1. Aton, le soleil.
A l’origine, le mot aton désignait simplement le soleil. Mais c’est, vraisemblablement à partir du règne de Thoutmosis IV (18ème dynastie : -1580 / -1350), que ce terme commença à désigner un nouveau dieu solaire, un de plus parmi d’autres, tel qu’Amon-Rê. Le nouveau culte dédié à Aton s’intensifia au cours du règne d’Amenophis III, successeur de Thoutmosis IV.
2. Akhénaton et l’avènement d’Aton comme dieu unique.
C’est toutefois avec Aménophis IV –le futur Akhénaton- que va se produire une véritable révolution religieuse. Le jeune pharaon fit construire un temple dédié à Aton dans l’enceinte même du temple d’Amon, à Karnak. Ensuite, rapidement, le panthéon égyptien va se dépeupler au profit du seul Aton qui finira par supplanter Amon lui-même, en tant que dieu suprême. Quant à Amenhotep (la forme égyptienne d’Aménophis) dont le nom signifie « Amon est satisfait », il fera changer son nom en Akhénaton (=Celui qui complait à Aton). Bientôt, ledit Akhénaton décidera de s’éloigner d’Amon, géographiquement parlant, en abandonnant Thèbes et en allant fonder une ville nouvelle à près de 400 kilomètres au nord : Akhétaton (=l’Horizon d’Aton, aujourd’hui : Tell el-Amarna). Là, Aton allait bientôt accéder au statut de dieu unique, alors que tous les autres dieux se voyaient purement et simplement supprimés. Ce passage du polythéisme à cette forme de monothéisme exclusif constitua donc bien une révolution dans le paysage religieux égyptien. Le roi Akhénaton se considérait comme le fils d’Aton et son unique prophète. La nouvelle religion ne devait d’ailleurs pas survivre à son fondateur. Dès la disparition d’Akhénaton, le clergé d’Amon reprit l’avantage et restaura la suprématie d’Amon. Quant à Aton, il redevint un dieu solaire parmi d’autres.
3. D’un monothéisme à l’autre.
Un fait important distingue toutefois le dieu unique Aton du dieu unique d’Abraham, soit, en l’occurrence, le Yahvé des Juifs : Aton est visible dans notre monde, on le représentait matériellement –mais ne pourrait-on en dire autant de Jésus crucifié… ?-, ce qui contredit fondamentalement le 2ème commandement du Décalogue : « Tu ne feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux, au-dessous de la terre » (Exode, 20 : 4). Malgré certains aspects positifs, notamment du point de vue politique et artistique, ce monothéisme précurseur fit preuve d’une intolérance jusque-là inconnue en Egypte : les représentations d’Amon et de certains autres dieux, furent systématiquement détruites.
4. Visualisation.
Divinisation du soleil, Aton est premièrement représenté sous la forme d’un être anthropomorphe à tête de faucon. Elevé au rang de dieu unique par Akhénaton, Aton le Révélé se dévoilait aux yeux des hommes sous l’aspect d’un soleil dont émanent des rayons terminés par des mains pourvoyeuses de bienfaits. Ainsi voyait-on son image sur les murs des temples et sur les tombeaux.
Eric TIMMERMANS.©
Bruxelles, le 25 novembre 2010.
Sources : Bible de Jérusalem, Cerf, 1998 / Petit dictionnaire des dieux égyptiens, Alain Blottière, Zulma, 2000.