1. Ixchel.
1.1. Ixchel, déesse des Accouchements et de la Lune.
Dans le panthéon maya, Ixchel (ou Ix Chel) est la déesse des Accouchements (elle cumule les fonctions de guérisseuse et de sage-femme) et de la Lune. Ixchel est également considérée comme la déesse de l’Arc-en-ciel et de la Médecine. C’est l’une des plus importantes déesses mayas du Yucatan du XVIe siècle et on la dit aussi épouse du dieu Itzamna. Le nom d’Ixchel signifie « Blanc-Pelé », ce qui permet d’établir une relation avec l’aspect général de la lune. Ixchel, en tant que déesse de la Fertilité, est liée à la lune, parce que l’astre lunaire préside, dans la tradition maya, à la fertilité du sol, des animaux et également des humains (d’où la relation avec les accouchements). Lune et fertilité sont donc liées dans l’approche religieuse des Mayas. Ainsi, dans les rites de fertilité, la Lune est invoquée pour favoriser l’activité sexuelle et protéger les enfants, notamment au moment de l’accouchement. Ix Chel, à qui l’on donne bien des noms, est aussi associée à l’eau –élément fertilisant par excellence-, tant celle des lacs que celle des fontaines, mais également à la terre. On associe la déesse au roi-vautour, au singe et au cerf.
1.2. Déesse « O » ou déesse « I ».
Ixchel est également nommée « déesse I », la « déesse O » étant, quant à elle, Ixchebel Yax, la déesse du Tissage. Mais il s’agirait là de deux aspects de la même déesse. « La déesse O, une vieille femme, qui, dans le codex de Dresde a le corps parfois peint en rouge et dont le nom est préfixé par T109 désignant précisément cette couleur, est étroitement associée à Chac dont elle pourrait être la compagne [ndr : Ixchel et Chac sont, dans le codex de Dresde, représentés assis face à face, très près l’un de l’autre, comme accouplés]. Elle fait comme lui pleuvoir en versant sa cruche [ndr : dans cette opération, Ixchel et Chac sont ensemble sur le codex de Madrid. La vieille déesse est seule à faire pleuvoir dans le codex de Dresde, de même que sur une représentation du codex de Madrid. Il faut également noter la présence d’Ixchel munie d’une cruche dans le temple des Guerriers de Chichen Itza] ; d’autres images montrent des flots qui s’échappent de ses aisselles et de son entrejambe. » (Baudez) Notons toutefois cette précision de Baudez : « On la [Ixchel] distingue de la déesse I, dont le glyphe principal possède un élément de caban auquel on donne la valeur phonétique u, « lune » ; le signe principal a souvent pour préfixe zac, « blanc », sans doute pour la distinguer de la vieille déesse rouge. I comme O sont associées au tissage [ndr : dans le codex de Madrid, la déesse I tisse et file, mais on peut également voir O tisser, dans le même codex]. » (Baudez) Un doute persiste aussi quant à la présence d’Ix Chel dans le codex et « c’est à cause à la fois de la prolifération des divinités locales et de la multiplicité de leurs aspects. Selon Landa, Ix Chel est déesse de la fécondité, de la médecine et de la divination. Thompson identifie Ix Chel à la déesse de la lune et en fait la femme de K’inich’ Ahau Itzamna, l’aspect solaire d’Itzamna. Le même auteur ainsi que d’autres reconnaissent Ix Chel dans la déesse I des codex ; d’autres préfèrent la voir dans la déesse O » (Baudez).
1.3. Visualisation.
Il est donc dit que la déesse Ixchel est représentée dans les codex sous deux formes, jeune et âgée. « Parmi les divinités peintes sur les murs des sanctuaires de Tulum, on reconnaît deux femmes, l’une jeune, l’autre vieille. Cette dernière qui brandit un bâton-serpent pourrait être O en raison de sa coiffure nouée sur le sommet de la tête. La jeune femme qui moud le maïs sur son metate dans la structure 16 a la même coiffure que celle qui présente une offrande à Chac dans la structure 5. Une autre déesse, ou la même, tient en main et porte dans le dos le dieu B sous forme de figurine. » (Baudez). Sous sa forme âgée, Ixchel apparaît coiffée d’un serpent noué ou lové, avec des griffes de félin et des os croisés sur sa jupe.
1.4. La déesse de Cozumel.
Ixchel était particulièrement vénérée sur l’île de Cozumel, où se dressait son principal temple. « A ces questions répondaient parfois des oracles, comme celui de Cozumel, avec Chichen Itza, le plus célèbre lieu de pèlerinage du pays maya. Ix Chel, sous la forme d’une idole creuse en céramique scellée dans le mur derrière lequel se trouvait un compère, répondait par l’intermédiaire d’un prêtre (ah kin), aux questions posées par les pèlerins. Les présents –provenant aussi de ceux qui ne pouvaient faire le pèlerinage- affluaient dans l’île. On y accourait du Tabasco, de Xicalango, de Champoton comme de Campeche, et des routes menaient jusqu’à la côte en face de l’île. » (Baudez) Cet important sanctuaire concurrençait donc celui de Chichen Itza, du fait du grand nombre de pèlerins qu’il attirait.
2. Ixtab.
Une autre déesse du panthéon maya est Ixtab. Elle patronne le suicide. Ainsi la nomme-t-on « Celle des Cordes » ou encore la « Déesse du Gibet et des Pendus ». Le suicide doit toutefois être compris ici comme un autosacrifice s’inscrivant dans le contexte religieux maya et non comme un acte désespéré. Cette forme de suicide par pendaison était particulièrement gratifiante et était supposée mener le suicidé à un au-delà céleste de félicité, à l’ombre de l’Arbre Ceiba qui, dans la mythologie maya, n’est autre que l’Axis Mundi, l’axe qui soutient le monde et traverse le monde souterrain des Enfers, la Terre et le Ciel. Les Mayas respectaient donc particulièrement les personnes qui se suicidaient par pendaison et aucune loi, dans la civilisation maya ancienne, ne condamnait le suicide. Dans le Codex de Dresde, Ixtab est donc tout naturellement représentée sous la forme d’un personnage féminin portant une corde autour du cou.
Eric TIMMERMANS.©
Bruxelles, le 14 octobre 2010.
Sources : Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997 / Mythes aztèques et mayas, Karl Taube, Seuil, 1995 / The Mayan Gods, Dante – The Maya World Publisher’s, Musée de Mérida, Yucatan, Mexico / Une histoire de la religion des Mayas, Claude-François Baudez, Albin Michel, 2002.