.
Ils arrivèrent à Iolcos, en Thessalie. Le roi d’Iolcos, Pélias, qui avait envoyé Jason à la recherche de la Toison d’or, en espérant secrètement qu’il ne reviendrait pas vivant de cette expédition, le vit donc revenir avec le peu d’enthousiasme que l’on suppose et refusa de lui céder le trône. Aussi, sous-prétexte de rajeunir Pélias, Médée, qui avait déjà montré par le passé, sa capacité magique à rajeunir les vieillards, convainquit les filles du roi d’assassiner leur père, de le découper en morceaux et de le jeter dans un chaudron d’eau bouillante avec des herbes magiques. Mais Médée se garda bien, par la suite, de ressusciter Pélias, comme elle l’avait promis.
Chassés par Acaste, Médée et Jason s’établirent à Corinthe. Au bout d’une dizaine d’années de bonheur, Jason répudia Médée au profit d’une princesse corinthienne nommée Créuse, fille du roi de Corinthe, Créon. Afin de se venger, Médée envoya à Créuse une robe magique qui la consuma et incendia le palais. Enfin, Médée égorgea les deux fils, Phérès et Merméros, qu’elle avait eu avec Jason, puis s’enfuit vers Athènes sur un char tiré par des dragons ailés.
Elle y épousa le roi Egée dont elle eut un fils, Médos (ou Medeios). Mais elle fut chassée par Thésée qu’elle avait tenté d’empoisonner. Poursuivie par Thésée, elle disparut avec son fils Médos dans un nuage magique.
Après diverses aventures (elle se mesura sans succès à la néréide Thétis dans un concours de beauté ; en Italie, elle apprit aux Marrubes l’art de charmer les serpents…), Médée finit par retourner chez son père en Colchide qui avait été dépouillé de son trône par son frère, Persès. Selon les versions, Médée aida son père à reconquérir son trône ou y installa Jason.
Médée tuant son fils, amphore à figures
rouges campanienne, vers 330 av. J.-C.,
musée du Louvre (K 300)
2. A savoir également.
2.1. Médée fut l’objet d’un culte en Thessalie ainsi qu’à Corinthe.
2.2. Tant pour les Grecs que pour les Romains, Médée était l’exemple même de la « magicienne noire », plus dangereuse que sa tante Circé elle-même.
2.3. Certaines sources prétendent, par ailleurs, que Médée était prêtresse d’Hécate, qui pourrait même avoir été sa mère.
2.4. On représente Médée vêtue à l’orientale, portant le bonnet phrygien ou encore, vêtue d’habits grecs.
2.5. Médée est également le titre d’une tragédie d’Euripide, réalisée en 431 avant l’ère chrétienne. Elle traite de la fin de l’histoire de Médée et de Jason.
Eric TIMMERMANS. ©
Bruxelles, le 28 septembre 2010.
Sources : Dictionnaire de la mythologie grecque et latine, Odile Gandon, Livre de Poche Jeunesse, 1996 / Dictionnaire de mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997.