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LA MANDRAGORE, LEGENDE OU REALITE ?

 


 

1. La Mandragore, une herbacée bien réelle.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a4/Mandragore_officinale_fruits.jpg                                     

mandragore

officinale

 

Ce nom vient du grec « Mandragoras », que les anciens Grecs traduisaient par « plante stupéfiante ou soporifique ». Son nom scientifique est Mandragora officinarum. On la nomme également « Herbe de Circé ». En Italie, on la connaît sous le nom de Mandragora ou Mandragola. En allemand, on lui donne le nom dAlraune ou Albraune. Sil est une plante qui suscite les plus noirs phantasmes depuis des siècles, cest la Mandragore. Toutes les légendes qui courent à son propos ont finalement fait douter de son existence, alors que cette plante existe bien. Cest une modeste plante herbacée de la famille des Solanacées qui, chaque année, exhibe une courte tige ornée de quelques grandes feuilles brillantes. On la trouve dans les régions du bassin méditerranéen, dans le sud-est européen et en Asie, jusque sur lHimalaya. Mais cest plus précisément sa racine qui est à lorigine de la « légende magique » de la Mandragore. Il sagit dune racine volumineuse et bifide qui est supposée représenter les deux jambes dun corps humain. En outre, la Mandragore ne pousse que la nuit et libère certaines toxines (hyoscyamine, atropine, scopolamine) réputées hallucinogènes.

 

2. Une plante magique « anthropomorphe ».

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f7/NaplesDioscuridesMandrake.jpg

Mandragores mâle et femelle.

Manuscrit Dioscurides neapolitanus,

Biblioteca Nazionale di 

Napoli, début du VIIe siècle.

 

 

 

Vaguement anthropomorphe, donc, la Mandragore est supposée abriter un génie et est réputée posséder des vertus aphrodisiaques et divinatoires très importantes pour les sorcières qui en usent, dit-on, pour voler. Danciennes gravures représentent la Mandragore sous forme humaine et il fut un temps où on la retrouvait autant dans les herbiers que dans les bestiaires. On dit aussi que cette racine ressemble à un vieil homme ou à une vieille femme de petite taille. Bien qu’elle soit dans sa forme, mâle et femelle, dans les opérations dites « magiques », la Mandragore symbolise toujours l’élément mâle. Cet être diabolique doit en outre, pour être efficace, être choyé et nourri de sang ou de mets recherchés.

 

3. Une antique plante médicinale.

 

Bien avant de nourrir les fantasmes magiques et sorciers des sociétés chrétiennes dOccident, la Mandragore était connue depuis la plus haute antiquité comme plante médicinale. Dans la pharmacopée perse, grecque et romaine, elle était ainsi réputée anesthésique et hypnotique, ses feuilles et ses fleurs contenant un narcotique pouvant être employé comme somnifère, utile pour calmer les hémorroïdes et les maux de dent, notamment. Ceci explique aussi le prétendu « vol des sorcières » favorisé par cette plante Elle était également connue, pense-t-on, des Egyptiens, qui prêtaient aux fruits de la Mandragore, de couleur blanche et rougeâtre, et de la grosseur dune noix, des vertus aphrodisiaques, comme nous lavons déjà souligné. Les Hébreux, par qui elle est nommée Dudaïm ou Fleur dAmour, la connaissaient également. Ce nom de Dudaïm est dailleurs cité dans le Pentateuque. Ainsi a-t-on aussi considéré la Mandragore comme un remède contre la stérilité et la plupart des affections gynécologiques. La Mandragore affectionne plutôt les climats chauds, voire très chauds. Il semble que cest au début du Moyen Âge, à lépoque des Croisades, que la légende de la Mandragore sest développée en Occident. Dans nos régions et encore parfois, dit-on, dans nos campagnes, on prête à la Mandragore une multitude de propriétés curatives et autres.

 

4. Se procurer une Mandragore.

 

Du point de vue de la légende, la Mandragore poussait au pied des gibets. Celui qui était condamné à la potence était amené nu, jusquau lieu de son exécution. Etranglé par la corde de chanvre, la nuque du pendu se rompait et le supplicié éjaculait, répandant sa dernière semence sur le sol. Cest à cet endroit précis que poussait la Mandragore, mâle ou femelle, à la condition, précise certaines sources, que le pendu ait été vierge. Para ailleurs, on nomme aussi la Mandragore « Petit bonhomme de potence ». Le sorcier ou la sorcière sen venait alors guetter le moment propice pour semparer de la plante magique. « Le magicien qui a repéré lendroit où poussent les mandragores revêt un costume noir et des bijoux de plomb, métal saturnien. Accompagné dune vierge qui fera au moment venu le sacrifice de sa chevelure et dun chien noir qui arrachera la plante, il se rend le samedi au pied des gibets et, dans le clair de lune, égorge un hibou ou quelquoiseau nocturne. Une fois prononcées les paroles sacramentelles, le chien, dun violent coup de collier (qui dailleurs létrangle lui aussi) arrache la plante que le magicien dépouille de ses fruits et ses racines pour lui donner le plus possible laspect anthropomorphe. Il dépose ensuite la plante pendant trois jours dans un vase en cristal rempli dune mystérieuse terre rouge, dont la composition nest connue que de rares initiés. Ce temps écoulé, la Mandragore respire et on la nourrit quarante jours de plus avec du lait de chatte. » (Flavius Josèphe). Encore fallait-il donc savoir sy prendre pour la déraciner, car lorsquon larrache du sol, la Mandragore pour un cri tellement terrible que lon ne peut y survivre ! « Mais la cueillette de la mandragore était délicate, car lorsquon larrachait de terre, cette plante magique poussait un cri terrible qui tuait sur place toute créature se trouvant aux alentours. La sorcière devait alors utiliser un subterfuge. De nuit, elle creusait tout autour des racines de la mandragore, afin den dégager le pied, puis elle passait une corde à la base de la plante dont elle attachait lextrémité au cou dun chien. Elle plaçait ensuite de la nourriture légèrement hors de portée de lanimal et sen allait sabriter plus loin, en ayant pris soin de se boucher les oreilles avec de la cire. En tirant sur la corde pour atteindre la nourriture, le chien déracinait la mandragore qui poussait alors son cri, foudroyant lanimal sur le coup. La sorcière navait plus quà venir semparer de la plante magique. Elle la baignait dans du vin puis lemmaillotait dans de la soie avant de la remiser avec le plus grand soin dans un coffre prévu à cet effet. » (Edouard Brasey) Ces rituels sinspirent vraisemblablement de superstitions antiques. Ainsi, Pline le Jeune écrivait au sujet de la Mandragore que ceux qui la cueillent « prennent garde de ne pas avoir le vent en face. Ils décrivent trois cercles autour delle avec une épée, puis ils lenlèvent de terre en se tournant du côté du couchant La racine de cette plante, broyée avec de lhuile rosat et du vin, guérit des inflammations des yeux. » Au contraire, dans certaines croyances populaires, il est dit quen arrachant une plante de mandragore de terre on devient aveugle. Paracelse, par contre, conseille dopérer à la minuit dun vendredi sous le gibet dun pendu, et ce, comme nous lavons déjà vu, accompagné dun chien noir. Il fallait alors attendre quun orage éclate pour déterrer la Mandragore à la lueur des éclairs. Après la cueille, encore faut-il rendre la Mandragore utilisable magiquement. Pour ce faire, on doit la placer un mois dans la fosse dun cimetière et ensuite la faire sécher au four et lemmailloter dans un morceau de linceul.

 

5. Diverses vertus magiques de la Mandragore.

 

5.1. On prête à la Mandragore la capacité de rendre invisible, de servir de sortilège et, à linverse, dêtre un talisman contre la sorcellerie.

 

5.2. On prétend que la Mandragore fait se multiplier largent. En France, par exemple, on croyait jadis quelle rendait le double de ce quelle avait reçu, quil sagisse dargent ou dautres biens matériels (deux écus d‘or pour un, deux écuelles de grain pour une, etc.).

 

5.3. Il est dit aussi que la Mandragore porte chance dans les procès et la guerre, et quelle peut conjurer la malchance au jeu.

 

5.4. On prétend que la possession dune Mandragore protège la maison de son propriétaire contre le vol, lincendie et les épidémies.

 

5.5. Pour quelle soit efficace, il faut porter la Mandragore rendue magique sur soi, enveloppée dans un morceau de linceul. Tant quon la garde en sa possession, on voit sa chance augmenter.

 

5.6. Il y a, hélas, toujours un prix à payer à la magie maléfique. Ainsi dit-on que là où se trouve la Mandragore, elle engendre peine et tourment. Son propriétaire est poussé à lavarice, à la luxure et au crime, et la Mandragore finit par le conduire en Enfer. Quant aux autres habitants de la maison du propriétaire dune Mandragore, ils sont, quant à eux, poursuivis par le malheur. Mais on dit aussi quà la mort de son possesseur, la Mandragore continue à répandre ses vertus sur son plus jeune fils, à condition, toutefois, quon ait enterré le défunt avec du pain et de largent à portée de main.

 

6. La Main de Gloire.

 

On donne aussi parfois à la Mandragore le nom de « main du Diable » ou de « main de Gloire ». Et nous allons voir que de nombreux points communs existent entre cette dernière et la Mandragore : « On choisit la saison dété parce que le soleil intervient. Il faut avoir un pendu. Les gibets étaient accessibles au temps où lon pendait les condamnés, car la pendaison se faisait en public et cétait une partie de cette terrible sanction que de laisser le pendu livré aux intempéries, balancé dans le vent et picoré par les oiseaux carnivores. On prélève de ce pendu une main ; parfois le condamné en négociait la vente avant lexécution. Si lon a pas de pendu, on prend la main dun décapité, en soudoyant le bourreau. Mais il faut que ce soit la main dun condamné. On lenveloppe dans une toile et on lenfouit dans un vase de terre avec du salpêtre, du sel et du poivre, après avoir, quand elle était encore souple, replié les doigts sur la paume. Elle doit séjourner deux semaines dans le mélange, puis on len retire et on lexpose au soleil. Elle se déssèche en gardant la forme quon lui a donnée. Si le soleil ne se montre pas, si on a dû choisir une autre saison que lété, on peut sécher la main dans un four doux qui aura été chauffé par de la fougère et de la verveine. Entretemps, on aura fabriqué une chandelle avec de la graisse humaine provenant dun supplicié quon se procure près dun bourreau, de la cire vierge et de lhuile de sésame. On aura placé une mèche dans le milieu de la chandelle. La main séchée est alors fixée par le poignet debout sur un support et la chandelle plantée entre le médius et lannulaire, comme dans un chandelier. » (La parapsychologie de A à Z, Michèle Curcio, p.177). On dit notamment de la « main de Gloire » quelle a le pouvoir dimmobiliser ceux auxquels elle est présentée et de rendre invisible. Là sarrête la comparaison entre la « main de Gloire » et la Mandragore. A noter encore que le nom de « main du Diable », dont nous venons de voir quelle permet parfois de nommer la Mandragore, désigne également une main palmée et couverte de poils roux. Tous les doigts sont égaux en longueur et sachèvent par des ongles recourbés. Le contact de cette main est, dit-on, glacial comme celui dun cadavre.

 

6. Mandragore et supercherie

 

Faut-il préciser que la légende de la Mandragore servit les desseins de bien des escrocs ? Ceux-ci savaient, par certaines manipulations, donner à la racine de Mandragore, voire dautres plantes, la forme anthropomorphe quon lui prêtait traditionnellement

 

Sources :

 

-Dictionnaire des superstitions, R. Morel et S. Walter, Marabout, 1972.

-Dictionnaire des superstitions et des croyances populaires, Pierre Canavaggio, Jean Claude Simoën, 1977.

-Dictionnaire des symboles, J. Chevalier et A. Gheerbrant, Robert Laffont / Jupiter, 1982/2004.

-Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998.

-Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003.

-Encyclopédie des symboles, Michel Cazenave, Librairie Générale Française, 1996.

-La parapsychologie de A à Z, Michèle Curcio, Marabout, 1989.

-Les chaudrons de Satan, Christian Souris, Quorum, 1996.

 

 


http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/77/Papierblatt_%28Wiener_Dioskurides%29.jpg

La mandragore. Dioscoride de Vienne, VIe siècle

 


http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/68/Tacuinum_Sanitatis_Mandrake_Dog.jpg

Arrachage d'une mandragore. Manuscrit Tacuinum Sanitatis, Bibliothèque nationale de Vienne, v. 1390.

 


 

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J
cela ne me dit pas si une mandragore existe vraiment!!!<br /> Nul os connard vas ha haha!!!!
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