1. L’Habileté divine.
Dans la tradition védique, Daksha (ou Daksa) signifie l’ « Expert », l’ « Habileté », l’ « Energie réalisatrice » ou encore « Saisir quelque chose avec détermination ». C’est aussi l’un des noms du Dieu Créateur. En pratique, Daksha représente l’Art rituel, les règles du sacrifice et la capacité de les accomplir sans faute. Il est également l’un des dix patriarches de la race humaine (ou « rishi ») et est souvent perçu comme le premier d’entre eux.
2. Daksha et sa descendance.
Il donna, dit-on, dix de ses filles à Dharma et treize à Kashyapa, qui devinrent les mères des dieux et des démons, des hommes, des serpents et de tout ce qui vit. Il en accorda encore vingt-sept autres en mariage au dieu Lune (Soma ou Chandra) et elles devinrent les Nakshatra ou « Maisons lunaires. » Daksha féconda Aditî, la Mère de Dieux, dont naquirent les Aditya (=dieux). Il semble donc que Daksha soit tout à la fois fils, père et époux d’Aditî, Grande Déesse-Mère védique, “qui fut, qui est et qui sera”.
3. Daksha et Aditî dans le Rig Veda.
Aditî et Daksha incarnant deux principes originels indépendants, forment un couple indissociable. Cela est mentionné dans le Rig Véda (10.72) :
« La terre naquit de la Parturiente,
de la terre naquirent les orients,
d’Aditi naquit Daksa
et du sein de Daksa, Aditi.
« C’est alors qu’Aditi vint au monde,
celle qui fut ta fille, ô Dasha.
Les dieux naquirent à sa suite,
les Bienheureux, frères dans l’immortalité. »
4. Daksha et Shiva : le sacrifice cosmique.
Daksha est le père de Satî (un des aspects de la Grande Déesse), qui épousa Shiva. C’est dans ce contexte familial divin qu’intervient un épisode célèbre de la littérature sanskrite : l’épisode du sacrifice cosmique. Daksha avait organisé un grand rassemblement de tous les êtres vivants de l’Univers, des dieux aux insectes. Mais il en exclut volontairement Shiva, jugé indigne, par lui, de participer à cette célébration tant son allure d’ascète apparaissait misérable. Lorsque Satî fut informée de cette injustice, elle en mourut, sur le champ, foudroyée par la colère et la honte (ou se jeta dans les flammes d’un bûcher). Quand Shiva revint de ses montagnes, il découvrit le corps inanimé de Satî, sa bien-aimée, et une rage destructrice s’empara de lui. Il détruisit alors tous les préparatifs de la cérémonie et molesta cruellement plusieurs divinités ! Seul Brahma parvint à le ramener à la raison. Satî ressuscita par la suite sous la forme de Parvatî, la parèdre de Shiva. A noter que Daksheshvara est le nom d’un temple de Hardvâr dédié à Shiva.
Eric TIMMERMANS.
Bruxelles, le 16 mars 2011.
Sources : Les Cinq Livres de la Sagesse – Pancatra, Alain Porte, Editions Philippe Picquier / Le Véda, Jean Varenne, Les Deux Océans, 2003 / Le Védisme. L’éveil de la spiritualité indienne. Bernard Baudouin. Editions de Vecchi, 1997.