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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 15:07

 

1. Les Erinyes dans la tradition gréco-latine.

 

Les Erinyes sont au nombre de trois et portent les noms d’Alecto, Tisiphone et Mégère. Selon Eschyle, elles sont les filles de la Nuit (=Nyx) et du fleuve Achéron (=Celui qui roule des douleurs), mais on les dit aussi filles de la Nuit et de Cronos. Selon Hésiode, elles seraient nées de la Terre (=Gaïa) fécondée par le sang d’Ouranos que Cronos avait mutilé. Les Erinyes sont les ministres de la vengeance des dieux, les déesses grecques de la Vengeance. Elles sillonnent la Terre pour tourmenter les mortels coupables. Lors d’une violation du droit d’asile ou de l’hospitalité, d’un meurtre de parents (tel Oreste, poursuivi par les Erinyes pour le meurtre de sa mère) ou d’un parjure, elles surgissent des Enfers et poursuivent sans relâche le coupable afin de le pousser à la folie. Elles envoient parfois des malédictions et des punitions collectives, notamment sous forme d’épidémie.Leurs actions terrifiantes s’étendent bien évidemment aussi au monde souterrain. Elles torturent les malfaiteurs qui ne s’étaient pas purifiés de leurs crimes. Elles les insultent et les fouettent. On dit aussi qu’elles interdisent aux devins de prédire trop précisément l’avenir, car les hommes doivent rester dans l’incertitude et ne pas s’identifier aux dieux. On les nomme aussi parfois Euménides, c’est-à-dire, les « Bienveillantes ». Il est dit qu’on les appela ainsi, en raison de la crainte que l’on nourrissait à leur égard, mais d’autres sources précisent que sous cet aspect, les Erinyes pouvaient se montrer bien intentionnées à l’égard d’un meurtrier qui s’était purifié de son crime. Ainsi, vers le 5e siècle avant l’ère chrétienne, apparaissaient-elles comme les gardiennes de la Morale, et c’est à cette époque qu’elles auraient commencé à être vénérées sous le nom d’Euménides (en Attique, à Argos, Sicyone et en Arcadie). Il est dit aussi que Horcos, le dieu des Serments, naquit en présence des Erinyes, ce qui fait du jour de sa naissance un jour néfaste.

 

2. Les Erinyes dans l’Enfer de Dante.

 

Dante évoque les trois Erinyes (qu’il assimile aux Furies romaines) dans son Enfer (chant 9) : « Là, je vis tout à coup paraître trois Furies infernales teintes de sang, lesquelles avaient des membres et des gestes de femmes. Elles étaient ceintes d’hydres verdâtres ; pour cheveux elles avaient de petits serpents et des cérastes qui s’entortillaient autour de leurs tempes hideuses. Et lui, qui reconnut bien les suivantes de la reine de l’éternelle douleur : « Regarde, me dit-il, les féroces Erinyes. Celle-ci, à gauche, c’est Mégère ; celle qui pleure à droite, c’est Alecto ; Tisiphone est au milieu. » A ces mots il se tut. De leurs ongles elles se déchiraient la poitrine ; elles se battaient avec les mains, et criaient si haut, que, par défiance de leur rage, je me serrai contre le poète. « Que Méduse vienne, et nous la changerons en pierre, criaient-elles toutes en regardant en bas ; nous nous sommes mal vengées de l’entrée audacieuse de Thésée. »

 

3. Visualisation.

 

Les Erinyes sont représentées sous la forme de déesses ailées, à la chevelure de serpent et aux yeux de braise. Elles sont munies de torches et de fouets. On les figure parfois sous l’aspect de chasseresses à tunique relevée et hautes chaussures de chasse.

 

4. Les Furies romaines.

 

Les Furies ou Dirae (=les Terribles), étaient le nom donné, à Rome, aux Erinyes grecques. Les Furies, que les Romains considéraient comme les filles de l’Achéron et de la Nuit, sont des démons souterrains, inspirés des divinités infernales étrusques. Bien qu’emprunté aux Erinyes helléniques, leur culte n’en occupait pas moins une place importante dans la religion romaine. De fait, les Furies sont chargées de punir les crimes des humains, tant dans les Enfers que sur Terre. Certaines sources assimilent également les Furies aux Harpyes grecques. A noter encore qu’une très ancienne divinité romaine portait le nom de Furrina. Il se pourrait qu’il s’agisse d’une nymphe d’une source du Tibre ou encore d’une divinité infernale et fertilisante, dont les Anciens eux-mêmes rapprochèrent le nom du mot « furie ».

 

 

Eric TIMMERMANS.©

Bruxelles, le 8 mars 2011.

 

 

Sources : Dictionnaire de la mythologie grecque et latine, Odile Gandon, Hachette, 2000 / Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / Encyclopédie de la mythologie, Editions du Séquoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1998 / La Divine comédie, Dante Alighieri, traduction de A. Brizeux, Charpentier Libraire-Editeur, Paris, 1853.

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