1. Diane, conductrice du Sabbat.
Les théologiens et les démonologues chrétiens firent de Diane une « conductrice des voyages nocturnes des sorcières ». De fait, selon le synode de Trèves, lesdites « sorcières » se vantaient de « chevaucher la nuit avec Diane ». Cette « chevauchée sorcière » est parfois nommée « Jeu de Diane » (Ludus Dianae). On donne également à la conductrice du sabbat sorcier le nom d’Hérodiade, de Dame Abonde ou encore de Satia. Un dominicain nommé Jean Herolt (mort en 1468), assimila Percht (ou Perchta), un des noms donnés à la meneuse de la troupe nocturne en Allemagne, à Diane. Et Johannes Praetorius (1630-1680) souligna, quant à lui, que la nuit de Noël, Diane passe avec son cortège furieux de guerriers.
2. Diane-Artémis, une divinité gréco-latine.
2.1. Origine du culte.
A l’origine, Diane est une ancienne divinité italique qui aurait été introduite à Rome par le roi légendaire, Servius Tullius. Les légendes romaines de Diane ont toutes été empruntées aux mythes grecs, Diane étant l’équivalent romain d’Artémis.
2.2. Lieux de culte.
On dit ainsi qu’Oreste aurait apporté dans les monts Albains, à Aricie, près du lac de Némi, l’Artémis de Tauride. Or, c’est à proximité de cette ville du Latium que se trouvaient un lac, un bois sacré et un temple dédiés à Diane. En outre, en l’honneur de cette Diane d’Aricie, aurait été pratiquée une forme particulière de sacrifice humain : chaque prêtre devait tuer son successeur pour pouvoir lui succéder. Un autre temple dédié à Diane se dressait sur le mont Aventin, à Rome. Diane fut également vénérée dans la Sabine, sur le mont Algide, sur le mont Corné et près de Capoue, sous le nom de Diana Tifatina.
2.3. Diane-Artémis : attributs et visualisation.
Pour les Romains, bien que Diane ait emprunté les attributs d’Artémis, à savoir l’arc et le carquois, cette déesse était moins la chasseresse que la déesse de la Lumière, sœur d’Apollon. Particulièrement vénérée par les classes populaires, Diane était considérée comme la protectrice des esclaves. Elle est traditionnellement représentée en chasseresse, la tunique relevée au-dessus des genoux, portant un carquois et accompagnée d’une biche, mais elle peut également apparaître sous la forme d’une louve.
2.4. Diane en Gaule : un culte sorcier ?
A noter aussi que dans le domaine gallo-romain, Diane fut la plus vénérée. Or, si les Celtes de Gaule ont à ce point honoré cette déesse, c’est vraisemblablement parce qu’elle a été assimilée à la Déesse Mère celtique Dana/Ana. En effet, on peut envisager une confusion avec Diva Ana qui en bas-latin se prononce « divouana ». Ceci fait dire à certains commentateurs que la Diane (ou Diana) conductrice des chevauchées sorcières ne serait « certes pas la Diane romaine dont le culte aurait survécu au Moyen Âge, selon Margaret Muray. Ce peut être, selon Martin de Braga, la déesse sylvestre et champêtre adorée par les paysans du Ve – VI e siècle. En fait, il semble qu’aient été confondues la Diane antique et la Di Ana, déesse celtique aussi appelée Anu. » (Lecouteux) Soulignons qu’il n’est pas dans notre intention de dénigrer l’hypothèse d’une confusion des noms de Diva Ana et de
Diane, que du contraire.
Rappelons toutefois, puisque son nom est cité, que les thèses de Margaret Murray concernant un prétendu culte préchrétien rendu à un dieu cornu (Cernunnos-Dianum) et développées dans deux ouvrages titrés respectivement The Witch-Cult in Western Europe (Oxford, 1921) et The God of the Witches, sont aujourd’hui absolument contestées par les spécialistes.
Eric TIMMERMANS
Bruxelles, le 6 septembre 2010.
Sources : Chasses fantastiques et cohortes de la nuit au moyen âge, Claude Lecouteux, Imago, 1999 / Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1998 / Les Celtes – Les dieux oubliés, Marcel Brasseur, Terre de Brume Editions, 1996.