1. Cérès, une déesse romaine.
Déesse romaine de l’Agriculture et divinité chtonienne, Cérès était primitivement vénérée en compagnie de Tellus, déesse de la Terre. Le nom de Cérès est à mettre en rapport avec le verbe latin crescere (=naître, pousser, croître). De fait, Cérès est la sève sortie de la terre qui s’élève et gonfle les jeunes pousses. Elle fait mûrir les blés et jaunir les moissons. A Rome, le temple de la déesse était situé dans le quartier des plébéiens, près du Circus Maximus, Cérès étant également perçue comme la déesse de la plèbe. Les animaux-attributs de Cérès sont la grue, la truie et la tourterelle. A noter encore que la Constellation de la Vierge portait anciennement le nom de Cérès, avant la découverte d’une planète à laquelle on donna son nom. Une étoile de cette constellation porte d’ailleurs le nom d’ « Epi de la Vierge ». De là vient également l’association à l’image de la Vierge zodiacale, d’une faucille et d’une gerbe de blé.
2. Les fêtes de Cérès.
2.1. Du 12 au 19 avril, on célébrait une fête nommée Cerealia, consacrée à Cérès et instituée dès 493 avant l’ère chrétienne. Le 15, à la tombée de la nuit, des femmes vêtues de blanc et portant des torches enflammées, couraient autour du temple, suivies par une foule vociférante.
2.2. Au mois de mai, chaque année, dans un bois sacré situé près de Rome, une autre cérémonie se déroulait en l’honneur de Cérès Dea Dia. Cette fête était célébrée par les douze Arvales ou « fratres Arvales » qui, selon la légende, étaient à l’origine, les douze fils du berger Faustulus, celui-là même qui recueillit Romulus et Remus. Le sacrifice offert à cette occasion portait le nom d’Arvala, soit un sacrifice pour la prospérité des biens de la terre.
2.3 Au mois d’août était célébré, exclusivement par des femmes, le sacrum anniversarum Cereris. C’était une cérémonie basée sur le jeûne (jejunium) et institué dès -191. Mais à partir de l’année -44, ces fêtes furent présidées par deux magistrats institués par César : les aediles cereales.
3. De Cérès à Déméter.
Cette très ancienne divinité latine, que l’on nomme aussi Dea Dia, fut assimilée à la déesse grecque Déméter. Ainsi, en 493 avant l’ère chrétienne, après une mauvaise récolte et une famine, inaugura-t-on le premier temple dédié à Cérès-Déméter. Dans ce temple, construit dans le style hellénique, seules des femmes d’origine grecque pouvaient célébrer le culte de la déesse. De fait, jusqu’à Cicéron, les prêtresses de Cérès étaient choisies parmi les femmes grecques de Naples ou d’Elée. Tous les mythes de Déméter furent par la suite reportés sur Cérès. La légende de Cérès conserva donc toutes les caractéristiques d’Eleusis dont l’empereur Claude s’efforça de transférer à Rome les mystères traditionnellement célébrés en l’honneur de Déméter. Ainsi, si Déméter apparaît comme la mère de Perséphone, Cérès, quant à elle, n’est autre que la mère de Proserpine.
Eric TIMMERMANS.©
Bruxelles, le 24 février 2011.
Sources : Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Dictionnaire latin-français, Henri Goelzer, GF-Flammarion, 1966 / Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1998.