1. Ammit au tribunal d’Osiris.
La plus célèbre des divinités du monde funéraire de l’au-delà égyptien, Ammit, est présente lors de la séance de la « pesée de l’âme » ou psychostasie, jugement présidé par Thot dans la Douat. C’est elle que l’on nomme la « Dévorante », la « Dévoreuse » ou encore, la « Grande de la Mort ». Lorsque le jugement est défavorable au Tribunal d’Osiris, c’est-à-dire lorsque le cœur du défunt est plus lourd sur la balance du jugement que la plume de Maât, Ammit dévore le cœur. Nul coupable ne peut lui échapper.
2. Visualisation.
On représente Ammit sous les traits d’un être monstrueux, une sorte de chimère, un monstre femelle constitué d’un corps d’hippopotame, d’une tête de crocodile et d’un avant-train de lion. Le lion correspond à un symbole solaire de la Haute Egypte (Sud solaire), alors que l’hippopotame et le crocodile correspondent à des symboles lunaires de la Basse Egypte (Nord lunaire). Dans l’iconographie égyptienne, Ammit est rarement représentée en train de dévorer le cœur d’un défunt car il ne fallait pas désespérer ceux qui, bien sûr, espéraient franchir victorieusement l’épreuve de la « pesée de l’âme ». Mieux valait donner de cette épreuve une image plus « positive ».
3. Une approche cyclique.
De fait, seuls ceux qui étaient véritablement indignes de franchir l’épreuve avec succès, voyaient leur cœur dévoré et digéré par Ammit avant de retourner dans les éléments primitifs de la création. Ainsi le cycle reprenait-il pour la particule de Lumière insuffisamment purifiée pour devenir un Nouvel Osiris, étape que l’âme était toutefois supposée atteindre après une ou plusieurs autres existences. Il n’est pas question dans la tradition égyptienne d’un quelconque « enfer éternel ».
Eric TIMMERMANS.
Bruxelles, le 15 mars 2011.
Sources : Dictionnaire de Mythologie et de Symbolique égyptienne, Robert-Jacques Thibaud, Dervy, 1996 / Dictionnaire historique de l’Egypte, Pierre Norma, Maxi-Poche Histoire, 2003.