1. La Terre nourricière primordiale.
Le nom de Gaïa (ou Géa, Gaea, Gé) désigne la « Terre ». Plus précisément, selon Hésiode, Gaïa personnifie la Terre en formation. Il est dit qu’elle est la plus ancienne des divinités grecques et qu’elle émergea du néant immédiatement après le Chaos.Terre-Mère, Gaïa est l’origine féconde de tout, elle est la Mère-Nourrice, celle dont vient toute vie et à laquelle toute vie retourne après la mort. Elle est la terre primordiale, certes encore inculte, mais féconde et nourricière.Gaïa occupe une place considérable dans les cultes grecs et romains, et Déméter, déesse des Moissons, lui est souvent associée.
2. Ouranos.
Gaïa engendra seule Ouranos (=le Ciel). Celui-ci, allongé sur Gaïa, ne cessa ensuite de la féconder. Ouranos est donc à la fois le fils et l’époux de Gaïa, mais il haïssait ses enfants que, sans répit, il engendrait avec la déesse. Ainsi exigeait-il de Gaïa qu’elle les garde dans son ventre. Gaïa et Ouranos, premier couple divin, engendrèrent les Titans –en tant que mère des Titans, Gaïa prit le nom de Titeia-, les Titanides, les trois premiers Cyclopes, les trois Hécatonchires (=géant aux cent bras). Avec un autre de ses fils, Pontos (=le Flot), Gaïa conçut les divinités marines, dont Nérée et Thaumas.
3. Cronos.
N’en pouvant plus de garder en elle sa nombreuse progéniture –outre la descendance déjà citée on compte également les Harpyes, les Géants, les Erinnyes, Python, Echidna, Charybde, de même que Typhon, fruit de son union avec le Tartare- elle aida son fils Cronos, son dernier-né, à émasculer son père Ouranos en lui fournissant une faucille, et ce afin de se libérer de son emprise. Cronos prit alors le pouvoir et partagea avec les autres Titans, l’empire du monde.
4. Les Olympiens.
Lorsque les dieux olympiens, enfants de Cronos, finirent, emmenés par Zeus, par vaincre les Titans, Gaïa, qui apparaît donc comme la grand-mère des dieux olympiens, n’en fut pas moins admise parmi eux. Mais, dans le nouvel ordre divin, Gaïa restait inquiétante, représentant l’ordre ancien, primitif et sauvage, celui de la nature indomptée, le visage terrible d’un monde passé libre et incontrôlé.
5. Les oracles.
On vénérait Gaïa dans de nombreux sanctuaires. On disait d’elle qu’elle inspirait les oracles, et ce jusque dans le temple d’Apollon, à Delphes, où les fumées montant des profondeurs de la Terre (=Gaïa) donnaient à la Pythie son pouvoir prophétique et divinatoire.
6. Visualisation.
Gaïa est parfois représentée sous l’aspect une femme vêtue surgissant de la terre, sous les traits d’une déesse assise (face ouest du Parthénon) tenant un enfant sur les genoux qui ne serait autre que Thalassa (=la Mer) ou encore en tant que mère suppliant pour que l’on épargne la vie des Géants, ses enfants (coupe d’Aristophane, 5e s. avant l’ère chrétienne). Sur certains sarcophages, Gaïa ressemble à Cybèle. Elle est aussi représentée sur l’autel de Pergame (200 ans avant l’ère chrétienne).
7. Une déesse terrible et colérique.
Les Romains assimilèrent Gaïa à Tellus (=la Terre fertile) dont nous vient le mot « tellurique ». Ainsi dit-on que les colères de Gaïa produisent les séismes et les cataclysmes destructeurs. Le christianisme a fait du nom de Gaïa un synonyme de « sorcière », « stryge » ou « lamie ». Cette explication nous semble plus probable, notamment en raison de l’habitude chrétienne visant à stigmatiser les aspects de l’ancienne Déesse-Mère en tant que « Reine des sorcières », que celle avancée par Roland Villeneuve (Dictionnaire du Diable, Omnibus, 1998, p.388) qui établit une relation entre le nom de Gaïa et celui d’un certain Gaïanus, chef de l’hérésie eutychienne au 6e siècle.
Eric TIMMERMANS.©
Bruxelles, le 29 décembre 2010.
Sources : Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Dictionnaire de la mythologie grecque et latine, Odile Gandon, Livre de Poche Jeunesse, 1996 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997.